Image datant de 2012 de miliciens d'Ansar Dine, un groupe djihadiste appliquant la Charia, dans le désert près de Tombouctou au Mali. À titre d'illustration.
Un camp militaire malien a été violemment pris pour cible ce lundi à Tombouctou. Des tirs nourris et une explosion ont semé la panique. Les autorités évoquent une attaque "terroriste".
Abidjan, Côte d’Ivoire, le 2 juin 2025 (crocinfos.net)---Une attaque armée d’ampleur est en cours à Tombouctou, au nord du Mali, selon des sources sécuritaires et administratives contactées par l’AFP. Lundi 2 juin au matin, un groupe non identifié, mais qualifié de « terroriste » par les autorités maliennes, a lancé une offensive contre un camp militaire situé en plein centre-ville.
« Nous avons affaire à des terroristes qui attaquent Tombouctou. Nous ripostons. Le camp situé au centre-ville a été attaqué », a confié une source militaire sous couvert d’anonymat.
Véhicule piégé et échanges de tirs. Selon un élu local, les assaillants ont fait exploser un véhicule chargé d’explosifs à proximité immédiate de l’enceinte militaire, déclenchant des affrontements violents toujours en cours à la mi-journée.
« Les terroristes sont arrivés aujourd’hui avec un véhicule bourré d’explosifs. Le véhicule a explosé vers le camp. Les tirs se poursuivent actuellement », a rapporté cet élu, confirmant les craintes de nouvelles pertes humaines.
Dans la ville, la panique est généralisée. Les habitants ont été invités à se confiner. Le personnel des Nations unies a reçu pour consigne de « se mettre à l’abri » et de « rester loin des fenêtres », selon un message de sécurité interne.
Un habitant interrogé témoigne :
« On a entendu des tirs nourris. Ça vient clairement du camp militaire. Il y a eu aussi des tirs vers l’aéroport. Depuis, tout le monde est rentré chez soi. La ville est sous le feu », raconte-t-il, la voix tremblante.
Une ville hantée par les souvenirs de 2012. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, Tombouctou reste marquée par l’occupation djihadiste de 2012, qui avait bouleversé le monde entier par la destruction d’anciens mausolées et d’archives historiques. Malgré les efforts de reconstruction, les blessures restent vives. Et cette attaque réveille douloureusement ce passé sombre.
« Ce matin, notre ville a été attaquée par des groupes terroristes. C’est comme si l’histoire se répétait », confie un journaliste local, joint par téléphone.
Une escalade inquiétante au Sahel. Cette attaque survient au lendemain d’un autre assaut sanglant à Boulkessi, dans le centre du pays, où plus de 30 soldats maliens auraient été tués par des insurgés affiliés au JNIM (Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin), groupe lié à Al-Qaïda, selon deux sources sécuritaires. L’armée malienne a reconnu s’être repliée, rendant hommage aux soldats « tombés pour défendre la nation ».
Depuis le début du mois de mai, plus de 400 soldats ont été tués au Mali, au Burkina Faso et au Niger, dans une série d’attaques coordonnées contre des bases militaires et des localités. Le groupe JNIM a revendiqué la plupart de ces opérations.
Le 24 mai, il revendiquait l’attaque d’une base à Dioura (centre du Mali), avec un bilan revendiqué de 40 militaires tués. Le 26 mai, 100 soldats nigériens étaient tués dans la région de Dosso.
Une réponse politique et sécuritaire en difficulté. Face à la dégradation sécuritaire, les juntes militaires en place à Bamako, Niamey et Ouagadougou – arrivées au pouvoir entre 2020 et 2023 – peinent à rétablir l’ordre. Ces régimes ont rompu leurs partenariats militaires avec les puissances occidentales, optant pour un rapprochement stratégique avec la Russie, sans toutefois réussir à enrayer la spirale de la violence.
Dans un contexte d’isolement diplomatique et de défiance populaire, l’attaque de Tombouctou pourrait bien marquer un nouveau tournant. Elle rappelle la fragilité de l’État malien dans ses zones les plus symboliques, et la nécessité d’une réponse coordonnée face à un ennemi de plus en plus audacieux.
Athanase Kangah avec TV5