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C R O C I N F O S

[Présidentielle 2025/Roger Youan (ADCI)] « La marche républicaine ne tue pas, c’est l’interdiction qui crée le désordre »

[Présidentielle 2025/Roger Youan (ADCI)] « La marche républicaine ne tue pas, c’est l’interdiction qui crée le désordre »

Roger Youan, Secrétaire exécutif de ADCI, lors de la déclaration sur la situation socio-politique en Côte d’Ivoire, le 21 octobre 2025 à Abidjan.

ADCI dénonce les dérives du processus électoral, refuse de soutenir un candidat et appelle à un véritable Dialogue national pour la paix en Côte d’Ivoire.

-ADCI refuse de soutenir un candidat et appelle à un Dialogue national

Abidjan, 21 octobre 2025 (crocinfos.net) – À quelques jours de l’élection présidentielle du 25 octobre, le Mouvement politique Aujourd’hui et Demain, la Côte d’Ivoire (ADCI) a rendu publique, par la voix de son Secrétaire exécutif, Roger Youan, une importante déclaration relative à la situation socio-politique nationale. Ce texte, empreint d’inquiétude et d’un profond attachement à la paix, dresse un tableau préoccupant du climat politique, tout en réaffirmant les valeurs de responsabilité, de dignité et de dialogue que défend le mouvement fondé en 2024.


Un constat sévère sur la dérive du jeu politique

Selon ADCI, la Côte d’Ivoire s’apprête à vivre une nouvelle échéance électorale dans un contexte marqué par la répétition des mêmes travers : exclusion, manipulations, violences et instrumentalisation des institutions. « Depuis 1990, notre pays s’est enfermé dans un cycle d’humiliations sociales et de crises politiques dont les conséquences sont connues : des pertes en vies humaines, des divisions communautaires et une perte de confiance des citoyens envers leurs dirigeants », déplore la déclaration.

Le mouvement fustige la confiscation du pouvoir d’État par des intérêts particuliers et l’usage abusif des moyens publics à des fins partisanes. Au lieu de promouvoir une alternance pacifique et une démocratie inclusive, les acteurs politiques, selon ADCI, s’illustrent dans la répétition des erreurs du passé.


L’engagement d’ADCI pour une conscience citoyenne

Créé en juin 2024, Aujourd’hui et Demain, la Côte d’Ivoire se veut un creuset de réflexion citoyenne destiné à éveiller les consciences et à encourager les Ivoiriens à s’interroger sur la marche de leur pays. Roger Youan souligne que le mouvement n’a pas vocation à participer à la lutte pour le pouvoir, mais à contribuer à l’instauration d’une société de confiance fondée sur la justice et la responsabilité.

Dans cette logique, ADCI avait engagé des discussions avec plusieurs acteurs politiques, en appelant à un consensus autour d’un candidat unique de l’opposition dès le premier tour. « Ce sacrifice, indispensable à la victoire et à la stabilité, n’a malheureusement pas été consenti », regrette la déclaration, qui voit là une occasion manquée d’unir les forces démocratiques.


Dérives institutionnelles et atteintes aux libertés

Le mouvement s’alarme par ailleurs d’un verrouillage quasi total du processus électoral par le régime en place. Il dénonce « le musèlement des voix discordantes », la répression violente des manifestations, et l’assimilation des mouvements citoyens à des menaces pour la sécurité nationale.

ADCI condamne l’instrumentalisation de la Chambre des rois et chefs traditionnels, la soumission du pouvoir judiciaire et l’usage de la force publique comme moyen d’intimidation. « Les 44 000 hommes déployés ne rassurent pas le peuple, ils l’inquiètent. Le citoyen ne doit pas être considéré comme un ennemi intérieur », souligne le texte.

La décision d’interdire toute manifestation politique en dehors des activités liées à la campagne présidentielle est qualifiée de « violation grave » de la Constitution et des libertés fondamentales.


Des condoléances et un appel à la justice

Roger Youan fustige la confiscation du pouvoir d’État par des intérêts particuliers…

Le mouvement a exprimé ses condoléances aux familles des victimes des récentes violences : Ernest Allouan, abattu à Bonoua, Marc Kprohi, décédé à Daloa après son interpellation, et le sous-lieutenant de gendarmerie Lassina Daniogo, tué à Grand-Yapo. ADCI appelle à « faire toute la lumière, sans émotion ni calcul politique, sur les circonstances de ces drames », et souhaite que justice soit rendue dans le respect du droit.

Le mouvement manifeste également sa compassion envers les blessés et sa solidarité à l’égard des personnes injustement détenues, contraintes à l’exil ou vivant dans la peur. « Nul n’a le droit d’ôter la vie en toutes circonstances. Les marches et manifestations pacifiques sont des droits constitutionnels que l’État doit encadrer, non réprimer », insiste Roger Youan.


Une position de neutralité responsable

Après consultation de sa base militante, ADCI annonce qu’il n’apportera son soutien à aucun candidat à la présidentielle. Une décision qu’il justifie par son refus de cautionner un scrutin « verrouillé » et dépourvu de garantie démocratique. Le mouvement remercie toutefois les candidats qui ont sollicité son appui et les invite à se souvenir de l’appel au sacrifice pour la Nation : « L’Histoire retiendra ceux qui auront choisi la patrie avant leurs ambitions personnelles. »


Appel à un véritable dialogue national

Fidèle à sa vocation de veille citoyenne, ADCI appelle à dépasser le cadre restreint des dialogues politiques traditionnels, souvent perçus comme des arrangements entre élites. Le mouvement prône l’ouverture d’un Dialogue national inclusif, réunissant les forces vives de la Nation : société civile, organisations communautaires, acteurs économiques, syndicats et jeunes.

« Il vaut mieux se parler face à face autour d’une table que de s’affronter dans la rue », avertit Roger Youan, exhortant le pouvoir en place et l’opposition à la sagesse et à la responsabilité.


Une déclaration pour la dignité nationale

En conclusion, ADCI réaffirme son engagement à défendre la paix, la dignité humaine et l’unité nationale. Le mouvement appelle chaque citoyen à refuser la violence et à préserver la cohésion sociale, gage d’un avenir commun. « Aujourd’hui et demain, la Côte d’Ivoire doit appartenir à tous ses enfants, dans le respect des libertés et la justice. Nous refusons de nous taire face aux dérives actuelles. Notre combat, c’est celui de la conscience, du civisme et de la dignité », conclut la déclaration signée du Secrétaire exécutif Roger Youan.


Athanase Kangah