[Procès cocaïne] Le chef muet, les autres baladent le tribunal à Abidjan

[Procès cocaïne] Le chef muet, les autres baladent le tribunal à Abidjan

Dans sa chronique du jour, Fernand Dédeh revient sur les rebondissements du procès des trafiquants de cocaïne à Abidjan. Le chef du réseau reste muet tandis que d'autres accusés baladent le tribunal.

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 22-3-2024 (crocinfos.net)—À Barthelemy Zouzoua Inabo : La météo a dû émettre une alerte à 2 h 45 du matin pour annoncer les pluies à Abidjan et à l’intérieur du pays. Vendredi mouillé. Vigilance. Suite du procès des 19 trafiquants de la cocaïne au pôle pénal, économique et financier, le chef du réseau ne nie rien. Les autres prévenus baladent le tribunal.

La salle est exiguë. La cour est essentiellement constituée de dames. La présidente, ses assesseurs, le bureau du procureur. Deux hommes cassent l’harmonie. En face, les prévenus, portant des chasubles « détenus P.P.E.F ». Des chasubles de couleur rouge pour les uns, dont le chef du réseau et des chasubles de couleur verte pour les autres.

Longue séance. Elle a débuté ce jeudi 21 mars 2024  à 9 h et a pris fin à 16 h 30. Avec des pauses. La présidente du tribunal a annoncé, avant de quitter la salle, que les interrogatoires tirent à leur fin. Il ne reste plus qu’un prévenu à interroger le 28 mars 2024, puis commenceront les phases des réquisitions et des plaidoiries. Elle a demandé aux avocats de formuler leurs doléances avant la prochaine audience. Un avocat m’apercevant à la sortie se décharge quelque peu : « Grand-frère, mes hommages. La presse ne vient pas couvrir ce procès. »

Dans la petite salle, pourtant, des journalistes de la presse écrite nationale sont présents, des journalistes étrangers aussi.

‘’Le dernier prévenu appelé à la barre ce jeudi 21 mars 2024  est un pion intéressant. Son téléphone a été utilisé pour la mise en relation des parties. La présidente du tribunal voulait juste s’assurer du fait. Elle lui a demandé de répéter son numéro de mobile. Le jeudi 28 mars 2024, à partir de 11 h, il sera cuisiné.’’

Dans le fond, le tribunal tient le bon filon avec l’ancien policier espagnol, chef du réseau des trafiquants de cocaïne. Il est droit dans ses bottes. Quand la présidente du tribunal lui présente des images à identifier, il ne tergiverse pas. « Ce sont les colis de cocaïne que j’ai conditionnés. ». Il met, du coup, mal à l’aise de la déposition d’un autre prévenu du jour, à la barre. Le patron d’un établissement hôtelier d’Abidjan qui a servi de point de passage de la drogue. Il nie tout en bloc, se souvient juste avoir eu des contacts avec des intermédiaires dont l’un a logé dans son hôtel et qui lui a proposé de l’or à écouler et un autre qui lui a balancé sur son portable, les images aux mains de la Justice. Le problème, il dit à la cour que les images trouvées dans son téléphone sont celles de la boîte automatique d’une Mercedes expédiée par son correspondant. Les mêmes images sont certifiées par le chef du réseau comme les paquets conditionnés par ses soins. Le patron de l’établissement hôtelier s’emporte quelque peu : « Comment puis-je laisser des images compromettantes sur mon téléphone ? Vous savez que dans ce cas d’espèce, on ne laisse pas de traces. »

La présidente du tribunal ironise alors : « Donc, vous savez comment ça fonctionne ? »

L’avocat de la défense demande alors au chef du réseau s’il connaissait le prévenu. Réponse : « Non. »

Il ne traite pas les petites quantités. Autre question : « Est-il possible pour un trafiquant de laisser des images compromettantes sur son portable ? » Réponse : « Je ne saurais le dire. Les Ivoiriens utilisent le téléphone de façon irresponsable. Les trafiquants sont en train de prendre note de ce qui se passe ici pour s’améliorer. »

Le dernier prévenu appelé à la barre ce jeudi 21 mars 2024  est un pion intéressant. Son téléphone a été utilisé pour la mise en relation des parties. La présidente du tribunal voulait juste s’assurer du fait. Elle lui a demandé de répéter son numéro de mobile. Le jeudi 28 mars 2024, à partir de 11 h, il sera cuisiné.

Un mot de foot, les U23 ivoiriens croisent les Bleuets à 17 h 30 ce vendredi, à Châteauroux, en France.

Par Fernand Dédeh


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