À titre d'illustration
L’injustice politique en Côte d'Ivoire, dénoncée par la société civile et l’opposition, a atteint son apogée après la présidentielle de 2025, suscitant violences et mécontentement parmi les militants du RHDP, exclus des législatives.
Abidjan, (Côte d’Ivoire) le 09 novembre 2025 (crocinfos)---En Côte d'Ivoire, l'injustice est désormais l'élément le plus omniprésent de la scène politique, dénoncée par tous : partis politiques, société civile, journalistes. Un cri unanime mais malheureusement vain. À l'approche de la présidentielle du 25 octobre 2025, l’opposition a multiplié les appels au dialogue, réclamant des réformes pour une élection juste et équitable. Mais rien n’y fit. La victoire écrasante du candidat du parti au pouvoir, Alassane Ouattara, avec un score de 89,77 % au premier tour, a confirmé ce que beaucoup redoutaient : une élection marquée par une profonde injustice, dont l'ampleur est difficile à ignorer.
Cette injustice dénoncée a, comme on pouvait s'y attendre, enflammé le pays. Le climat politique, déjà tendu, s’est transformé en un véritable foyer de mécontentement, se traduisant par des scènes de violence dans plusieurs régions, notamment à Nahio où des pertes humaines ont été rapportées. Si les critiques venaient surtout de l’opposition, elles ont fini par être corroborées par les militants mêmes du parti au pouvoir, ceux-là même qui se sont retrouvés exclus du processus électoral des législatives de décembre 2025.
L'un des cas les plus marquants reste celui du directeur général du Guichet unique, Touré Souleymane, qui, dans une vidéo virale, a exprimé sa douleur et son amertume. Souleymane, dont la candidature n’a été retenue pour la cinquième fois consécutive (2016, 2018, 2021, 2023, et 2025), se fait le porte-parole des militants du RHDP, un parti pour lequel ils ont sacrifié tant d’années et d’efforts. Ses mots sont un écho de la frustration générale : "Je suis affligé, blessé", dit-il. Comme lui, des dizaines d'autres militants se sentent sacrifiés sur l'autel de l'injustice politique, leur parcours dévoué au parti réduit à néant en quelques secondes.
Les revendications de justice et d'équité se multiplient, mais dans l’indifférence générale. Une question persiste : jusqu’où cette injustice pourra-t-elle aller sans provoquer un bouleversement majeur ?
Mais derrière cette exclusion se cache un autre scandale : la caution de candidature non remboursable de 500 000 FCFA, une somme considérable pour de nombreux militants. "C'est une vaste escroquerie", confie un candidat déchu, complètement abattu. Les candidats signent ceci : ‘’je m’engage sur l’honneur à n’être pas candidat indépendant.’’ L’exigence d'une telle somme pour postuler à une place sur la liste des candidats est perçue par certains comme une manipulation, une exploitation de la bonne foi des militants. Ceux qui croyaient en leur engagement sont aujourd'hui réduits au silence, se retrouvant abandonnés par le système qu'ils ont pourtant soutenu.
Le RHDP face à un dilemme
Le rejet de candidatures au profit de personnes éloignées des réalités locales, comme celui de Kologo Harouna, opérateur économique et responsable Afrique du RHDP, renforce l’impression d’un système où les mérites sont oubliés au profit des décisions politiciennes. Kologo, qui avait tout donné pour la victoire de Ouattara en 2025, en menant la campagne sur fonds propres et en mettant en avant des actions sociales soutenues pendant près de dix ans, se voit écarté au profit d’un ministre qui ne connaît pas les préoccupations des populations locales.
Cette situation crée un terreau fertile pour l'indiscipline, et certains militants n'hésitent pas à déclarer : "Le devoir peut parfois transcender la signature de bonne foi". Le départ de militants et responsables du RHDP pourrait faire éclater une guerre interne dont les conséquences sont difficiles à évaluer. À Sipilou, un député malade (loin de l’hémicycle depuis quelques années) dont la candidature a été maintenue suscite l’indignation. Pourquoi maintenir un candidat en maladie alors qu’on exclut ceux qui ont œuvré sur le terrain ?
Au sein du RHDP, aucune déclaration officielle n’est venue apaiser les tensions. Les leaders du parti semblent s’accommoder de ce climat de mécontentement, et l’injustice devient de plus en plus une norme acceptée. Le président Ouattara est désormais face à un dilemme : accepter la désobéissance et la montée des candidatures indépendantes ou maintenir son silence, risquant ainsi de perdre le contrôle de son propre mouvement.
En somme, l'injustice semble bien installée en Côte d'Ivoire, et le pays s'engage sur un chemin semé d'embûches. Les revendications de justice et d'équité se multiplient, mais dans l’indifférence générale. Une question persiste : jusqu’où cette injustice pourra-t-elle aller sans provoquer un bouleversement majeur ?
Le Montagnard