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[Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire] Alassane Ouattara oserait-il surprendre tout le monde ?

[Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire] Alassane Ouattara oserait-il surprendre tout le monde ?

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Alassane Ouattara oserait-il surprendre tout le monde à huit mois de la présidentielle 2025, en Côte d’Ivoire ? Peu d’analyse politique ont la réponse sur sa candidature.

Abidjan, 10 février 2025 (crocinfos.net)---À huit mois de la présidentielle d’octobre 2025 en Côte d’Ivoire, l’actualité est focalisée sur le candidat du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et la révision de la liste électorale (RLE) de 2025.

L'annonce d'Alassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire, comme candidat désigné du RHDP n’est pas encore officielle. Le sujet alimente les conversations tant dans les salons feutrés que partout ailleurs. L’opposition et certains observateurs de la scène politique ivoirienne évoquent la violation de la Constitution de 2016, quand son parti, lui, parle d’un premier mandat de la IIe République.

Dans un tel contexte, Alassane Ouattara sera-t-il candidat à sa propre succession ? La question mérite d’être posée. Tant sa volonté exprimée de ne pas se représenter à l'élection présidentielle de 2020, résonne encore dans les mémoires les plus fraîches comme un écho des aspirations d'une nation en quête de renouveau. En effet, l’histoire récente nous rappelle que face au Congrès à Yamoussoukro, le jeudi 5 mars 2020, le président disait ceci : « J’ai donné le meilleur de moi-même parce que nos compatriotes m’ont fait confiance en 2010 et aussi en 2015, en me confiant les destinées de notre beau pays. En conséquence, je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération. »

Il justifiait cette décision comme conforme à ce qu’il a toujours dit. Sans toutefois nommer de personnalité, il a affirmé qu'il était nécessaire de laisser la place à une jeune génération en qui nous devons avoir confiance : des jeunes Ivoiriens honnêtes, compétents et expérimentés, qui ont appris à nos côtés, comme nous l’avons fait aux côtés du Père de la Nation, le Président Félix Houphouët-Boigny. À cette époque, il aspirait à ce que la Côte d'Ivoire connaisse, pour la première fois, une transition démocratique exemplaire, où le pouvoir est transmis d'un président élu à un autre, sans heurts ni violences : « Je veux aussi assurer les conditions d’une passation du pouvoir d’un Président démocratiquement élu à un autre, pour la première fois dans l’histoire de notre pays. Bien évidemment, je resterai disponible pour apporter ma contribution, par mes conseils et mes relations. »

De ce fait, il n’a pas porté de gant pour justifier sa déclaration : « ‘’Le président Houphouët disait : Vous verrez après moi, les Ivoiriens vont trouver quelqu’un qui fera mieux que moi.” Moi, je dis la même chose. Je suis sûr que vous porterez votre choix sur quelqu’un qui fera mieux qu'Alassane Ouattara. Et je serai là pour accompagner cette personne. »

Ce n’est que sept mois avant la présidentielle, lors du Congrès du RHDP, qu’il confirmait sa déclaration en nommant le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly (AGC), 61 ans, comme candidat du RHDP, en mars 2020. « Si j'avais 60 ans, j'aurais fait quatre mandats. Ceci m'aurait porté à 80 ans. J'ai 79 ans à la fin de l'année, et je suis en pleine forme. Mais j'estime qu’au-delà d’un certain âge, et je pense 75-80, c’est quand même la limite. À 80 ans, on n’a pas la même énergie qu’à 70 ans. On n’a pas la même énergie qu’à 60 ans. On n’a pas la même énergie qu’à 50 ans. On n’a pas la même énergie à 40 ans. Alors, voulez-vous qu’on reste aux affaires ? Et pourquoi voulez-vous qu’on cherche à être président au-delà d’un certain âge ? Ce n’est pas raisonnable. En tout cas, si les uns et les autres savent ce que c’est que la charge du président de la République à partir d’un certain âge, eux-mêmes ne chercheraient plus à être là. Ayez pitié de moi ! Laissez-moi partir pour consacrer du temps à moi-même, à ma famille, à mes petits-enfants. Je suis sûr que vous me comprenez. » C’est en ces termes qu'Alassane Ouattara désignait officiellement son successeur pour la présidentielle de 2020.

Malheureusement, à trois mois du scrutin, Amadou Gon Coulibaly, ancien Premier ministre de la Côte d'Ivoire, décède le 8 juillet 2020 à Abidjan en raison de problèmes cardiaques. Son décès fut un choc pour le pays, surtout pour le président Alassane Ouattara, qui n’avait d’autre choix que de se porter lui-même candidat.

L’histoire va-t-elle se répéter en 2025 ? Il y a des signes qui ne trompent pas. « Quand Alassane Ouattara promet, Alassane réalise ses promesses disent ses partisans. Cette fois-ci, envisage-t-il tenir sa promesse de sortir du Palais par la grande porte en laissant ses réalisations parler d’elles-mêmes à sa place ?

‘’Le président Houphouët disait : Vous verrez après moi, les Ivoiriens vont trouver quelqu’un qui fera mieux que moi.”

Mieux à ce jour, il a une demi-douzaine de candidats sous la main. « Je suis sûr que vous porterez votre choix sur quelqu’un qui fera mieux qu'Alassane Ouattara. Et je serai là pour accompagner cette personne », avait-il soutenu. Sur qui se portera ce choix au moment où Alassane Ouattara doit partir selon sa volonté ? Une chose est sûre, il a pris le soin de reconduire tous ceux qui, à des postes stratégiques, doivent faire valoir leur droit à la retraite.

Emmanuel Macron n’a jamais dissimulé sa position sur la question des troisièmes mandats en Afrique. Lors du sommet de Montpellier, face à la jeunesse africaine, il avait défendu la candidature de Ouattara en ces termes : “Il n’a pas pu tenir ses engagements au regard de la situation qui prévalait, mais la France a été très claire dans la demande de transition, de préparer une nouvelle génération.”

Alassane Ouattara n’a pas encore pris de décision concernant sa candidature à l’élection présidentielle prévue en octobre 2025.

Il est en bonne santé et désireux de continuer à servir son pays.

Mais face à la volonté de Laurent Gbagbo de se présenter, il sera difficile d’imaginer que les deux hommes ne soient pas sur la même longueur d’onde. Ce, concernant l’échéance de 2025 si le président ivoirien tient à un autre mandat que de servir son pays autrement.

La RLE 2025 au cœur de la polémique

Le diable est dans l’article 6 de l’ordonnance n° 2020-356 du 8 avril 2020, qui stipule que la liste électorale doit être actualisée chaque année : ’La liste électorale est tenue à jour annuellement par la Commission chargée des élections, pour tenir compte des mutations intervenues dans le corps électoral.’’

Cependant la révision de la liste électorale (RLE de 2024) n'est pas encore arrivée à l'affichage de la liste provisoire avant qu'on aborde les contentieux et ensuite de parler de parrainage. Objectivement, quand tout le processus 2024 sera terminé et acté, et que la CEI commencera la RLE 2025 sera-t-il possible que le processus respecte le calendrier ? Le processus de 2025, pourrait-il arriver à termes avant la présidentielle en octobre 2025? Tout est possible pour des sacrifices à une élection inclusive dans la paix.

Dans tous les cas, Alassane Ouattara pourrait surprendre l’opinion en étant candidat ou non.

Sériba Koné