Ce lundi 9 juin à Villejuif, en banlieue parisienne, Henriette Lagou Adjoua a réuni militants, sympathisants et représentants de la société civile ivoirienne pour annoncer officiellement sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025 en Côte d’Ivoire. Organisée dans une salle comble prête à vibrer au tempo de l’engagement citoyen, cette rencontre marque une étape clé de sa tournée européenne destinée à rallier la diaspora autour de son projet de société.

Vêtue d’un tailleur confectionné dans le pagne traditionnel baoulé aux couleurs nationales, l’ancienne énarque et haute fonctionnaire, aujourd’hui retraitée de l’administration publique, est apparue rayonnante malgré un visage légèrement amaigri. Dès les premières minutes, elle a tenu à saluer « l’apport inestimable » de la diaspora ivoirienne dans la stabilité économique et sociale du pays, avant de rappeler que sa démarche se fonde « sur la conviction, non sur l’opportunisme ».

Au cœur de son discours, Henriette Lagou a détaillé un plan ambitieux pour éradiquer la pauvreté : la création d’un « Office ivoirien de la Diaspora » chargé d’élaborer des programmes ciblés en faveur des jeunes, des femmes et des expatriés, afin de faciliter leur participation au développement national. Elle a insisté sur la nécessité de « mécanismes financiers incitatifs » pour encourager l’investissement des Ivoiriens de l’étranger, dont les transferts constituent déjà un relais vital pour de nombreuses familles.

Parmi les autres axes de son programme, la candidate centriste a proposé la mise en chantier de lignes ferroviaires reliant l’Est, l’Ouest et la Côte, dans le but d’améliorer à la fois le transport de voyageurs et la logistique du fret. Elle a également lancé son grand projet immobilier « Un Citoyen, Un Toit », inspiré du modèle des HLM, dont l’objectif est de doter les grandes agglomérations intérieures de logements sociaux accessibles.

Consciente du fléau du chômage, Mme Lagou a promis l’instauration d’allocations pour tous les demandeurs d’emploi, financées par l’exploitation responsable des richesses minérales nationales, sans recours à un appui budgétaire extérieur. Lors de cette cérémonie, elle n’a pas hésité à évoquer son exclusion du PDCI-RDA, accusant son ancien parti d’avoir refusé de reconnaître sa « loyauté et ses compétences » acquises durant son mandat de ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant sous la présidence de Laurent Gbagbo.

Portée par une vision où la paix et la concorde constituent le socle du développement, elle a rappelé que son engagement prend racine dans « le respect des droits et des libertés fondamentales ». Rappelant sa désignation par le GP-Paix le 22 mars 2025 au Sofitel Ivoire d’Abidjan, elle a conclu en affirmant que son mouvement incarne « la voix de la modération et du bon sens ».

Sur le plan personnel, Henriette Lagou Adjoua n’est pas une novice de la course à la magistrature suprême. Ancienne ministre et cadre reconnue, elle s’était déjà présentée en 2015, recueillant près de 0,9 % des suffrages. Son engagement politique a débuté au PDCI, avant de rallier le Congrès national de la Résistance pour la Démocratie, mouvement proche de Laurent Gbagbo. Elle fut par ailleurs présidente du conseil d’administration d’Air Ivoire et marraine du collectif « Deux Millions de Filles pour Gbagbo ».

Dans le cadre de sa tournée européenne, Mme Lagou avait déjà mobilisé la diaspora ivoirienne en France dès le 19 mai dernier, soulignant l’importance d’un « électorat de l’extérieur » pour garantir la stabilité et la prospérité de la Côte d’Ivoire. Ce rendez-vous du 9 juin à Villejuif s’inscrit dans cette dynamique : convaincre chaque Ivoirien, où qu’il soit, de contribuer au « renouveau national ».

À moins de cinq mois du scrutin présidentiel, la candidature d’Henriette Lagou se distingue par son caractère pionnier : elle pourrait devenir la première femme à accéder à la présidence de la Côte d’Ivoire. Plus qu’une simple ambition personnelle, son projet se veut un appel à l’unité nationale, où la diaspora et le territoire se retrouveraient dans un élan commun de paix, de développement et de modernisation. »

K.M. KOUASSI