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[Côte d’Ivoire – Cavally] La ministre d’État Anne Ouloto, impuissante face à l’isolement dramatique de Taï

[Côte d’Ivoire – Cavally] La ministre d’État Anne Ouloto, impuissante face à l’isolement dramatique de Taï

Le véhicule de type 4X4 embourbé d'un cadre de Tai.jpg

Malgré son rang au gouvernement, la ministre d’État Anne Ouloto ne parvient pas à sortir Taï de l’isolement. Deux ans après la promesse présidentielle de bitumage, rien n’a bougé.

Taï, le 7 juillet 2025 (crocinfos.net) – Fille de la région du Cavally et ministre d’État au gouvernement ivoirien, Anne Désirée Ouloto peine à inverser le cours du calvaire que vivent ses parents à Taï, aujourd’hui totalement coupée du reste du pays. En dépit de son statut de haut cadre du RHDP et de sa proximité supposée avec le pouvoir central, la ville natale de la ministre d’État reste prisonnière d’un enclavement devenu insoutenable.

Deux ans après l’annonce présidentielle, toujours rien. Le 12 août 2023, le président de la République Alassane Ouattara promettait le démarrage imminent du bitumage de l’axe Guiglo-Taï, suscitant un immense espoir parmi les populations. Mais deux ans plus tard, aucune machine n’a été déployée, laissant place à un profond désarroi. « Qui bloque réellement les travaux ? », s’interrogent les habitants qui voient leurs activités économiques paralysées, leurs productions agricoles pourrir et leurs malades mourir en chemin faute de routes praticables.

Taï, ville sinistrée. Avec ses 85 kilomètres de tronçons dégradés entre Guiglo et Taï, le département vit un véritable cauchemar. Les pluies diluviennes ont transformé la route en un parcours du combattant, obligeant transporteurs et voyageurs à emprunter les forêts et plantations d’hévéa pour contourner ponts effondrés et ornières béantes. Selon des témoignages concordants, il faut au minimum huit heures pour relier Guiglo à Taï en 4x4, et parfois quatre jours entiers (dans les véhicules de transport routier). Les plus malchanceux, victimes de pannes ou d’embourbements prolongés, restent bloqués plusieurs semaines avant d’être secourus.

Points critiques et blocus permanents.

Même quand il ne pleut pas, joindre Tai est un calvaire.

Le tronçon entre Daobly et Taï, notamment au niveau du village de Sacré situé à 25 km de la ville, est devenu un véritable blocus. Camions citernes, ambulances, bus et même corbillards y restent immobilisés, incapables de poursuivre leur trajet. Cet isolement chronique frappe durement l’économie locale, pourtant moteur agricole régional, et plonge les populations dans un sentiment d’abandon.

La ministre d’État, otage des lenteurs administratives ? Si le Cavally a connu un bond en matière d’électrification (de 0% en 2011 à 100% aujourd’hui, couvrant 22 villages), la situation routière reste un échec patent qui interpelle la responsabilité collective. Car malgré son rang au gouvernement, Anne Ouloto n’a visiblement pas les leviers nécessaires pour concrétiser cette promesse présidentielle, au grand désespoir des siens qui l’interpellent, ainsi que le ministre des Infrastructures Amedé Kouakou et le ministre-gouverneur du District autonome des Montagnes, pour sortir Taï de la clandestinité.

Les populations s’interrogent : « Ce blocage relève-t-il d’une stratégie politique pour nous maintenir sous tutelle ou d’une simple négligence administrative ? » Elles attendent un geste fort du président Alassane Ouattara, réputé homme de parole, pour mettre fin à ce drame humain et économique.


Lainé Gonkanou, Correspondant régional