Laurent Gbagbo, président du PPA-CI.jpg
Le PPA-CI, réuni à Abidjan, dénonce la détention de 112 prisonniers politiques, dont une femme, et réaffirme la candidature « non négociable » de Laurent Gbagbo à la présidentielle d’octobre 2025 face au projet de quatrième mandat.
Abidjan, 23 août 2025 (Crocinfos) – Réuni samedi 23 août à Abidjan en session ordinaire, le comité central du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) a dénoncé l’existence de 112 détenus politiques, dont une femme, tout en réaffirmant la candidature de Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, qu’il qualifie de « non négociable » dans un communiqué de presse rendu public ce jour.
Sous la présidence effective du ministre Hubert Oulaye, deuxième vice-président du parti et représentant du fondateur Laurent Gbagbo, la réunion s’est tenue au siège du PPA-CI, à Cocody Riviera Bonoumin. Pendant plus de deux heures, les membres du comité central ont passé en revue les activités récentes du parti, les perspectives électorales et le premier congrès ordinaire initialement prévu pour octobre.
Une candidature « non négociable »
Dans son intervention au nom de l’ancien chef d’État, M. Oulaye a salué la mobilisation des militants et remercié les équipes engagées dans la collecte des parrainages citoyens, condition légale à la validation d’une candidature. Selon le PPA-CI, « plus rien ne s’oppose désormais » au dépôt du dossier de Laurent Gbagbo auprès de la Commission électorale indépendante (CEI).
Le comité central a réaffirmé avec force que la participation de son président fondateur au scrutin présidentiel était « non négociable », en s’appuyant notamment sur une décision du Comité des droits de l’Homme des Nations unies garantissant son droit de se présenter, conformément à l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
112 détenus politiques dénoncés
Un point central de la déclaration finale a porté sur la question des prisonniers politiques. Le comité central a rappelé que le PPA-CI compte à ce jour « 112 détenus politiques, dont une femme », parmi lesquels figurent de simples militants mais aussi des cadres ayant exercé de hautes fonctions d’État.
Le parti a dénoncé des arrestations arbitraires, parfois menées « par des personnes encagoulées », des pratiques qualifiées de « dignes d’organisations terroristes ». Ces méthodes, selon le communiqué, provoquent de « graves traumatismes » et auraient même entraîné des pertes en vies humaines dans certaines familles.
« Ces pratiques d’un autre âge traduisent la fébrilité du régime en place », a déclaré la direction, tout en assurant que la détermination de ses militants à barrer la route à un quatrième mandat présidentiel resterait intacte.
Mobilisation et alliance avec le PDCI-RDA
Le PPA-CI a par ailleurs mis en avant la dynamique d’alliance avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), qui a conduit à la création d’un Front commun de l’opposition. Les récentes mobilisations, notamment la marche du 9 août et le meeting de Yopougon le 16 août, sont présentées comme la preuve d’un ralliement populaire massif au mot d’ordre « Trop c’est trop », mouvement citoyen lancé par Laurent Gbagbo.
Le comité central a encouragé la direction du parti à intensifier les actions de terrain afin de maintenir la pression politique et sociale, jusqu’à obtenir l’organisation d’élections qualifiées d’« inclusives et démocratiques ».
Mise en garde adressée à la France
Le communiqué final s’est également distingué par un avertissement adressé aux autorités françaises. Le PPA-CI les a exhortées à ne pas soutenir une éventuelle candidature du président sortant à un quatrième mandat, qualifié d’« anticonstitutionnel ». Des motions d’interpellation devront être déposées, selon le parti, par ses représentations diplomatiques auprès des ambassades françaises en Afrique, en Europe et en Amérique.
Report du congrès du parti
Enfin, concernant la vie interne du PPA-CI, le comité central a décidé de reporter son premier congrès ordinaire, initialement prévu pour octobre 2025, après les élections législatives. Une session extraordinaire sera convoquée ultérieurement afin de fixer une nouvelle date et d’en désigner le bureau.
Appel à la mobilisation
En conclusion, le comité central a lancé un appel pressant à ses militants, sympathisants et à l’ensemble des Ivoiriens « attachés à la démocratie et à la paix », les invitant à maintenir une mobilisation « déterminée et continue » en vue d’empêcher un quatrième mandat présidentiel, d’assurer la participation de Laurent Gbagbo au scrutin et de le porter à la victoire.
« Le combat pour une Côte d’Ivoire démocratique et souveraine est en marche », a insisté le communiqué, plaçant la libération des détenus politiques et la défense des droits civiques au cœur de ses priorités.
Charles Kpan