Tiébissou, le 29 novembre 2025 (crocinfos.net) – La quatrième édition du Tchewi Festival a été officiellement lancée ce vendredi 28 novembre 2025 au jardin public de Tiébissou, sous le thème : “Transmission intergénérationnelle des us et coutumes des peuples Aïtou et Nanafouè”. Cet événement phare a réuni autorités administratives, chefs traditionnels, invités de marque, délégations venues de différentes localités ainsi qu’une population enthousiaste, tous rassemblés pour célébrer et préserver leur riche identité culturelle.

Le comité d’organisation : un plaidoyer pour la sauvegarde du patrimoine Aïtou – Nanafouè

L’arrivée de l’autorité préfectorale sur le site du festival

En ouvrant la série des interventions, Koffi Konan Sylvestre, président du comité d’organisation, a rappelé l’essence même du festival : préserver et transmettre un héritage façonné par l’histoire, les arts, les alliances, les pratiques sociales et les expressions langagières.

Il a alerté sur les effets de la modernité et de la transformation numérique qui tendent, selon lui, à éloigner les jeunes générations de leurs repères culturels. Le Tchewi Festival se positionne alors comme un espace de reconnection aux racines.

Il a également remercié les autorités coutumières et administratives, les associations de femmes, les partenaires techniques et financiers, ainsi que l’ensemble des bénévoles ayant œuvré à la réussite de l’événement.

Une vue des autorités, en tête de laquelle se tient la Secrétaire générale Mel Marcelle, représentante du Préfet du département de Tiébissou

L’hommage du représentant du parrain : transmettre pour préserver l’unité

Au nom du parrain de l’édition 2025, l’opérateur économique Olivier Kouadio, son représentant Kouassi Innocent a livré un message empreint de fraternité et d’honneur envers la tradition.

Une forte représentation de la chefferie traditionnelle

Devant l’assemblée, il a rappelé que le festival incarne chaque année « un moment de communion intergénérationnelle », saluant les valeurs de paix, d’hospitalité, de respect des anciens, de famille et de travail bien fait, qui structurent la société Aïtou et Nanafouè.

Il a encouragé les aînés, « dépositaires de l’histoire et garants de la sagesse collective », à poursuivre la transmission aux plus jeunes, car « les valeurs ne se transmettent pas toutes seules ». Il a réaffirmé l’engagement du parrain à accompagner les initiatives de préservation culturelle.

Le commissaire général Marcel Kouassi : “La culture n’est pas un musée, mais une rivière en mouvement”

Le commissaire général Marcel Kouassi lors de son intervention

Prenant la parole, le commissaire général Marcel Kouassi a exprimé son honneur de conduire un événement devenu incontournable dans la région. Il a réaffirmé que la transmission intergénérationnelle constitue « le pont qui relie passé et avenir ».

Aux aînés, il a rendu hommage pour leur rôle central dans la conservation des savoirs. Aux jeunes, il a lancé un appel fort :

« La culture vit par vous. Recevez-la, apprenez-la, réinventez-la. »

Le commissaire général a également salué l’engagement des partenaires, notamment la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE), présente avec un stand multifonctionnel dédié à l’information, aux abonnements, au programme “Électricité Pour Tous” et à la promotion d’équipements à faible consommation.

La voix du Préfet : soutien ferme mais mise en garde contre les dérives coutumières

Mme Mel Marcelle, Secrétaire générale de la préfecture, a prononcé un discours particulièrement attendu

Empêché, le Préfet du département de Tiébissou a été représenté par Mme Mel Marcelle, Secrétaire générale de préfecture, qui a prononcé un discours particulièrement attendu.

Le Préfet a salué l’initiative culturelle, rappelant qu’elle constitue un puissant vecteur de cohésion sociale et de valorisation du patrimoine matériel et immatériel Aïtou – Nanafouè. Il a encouragé les populations à préserver les pratiques positives, dont la langue maternelle, la solidarité, le sport traditionnel, l’art culinaire et les savoir-faire artisanaux.

Cependant, son message s’est durci sur certaines dérives observées dans le pays. Il a fermement condamné les pratiques appelées « l’organique », consistant à accuser des personnes de supposés actes mystiques, les exposant à la violence ou à la vindicte populaire.

Des prestations de danses traditionnelles étaient également au programme

Le Préfet a rappelé que ces comportements constituent :

● une violation grave des droits humains,

● une infraction au Code pénal,

● une atteinte à la cohésion et à la paix sociale.

Il a assuré que ces pratiques feront systématiquement l’objet de sanctions administratives et judiciaires.

Une mobilisation remarquable de toutes les générations autour de la transmission culturelle

Sur un autre point, il a exhorté les communautés à régler les conflits de chefferies, soulignant que la légitimité coutumière repose sur le respect des règles ancestrales. L’administration, a-t-il insisté, n’entérinera aucune désignation irrégulière.

Enfin, à l’approche des élections présidentielles et législatives du 27 décembre 2025, il a appelé les populations au calme, à la retenue et au respect strict des règles républicaines.

Visite des stands et conférence culturelle : la journée se clôture en immersion

Visite des stands par les autorités présentes

Après la déclaration officielle d’ouverture par la représentante du Préfet, la délégation a procédé à la visite guidée des stands du festival. L’occasion de découvrir la richesse du savoir-faire local : artisanat, créations contemporaines, production agricole et innovations de jeunes entrepreneurs.

La mi-journée s’est conclue par une conférence culturelle animée par Nanan N’Goran N’Dri Raphaël, chef du village de Kondrobo, portant sur les formes traditionnelles de salutations en langue baoulé. Une intervention pédagogique très appréciée qui a rappelé l’importance des codes sociaux dans la préservation des identités locales

À travers discours, échanges, hommages et messages de responsabilité, la cérémonie d’ouverture du Tchewi Festival 2025 a montré la volonté collective de conjuguer tradition et modernité, transmission et vigilance, héritage et cohésion.

FM K.