Alassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire. Archives
Le gouvernement ivoirien renforce la transparence avec un comité national de suivi des conventions anticorruption et une réorganisation de l’Agence de gestion des avoirs criminels, plaçant le ministère de la Justice au cœur de la gouvernance économique.
Abidjan, 17 septembre 2025 (crocinfos.net) – Réuni mercredi sous la présidence du chef de l’État Alassane Ouattara, le Conseil des ministres a entériné une série de mesures marquantes, plaçant le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme au cœur de la stratégie nationale de transparence et de lutte contre la corruption.
Au centre des décisions figure la création d’un Comité de suivi de l’application des conventions de prévention et de lutte contre la corruption, un organisme qui remplace le comité de coordination mis en place en 2018 dans le cadre du mécanisme d’examen de la Convention des Nations Unies contre la corruption.
Ce nouvel organe élargit son champ d’action à l’ensemble des accords et protocoles internationaux ratifiés par la Côte d’Ivoire, renforçant ainsi la cohérence et l’efficacité de la réponse gouvernementale face aux pratiques frauduleuses. Selon le communiqué final, le comité aura pour mission d’assurer un suivi rigoureux, d’évaluer la mise en œuvre des engagements internationaux et de proposer des recommandations pour prévenir les dérives.
Un nouveau cadre pour la transparence financière et la lutte anticorruption
Le ministère de la Justice a également obtenu l’adoption d’un décret révisant l’organisation de l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs criminels (AGRAC). Créée pour administrer et restituer les biens saisis dans le cadre de procédures judiciaires, l’agence voit son organigramme adapté à la forte croissance de ses activités financières et comptables. Cette révision vise à « renforcer la transparence et prévenir au mieux les risques liés à la gestion des flux financiers », a précisé le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly.
Ces deux textes traduisent la volonté des autorités ivoiriennes de consolider les mécanismes de contrôle interne et d’aligner le pays sur les standards internationaux. Ils s’inscrivent dans un contexte de vigilance accrue face aux flux illicites et aux crimes financiers transnationaux, alors que la Côte d’Ivoire cherche à maintenir la confiance des investisseurs et des partenaires au développement.
Au-delà du ministère de la Justice, le Conseil a adopté plusieurs projets de loi et de décrets dans d’autres secteurs.
Un projet de loi présenté par le ministère du Commerce et de l’Industrie définit une politique nationale en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermédiaire (ETI), avec un dispositif harmonisé de financement et un fonds de soutien pour renforcer la souveraineté économique.
Dans le domaine minier, six permis de recherche aurifère ont été accordés à diverses sociétés, tandis qu’un décret modifie le permis d’exploitation de la société Perseus Yaouré à Bouaflé, prolongeant sa durée de validité à 17 ans et intégrant une exploitation souterraine après la découverte de nouvelles ressources estimées à 15,5 tonnes d’or.
Le gouvernement a aussi approuvé la ratification de l’accord de coopération en matière de défense avec le Portugal, signé en 2019, ainsi que la convention n°122 de l’Organisation internationale du travail sur la politique de l’emploi, soulignant son engagement à la fois sur le plan sécuritaire et social.
Sur le plan domestique, des réformes touchant à l’urbanisme et à la santé publique ont été validées : adoption d’un code de déontologie pour les architectes et réglementation inédite du transport sanitaire terrestre, aérien et maritime, afin d’accompagner la modernisation du système de soins.
Le Conseil a en outre examiné la situation budgétaire au premier semestre 2025, marquée par une mobilisation des ressources atteignant 8 243,5 milliards de francs CFA, soit un taux de réalisation de 100,1 %, et des dépenses maîtrisées à 97,2 % des prévisions. Ces chiffres traduisent, selon le gouvernement, « une gestion prudente et efficace » compatible avec les engagements pris auprès du Fonds monétaire international.
Enfin, le gouvernement a salué le retour triomphal des sélections nationales U16 de basketball : les garçons ont été sacrés champions d’Afrique et les filles vice-championnes lors du FIBA AfroBasket au Rwanda. Les deux équipes sont qualifiées pour la Coupe du monde de la catégorie.
La prochaine réunion du Conseil des ministres est prévue le 1er octobre à Abidjan.
Avec la mise en place du Comité de suivi anticorruption et la réorganisation de l’AGRAC, le ministère de la Justice s’affirme comme un pilier central dans la lutte contre les malversations, un signal fort envoyé tant aux partenaires internationaux qu’à l’opinion publique nationale.
Le Montagnard