Adama Bictogo président de l’Assemblée nationale a clos le lundi 30 juin 2025, sa première session ordinaire de l’année 2025. Ph.Dr..jpg
À quatre mois de la présidentielle, Adama Bictogo appelle les députés à préserver la paix et la cohésion sociale, tandis que le PDCI-RDA boycotte la clôture de session, dénonçant un risque d’implosion nationale.
Abidjan, 30 juin 2025 (Crocinfos.net) – Dans un Hémicycle solennel mais partiellement vidé, l’Assemblée nationale a clos ce lundi sa première session ordinaire de l’année 2025, sur fond d’appel à l’apaisement et de vives tensions politiques à l’orée de la présidentielle.
La cérémonie a été présidée par Adama Bictogo, Président de l’Assemblée nationale, en présence du Premier ministre Robert Beugré Mambé, représentant le Chef de l’État Alassane Ouattara, et d’un invité d’honneur de marque, Isidore Mvouba, Président de l’Assemblée nationale du Congo. Le dignitaire congolais a salué « la vitalité démocratique et les progrès économiques » de la Côte d’Ivoire, avant d’appeler à « une coopération parlementaire fondée sur le dialogue et la confiance mutuelle ».
Dans son allocution, Adama Bictogo a remercié son homologue congolais pour sa présence et son amitié à l’endroit de la Côte d’Ivoire. Il a exprimé sa solidarité aux populations sinistrées par les inondations récentes et dressé le bilan des six premiers mois d’activités parlementaires, marqués par l’adoption de vingt-trois textes de loi, l’organisation du Débat d’Orientation Budgétaire 2026, ainsi que plusieurs sessions internationales, dont la 150ᵉ Assemblée de l’Union interparlementaire à Tachkent et la 19ᵉ Conférence de l’UPCI à Jakarta.
À quelques mois du scrutin présidentiel, M. Bictogo a lancé un appel pressant aux députés :
« Nous devons être partout en Côte d’Ivoire des acteurs d’un dialogue constant, d’une écoute active et apaisante, pour préserver la paix et la cohésion sociale. Comme vous le savez, notre pays a connu des périodes sombres de son histoire qui restent gravées dans la mémoire collective. Nous devons tourner le dos à ce passé. »
Pourtant, en marge de cette cérémonie, le groupe parlementaire PDCI-RDA a affiché son absence comme un geste fort de désapprobation. Dans une déclaration transmise à la presse, les députés du parti ont dénoncé
« le mépris et l’indifférence du pouvoir face aux appels répétés au dialogue politique et aux réformes électorales inclusives ».
Selon eux, à quatre mois de la présidentielle, aucune perspective de concertation ne se dessine, faisant peser « un risque d’implosion nationale et de déstabilisation sous-régionale ».
Le PDCI-RDA exige notamment :
Une réforme urgente et inclusive de la Commission électorale indépendante (CEI) ;
La révision de la liste électorale de 2025 conformément à l’article 6 du Code électoral ;
La réinscription des leaders politiques radiés, dont Cheick Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro ;
L’audit complet du fichier électoral ;
La mise en place d’un mécanisme indépendant d’observation électorale.
Les députés dénoncent également « un climat d’intimidation généralisée » marqué par des tentatives d’enlèvement et des arrestations pour opinions politiques, citant Innocent Yao, président de la J-PDCI rurale, le jeune communicateur Macron 1er et l’ancien ministre des Droits de l’Homme, Joël N’Guessan.
Enfin, le groupe parlementaire fustige la CEI qu’il accuse d’« outrepasser ses prérogatives » en imposant aux candidats une inscription préalable sur une liste électorale encore provisoire avant leur parrainage, « une décision relevant du Conseil constitutionnel ».
Dans un ultime appel, le PDCI-RDA enjoint la communauté nationale et internationale à accompagner la Côte d’Ivoire vers « une sortie de crise urgente dans le dialogue », invitant le Président de la République à prendre « les décisions nécessaires pour garantir une paix durable ».
Athanase Kangah