[Tragédie sur la fin de l’autoroute Tiébissou-Bouaké-Bamoro] Déjà 3 Morts, des blessés graves et aucune sécurité

[Tragédie sur la fin de l’autoroute Tiébissou-Bouaké-Bamoro] Déjà 3 Morts, des blessés graves et aucune sécurité

Une tragédie frappe la fin de l'autoroute Tiébissou-Bouaké-Bamoro avec 3 décès et des blessés graves à cause de l'absence de sécurité. Ce qui soulève des questions sur la responsabilité, une enquête est nécessaire.

-La fin de l’autoroute enregistre ses premiers morts

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 27 septembre 2023 (crocinfos.net)—On a beau prévenir, rien n’a été fait pour minimiser les risques d’accidents à la fin de l’autoroute du nord. Dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 septembre 2023, cinq sorties de route de véhicules ont, malheureusement occasionné le décès de trois personnes à Bamoro, cette sous-préfecture où l’autoroute venant de Tiébissou contourne Bouaké pour venir rencontrer la Nationale A3 qui s’étend vers le nord du pays.

L’appel ignoré

Il y a de cela trois semaines, précisément le 06 septembre 2023, crocinfos.net tirait la sonnette d’alarme à travers un reportage à Bamoro, là où le long serpent qui quitte Abidjan, termine sa course. Du moins pour l’instant. “Tiébissou-Bouaké : la mort au bout de la nouvelle autoroute” était l’intitulé de l’article. Malgré l’attention des autorités en charge de la gestion des routes et autoroutes que nous avons attirée dans notre reportage, rien de significatif n’a été mis en œuvre pour éviter le pire.

Si la même nuit du jeudi 24 août 2023, date de l’ouverture officielle de l’axe Tiébissou-Bouaké-Bamoro, un camion-remorque a terminé sa course dans le ravin jouxtant la Nationale A3, imité les jours suivants par plusieurs véhicules, sans causer de décès, dans la nuit du 25 au 26 septembre, trois véhicules de type particulier en partance pour le nord du pays ont oublié que l’autoroute s’achevait là. Vers 21h30, nous apprenons par un témoin, habitant le village Yobouekro (Gbagbakro), ils ont successivement traversé la Nationale A3 qui quitte la ville de Bouaké pour Katiola avant de se retrouver dans le ravin attenant à cette dernière après plusieurs tonneaux.

Bilan tragique

Trois véhicules les quatre roues en l’air après les tonneaux.

Trois véhicules les quatre roues en l’air après les tonneaux. Ph. O.A.K.

Deux personnes ont perdu la vie sur le coup quand un blessé, conduit à l’hôpital à Bouaké, a succombé à ses blessures, selon les informations reçues ce mardi vers 12h, à notre passage sur les lieux. Sur place, des véhicules en épave étaient en train d’être remorqués. Un dignitaire religieux dont la nationalité n’a pas été révélée et qui a requis l’anonymat était sous le choc. Deux de ses véhicules en partance pour le nord ont fini leur course dans cette zone boueuse. Si lui et son fils ont survécu, ce n’est pas le cas de son frère cadet qui était dans un autre véhicule avec d’autres personnes. Ce dernier est décédé. Presqu’au même moment, un autre véhicule est venu rejoindre les premiers dans ce bourbier, le cimétière des véhicule de cette autoroute. Une dame a perdu la vie également. Au total, trois morts et des blessés graves ont été enregistrés cette nuit-là. Le lendemain, aux environs de 5h du matin, deux autres véhicules n’ont pas fait attention à la fin de l’autoroute et se sont retrouvés dans le même cloaque sans grand danger. Les occupants ont été transportés dans un hôpital de Bouaké. Parmi ces deux véhicules figure un Range Rover appartenant à un Directeur général d’une société privée. Le mastodonte, bien que blindé a été déformé tant la chute était violente. Il a été remorqué au moment où nous arrivions sur les lieux.

Des témoignages poignants

Dans ce marécage, lors de notre visite des lieux, jonchaient différents objets. Des parfums, des brosses à dents, des écouteurs… On pouvait également observer du sang sur les vitres de véhicules intentionnellement brisées pour certainement en extraire les corps.

À lire sur le même sujet👉 : https://crocinfos.net/reportage-tiebissou-bouake-la-mort-au-bout-de-la-nouvelle-autoroute/

Dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 septembre 2023, un agent des Forces de l’ordre rappelle qu’un véhicule de type BMW avait également fini sa course dans ce marais. Une dame avait eu le pied totalement broyé. Le conducteur lui, avait perdu connaissance. Resté dans le coma, il n’en est sorti que dimanche. Le véhicule n’a jusque-là pas été retiré. La préoccupation est plutôt ailleurs qu’à la volonté de retrait d’un véhicule en épaves, qui risque de ne plus servir à quoi que ce soit.

Appel aux autorités

Selon des sources, le Procureur de la République de Bouaké et les responsables locaux de la gendarmerie nationale étaient sur les lieux dans la nuit de lundi à mardi.

Un véhicule en train d’être remorqué

Un véhicule en train d’être remorqué. Notre photo

Lors de notre passage mardi, dans la mi-journée, un groupe de gendarmes a fait la ronde. Non loin de là, des agents de la compagnie nationale d’électricité essayaient d’allumer les réverbères qui ne fonctionnaient pas encore jusqu’à la nuit du drame. Un des responsables de la China Road and Bridge Corporation (CRBC) avait également présent du matériel dans un véhicule 4X4. Il s’agissait de bandes rugueuses ou de dos d’ânes en caoutchouc qu’ils envisageaient d’installer sur le bitume à la fin de l’autoroute pour obliger les usagers à ralentir à la fin de l’autoroute. Interrogé, ce dernier n’a pas voulu s’exprimer. Le médecin après la mort pourrait-on dire. Et les commentaires allaient bon train. « Il faut un grand panneau de signalisation à quelques mètres de la fin de l’autoroute », estime un utilisateur qui a décidé de marquer un stop pour constater la désolation. « Non, il faut des dos d’âne en béton au lieu de ceux conçus avec du caoutchouc – qu’ils ont mis en place et qui ne résistent pas aux poids lourds – pour les forcer à freiner avant la fin de l’autoroute même si l’on soutient que sur une autoroute on ne doit pas placer de dos d’âne. Mais comme c’est la fin de l’autoroute, on peut déroger à la règle et le faire », rétorque un autre quand d’aucuns affirment mordicus qu’avec la lumière « de loin, les usagers peuvent s’apercevoir de la fin de l’autoroute et progresser à un ralentissement ». Plus critique, un badaud n’hésite pas à s’interroger en ces termes : « pourquoi avoir ouvert cette autoroute alors que les conditions sécuritaires n’étaient pas réunies à ce lieu stratégique ? ». Autrement dit, y avait-il urgence à ouvrir cette section si les conditions de sécurité ne s’y préparaient pas ? Question pertinente.

Le dilemme d’Alassane Ouattara

Pas de lumière, pas de dos d’âne, pas de réels panneaux lumineux de signalisation. Tous ces détails, Alassane Ouattara n’en sait rien. Le Président de la République lui, met tout en œuvre pour satisfaire au mieux les Ivoiriens. Dieu seul sait combien il se sacrifie, malgré les difficultés financières pour y parvenir. Ceux qui sont censés prendre les bonnes mesures pour parachever ses œuvres, les sabotent presque. Malheureusement ! Si à la base, le chef de l’État a voulu permettre à ses compatriotes de se rallier dans un délai raisonnable le sud et le nord par le prolongement de l’autoroute, celle-ci cause contre sa volonté, la mort des usagers. Faisant endosser au Président de la République toutes les critiques virulentes de ses détracteurs. Pauvre Alassane Ouattara. Il a le dos grand.

Voici qui met en lumière la tragédie qui sévit à la fin de l’autoroute Tiébissou-Bouaké-Bamoro, avec des décès évitables. Les autorités sont appelées à agir pour garantir la sécurité des usagers de la route.

OUATTARA ABDOUL KARIM, correspondant dans le Gbêkê


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