Abidjan, le 3 juin 2025 (crocinfos.net)— Le Mouvement des Forces d’Avenir (MFA) a officiellement levé le voile sur la double ambition de son président, Yaya Fofana. Lors d’un point-presse tenu ce jour à Abidjan, il a déclaré sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025, ainsi qu’à la présidence du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), dénonçant avec vigueur la marginalisation persistante de sa formation politique au sein de la coalition au pouvoir.

Le secrétaire général du MFA, Meless Deroche.

Sortant d’un long silence, le MFA a choisi de s’exprimer publiquement sur ce qu’il qualifie d’ostracisme politique, subie de l’intérieur même de l’alliance dont il est membre. Plusieurs voix autorisées du parti se sont succédé à la tribune avant l’intervention de M. Fofana, pour exposer les griefs accumulés contre la direction actuelle du RHDP.

Haïdara Tia du Collectif des Enseignants du MFA (CEMFA).

Parmi les intervenants figuraient notamment Placide Amani, président du comité d’organisation, Vincent Kobenan, président de la jeunesse du MFA, Konan Aya Euphraise épouse Koutouan, représentante de la présidente nationale des femmes du parti pour la commune de Yopougon, Éric Nahounou, secrétaire national chargé de la diaspora, Haïdara Tia, président du collectif des enseignants, et Meless Esmel Armel Deroche, secrétaire général. À l’unanimité, ils ont dénoncé ce qu’ils perçoivent comme un traitement inéquitable et méprisant à l’égard du MFA.

Sans détour, Haïdara Tia a fustigé l’attitude du RHDP : « En tant qu’enseignants, nous savons qu’on ne construit pas une nation avec l’exclusion, l’ingratitude et l’arrogance. (…) C’est pourquoi, aujourd’hui, nous affirmons sans ambages : le Collectif des Enseignants du MFA (CEMFA) soutient la candidature du président Yaya Fofana à la présidence du RHDP. Non pas par esprit de revanche, mais parce que cette présidence doit être ouverte, méritée et débattue démocratiquement. »

Déclarations aux allures de rupture.

La table de séance.

Même ton résolument ferme du côté d’Éric Nahounou, secrétaire national chargé de la diaspora : « Depuis plusieurs mois, nous observons avec amertume la mise à l’écart délibérée de notre parti, le MFA, et de son président M. Yaya Fofana, dans les structures et processus décisionnels du RHDP. Cette marginalisation n’est pas un simple affront personnel ; elle constitue une négation de la diversité politique qui doit pourtant animer toute coalition responsable. Le temps du silence est révolu. Le MFA n’est pas un figurant dans l’histoire de ce pays, mais un acteur porteur de rupture constructive et de vision d’avenir. »

Konan Aya Euphraise épouse Koutouan.

Le secrétaire général du MFA, Meless Deroche, a pour sa part dénoncé un traitement empreint de condescendance, estimant que le MFA est considéré « comme un simple instrument électoral, et non comme un partenaire stratégique ». Et d’ajouter : « Ce traitement est inacceptable. Il trahit l’esprit de rassemblement qui a présidé à la création du RHDP. Il menace l’équilibre de notre démocratie interne et appelle à une réponse ferme, digne et responsable. »

C’est à 12h03 précises que Yaya Fofana a pris la parole devant une salle acquise à sa cause. Dans une ambiance survoltée, il a officialisé sa double candidature, sous les applaudissements nourris de ses partisans.

Lucide face aux défis qui l’attendent, M. Fofana s’est voulu déterminé : « Nous n’avons ni les moyens de l’État, ni les réseaux des grandes familles politiques, mais nous avons la conviction, la vérité, et surtout la jeunesse ivoirienne avec nous.»

Enfin, tout en adoptant un ton ferme, il a tendu la main aux dirigeants du RHDP :

« Si vous croyez encore en l’idéal d’un RHDP pluraliste, équitable et respectueux de ses composantes, alors écoutez nos voix. Sinon, vous devrez entendre nos votes. »

Par cette déclaration aux allures de rupture, le président du MFA ouvre une nouvelle page dans la vie politique ivoirienne, en réaffirmant son engagement pour un RHDP rénové et démocratique, à moins que la voie de l’autonomie ne s’impose comme une évidence.

Sériba Koné