La présidente de la Cour suprême, Gertrude Araba Esaaba Sackey Torkornoo, limogée après des accusations de falsification et de détournements
Alors que le Ghana frappe fort contre la corruption, la Côte d’Ivoire reste engluée dans l’impunité, malgré des promesses présidentielles. Aucun responsable n’a été inquiété, tandis que les scandales financiers continuent de fragiliser l’État et la démocratie.
Abidjan, 2 septembre 2025 (crocinfos.net) — À quelques centaines de kilomètres d’Abidjan, le Ghana donne une leçon de gouvernance à l’Afrique de l’Ouest. À Accra, la corruption n’est pas un mot creux, mais une cible assumée du pouvoir exécutif. Le président John Dramani Mahama, élu en janvier 2025, a fait de la transparence et de l’intégrité publique le cœur de son mandat. Les décisions récentes en témoignent : la répression de l’exploitation minière illégale, la mise en place d’une cellule anticorruption avec obligation de signalement, et surtout, la destitution historique de la présidente de la Cour suprême, Gertrude Araba Esaaba Sackey Torkornoo, limogée après des accusations de falsification et de détournements.
Un tel acte, inédit dans l’histoire du Ghana, illustre une volonté politique ferme, quitte à ébranler les équilibres institutionnels. Là-bas, la justice se confronte à ses propres dérives, et le pouvoir tranche, quitte à susciter un débat.
En Côte d’Ivoire, le contraste est saisissant. Les discours présidentiels promettent des réformes, des indicateurs de performance sont régulièrement annoncés, mais la réalité demeure implacable : la corruption prospère, atteignant un seuil estimé à 1 400 milliards de FCFA. Les institutions, censées garantir la transparence, peinent à remplir leur mission, étouffées par des calculs politiques et des réseaux d’intérêts. Aucune figure publique n’a été interpellée pour corruption, comme si l’impunité s’était érigée en règle tacite.
‘’La lutte contre la corruption ne se résume pas à des promesses : elle exige un courage politique et une indépendance judiciaire sans compromis.’’
Le mal est d’autant plus profond qu’il s’infiltre dans les strates les plus sensibles de l’administration. Ministres, directeurs généraux et hauts fonctionnaires, souvent cités dans des scandales, demeurent intouchables. Les enquêtes, quand elles existent, se perdent dans les méandres d’une justice fragilisée, transformée parfois en instrument d’intimidation plutôt qu’en garant de l’équité.
À l’heure où le Ghana démontre qu’aucune fonction n’est au-dessus des lois, la Côte d’Ivoire s’enlise dans une gestion complaisante, laissant prospérer un système qui mine la confiance citoyenne et gangrène l’avenir collectif.
La lutte contre la corruption ne se résume pas à des promesses : elle exige un courage politique et une indépendance judiciaire sans compromis. Tant que les responsables ivoiriens se réfugieront derrière l’inaction, la démocratie demeurera fragile et le développement hypothéqué.
Sériba Koné