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C R O C I N F O S

[Place Ficgayo de Yopougon] Espace de confinement symbolique de l’opposition ivoirienne

[Place Ficgayo de Yopougon] Espace de confinement symbolique de l’opposition ivoirienne

Un meetig de l'opposition à la Ficgayo

À cinq mois de la présidentielle, la place Ficgayo de Yopougon devient l’unique espace accordé à l’opposition, symbole d’un encadrement restrictif des libertés d’expression dans un paysage politique de plus en plus verrouillé.

Abidjan, le 3 mai 2025 (crocinfos.net) En Côte d’Ivoire, le jeu politique semble s’orienter vers un déséquilibre marqué, avec une restriction croissante de l’espace d’expression pour les forces politiques d’opposition. Cette dynamique semble particulièrement perceptible à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025.

Un constat s’impose : la place Ficgayo à Yopougon devient systématiquement l’unique point de ralliement concédé à l’opposition pour ses mobilisations. Cet usage récurrent alimente l’idée selon laquelle les autorités préfèrent limiter, voire contenir, les manifestations publiques des formations adverses dans des espaces réduits, afin d’éviter toute démonstration massive de force politique.

Pourtant, en toute lucidité, il est manifeste que le pouvoir en place – sous la houlette du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) – demeure réticent à accorder à l’opposition l’accès à des espaces plus vastes, de crainte de voir émerger des mobilisations populaires susceptibles de renverser le rapport de force. Cette prudence politique s’illustre notamment dans le refus implicite de l’Office National des Sports (ONS) de permettre l’usage de grands stades comme le stade Félix Houphouët-Boigny du Plateau ou le Champroux de Marcory pour les meetings de l’opposition.

Ainsi, le samedi 31 mai 2025, les rues de Yopougon ont été envahies par des dizaines de milliers de citoyens – militants, sympathisants et curieux – venus assister au meeting de la Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI). Le comité d’organisation évoque des chiffres oscillant entre 50 000 et 100 000 personnes, venues écouter les leaders de l’opposition réunie.

Face à cette mobilisation, il est légitime de s’interroger sur les raisons profondes du refus d’accès à des enceintes plus adaptées à l’ampleur des rassemblements de l’opposition. Ce traitement semble refléter une volonté de contrôle politique à quelques mois d’un scrutin crucial.

À ces entraves logistiques viennent s’ajouter les revendications fondamentales portées par l’opposition : l’organisation d’élections libres, inclusives et transparentes, le rejet d’un quatrième mandat pour le président sortant, la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), la révision de la liste électorale, la réintégration des électeurs radiés et l’ouverture d’un dialogue national constructif.

En somme, à ces revendications structurelles s’ajoute désormais un nouvel obstacle : l’insuffisance délibérée des espaces d’expression publique, qui confère à la place Ficgayo une symbolique ambivalente – entre autorisation formelle et stratégie de marginalisation.


Lainé Gonkanou, correspondant régional