Le Procureur Koné Braman Oumar. À titre d'illustration.
Autrefois, la sagesse africaine punissait le rapporteur plutôt que l’auteur supposé de l’insulte. Aujourd’hui, la société semble avoir inversé les rôles, érigeant la délation et l’indignation sélective en vertus publiques. Par Pascal Kouassi.
-Punir le rapporteur : les vieux des villages avaient raison
Avant, quand un enfant venait rapporter un propos injurieux à l'un de ses parents, on le chicotait. Quand un enfant venait dire : « Papa, le vieux Kouakou a dit: " Ta grosse tête on dirait Kouadjo Bah Tidan, ton nez on dirait pour deux personnes" », le père frappait cet enfant car la sagesse africaine estimait que c'était, au contraire, lui qui avait insulté son père.
Si la méthode était toujours en vigueur, on ne chercherait pas à travers des vidéos des gens sans doute éméchés qui criaient pour se défouler "Petit Mossi, rentre chez toi". Il fallait voir le procureur presque effondré après avoir entendu ce propos. Il fallait voir Landry Kuyo s'égosiller sur le plateau de NCI pour démontrer par A+B que ce propos était une insulte au Président de la République.
Des gens plus royalistes que le roi, la plupart des ouvriers de la onzième heure qui cherchent à avoir un denier comme les fondateurs de la Case.
Le Président de la République de Côte d'Ivoire est-il un petit mossi ? Ceux qui sont sûrs qu'il est un petit Mossi ne savent-ils pas où se trouve la justice pour demander de le déchoir de la nationalité ivoirienne ? Cette attribution mille fois entendue accompagnée de "ne s'être jamais prévalu d'une autre nationalité" et de la conjonction de coordination "et" émeut-elle quelqu'un encore dans ce pays ?
Le procureur devait interpeller ces délateurs qui ont vu ou entendu des propos irrévérencieux à l'encontre du chef de l'État. Hélas, lui-même est en première ligne en train de chercher une aiguille dans une botte de foin. Des gens plus royalistes que le roi, la plupart des ouvriers de la onzième heure qui cherchent à avoir un denier comme les fondateurs de la Case.
Par Pascal Kouassi