La société civile exprime sa colère
À Korhogo, les citoyens expriment leur mécontentement face à la dégradation rapide des infrastructures routières, dénonçant l'inaction des autorités et la mauvaise gestion des travaux publics, malgré les promesses de développement local.
Abidjan (Côte d’Ivoire), le 12 novembre 2025 (crocinfos)---À Korhogo, la société civile s’insurge contre l’inaction des autorités face à la dégradation alarmante des infrastructures routières, mettant en lumière l’échec manifeste dans la gestion des travaux publics. Parmi les voix qui se lèvent, Foungnigué Oumar Tuo et Soro Nayala Fousseni, observateurs engagés de la société civile, notamment ceux de Korhogo Flash Infos et Nouvelle du Poro, ont lancé un cri d’alarme face à l’état catastrophique des routes, en particulier celle reliant l’Université de Korhogo au Centre Hospitalier Régional (CHR). Ce constat a des répercussions directes sur la vie quotidienne des citoyens, dont la mobilité devient un véritable défi.
Les habitants de Korhogo appellent à une enquête sérieuse et indépendante sur la qualité des travaux réalisés. Ph.Dr
Le 23 août 2023, le site d’information fratmat.info annonçait fièrement la réalisation de cinq kilomètres de bitume pour quatre quartiers à Korhogo, sans toutefois préciser le coût ni l’entreprise responsable des travaux. Un mois plus tôt, le 22 août, Fidèle Sarassoro, ministre-directeur de cabinet du Président de la République, avait lancé le chantier de bitumage dans ces quartiers, en précisant que le quartier Koko bénéficierait de 2,5 kilomètres, 1,550 kilomètre serait réalisé entre le pont Cabri et Banaforo, 700 mètres à Sozoribougou et 500 mètres à Souleymane Sakrou. À ces cinq kilomètres de bitume, huit autres kilomètres étaient prévus dans les jours à venir, afin d’améliorer les conditions de circulation pour les populations. Fidèle Sarassoro soulignait alors que ces travaux étaient rendus possibles grâce à l’engagement du Président Alassane Ouattara, « soucieux du développement local », affirmant que les travaux en cours témoignaient de l’attention particulière du Chef de l’État aux besoins de la population.
Le ministre Gouverneur du District autonome des Savanes, le Général Issa Coulibaly, responsable du contrôle de l'exécution des grands travaux dans la région, demeure inexplicablement silencieux face à cette situation.
Cependant, cette situation a pris une tournure inquiétante lorsque certains activistes, dénonçant la mauvaise qualité des travaux, ces derniers jours, ont vu leurs pages Facebook bloquées pendant plusieurs jours et ont reçu des menaces téléphoniques. Ces intimidations constituent une atteinte grave à la liberté d’expression, tandis que les autorités demeurent silencieuses face à ces dérives. De plus, la population reste dans l’ignorance totale concernant les entreprises ayant réalisé ces travaux défectueux, un manque de transparence qui ne fait qu’alimenter le mécontentement populaire.
Manque de rigueur dans l’exécution des travaux
L’axe Stade – Village CAN est fermé à la circulation en raison de son mauvais état. Notre Photo
Le ministre Gouverneur du District autonome des Savanes, le Général Issa Coulibaly, responsable du contrôle de l'exécution des grands travaux dans la région, demeure inexplicablement silencieux face à cette situation. Néanmoins, l’Ageroute, agence en charge de la gestion des projets routiers, se doit de publier un communiqué détaillant les informations concernant les entreprises soumissionnaires et la qualité des travaux réalisés. Ce geste s’inscrirait dans la ligne des recommandations du Président de la République, qui a toujours prôné une gestion transparente et ouverte des projets publics.
Le constat est accablant : après seulement quelques mois d’exploitation, les routes récemment bitumées de Korhogo se détériorent rapidement. Les citoyens font état de fissures déjà visibles sur les chaussées, notamment sur les axes majeurs de la ville, comme celui reliant Korhogo à Kanawolo et l’axe Stade – Village CAN. Pire encore, ce dernier a dû être fermé à la circulation en raison de son mauvais état. Ce phénomène met en lumière la mauvaise qualité des matériaux employés et une exécution négligée des travaux. Les habitants se demandent légitimement si une nouvelle couche de goudron est prévue ou si le revêtement actuel est censé être définitif.
Ce manque de rigueur dans l’exécution des travaux n’est malheureusement pas un cas isolé. Il s’agit d’une tendance qui perdure depuis plusieurs années, créant ainsi une situation où la population se sent délaissée et abandonnée à son sort. En effet, il est souvent évoqué que les marchés publics sont attribués à des entreprises proches des pouvoirs en place, un phénomène qui alimente les soupçons d’un favoritisme politique dans l’attribution des contrats, nourrissant ainsi un profond ressentiment parmi les citoyens.
L’Ageroute, agence en charge de la gestion des projets routiers, se doit de publier un communiqué détaillant les informations concernant les entreprises soumissionnaires et la qualité des travaux réalisés.
Dans ce contexte, les habitants de Korhogo appellent à une enquête sérieuse et indépendante sur la qualité des travaux réalisés. La population exige des sanctions sévères à l’encontre des entreprises et des responsables impliqués dans la mauvaise exécution des travaux. Une telle situation aurait sans doute suscité une réaction rapide et ferme de la part des autorités et des médias dans d’autres pays. Malheureusement, en Côte d’Ivoire, la presse et les autorités semblent sourdes à cet appel légitime des citoyens.
Une vue de l'axe Stade – Village CAN . Notre Photo.
Ainsi, il est urgent que l’État prenne conscience de la gravité de la situation et fasse preuve de transparence en rendant des comptes sur ces projets publics. La population de Korhogo, comme celle de toute la Côte d'Ivoire, mérite des infrastructures de qualité, réalisées avec sérieux, rigueur et professionnalisme. L’heure est venue de mettre en place des mécanismes de contrôle plus stricts et de renforcer les capacités de supervision pour garantir que de tels manquements ne se reproduisent plus. La construction d’infrastructures durables et fiables est un enjeu majeur pour le développement économique et social du pays, et elle doit être abordée avec l’attention qu’elle mérite.
Enfin, cette situation appelle à une prise de conscience collective de l’importance d’une gestion transparente et efficace des travaux publics, afin de restaurer la confiance des citoyens envers leurs dirigeants et de garantir que les infrastructures de demain répondront réellement aux besoins de la population.
Sériba Koné