À l’occasion de la célébration de sa première année d’existence, le mouvement politique ivoirien ADCI (Aujourd’hui et Demain, la Côte d’Ivoire) a tenu un discours solennel chargé d’ambitions et de promesses, le 14 juin 2025. Ce texte inaugural, riche en marqueurs discursifs et en appels à l’action, constitue un moment charnière dans le paysage politique national. Au-delà de la simple commémoration, il s’agit pour le mouvement de s’affirmer comme une alternative crédible face à une classe politique décriée, usée par des décennies de corruption, de tribalisme et d’immobilisme.

Un souffle nouveau politique : l’affirmation d’une alternative crédible

Le discours se déploie d’abord comme une œuvre d’auto-légitimation. ADCI se présente comme le « souffle nouveau » dont la Côte d’Ivoire a besoin, un mouvement porteur d’une vision profondément ancrée dans les valeurs de justice, d’intégrité et de bonne gouvernance. Cette construction s’appuie sur une opposition binaire forte opposant « le nouveau » à « l’ancien », c’est-à-dire ADCI à une classe politique traditionnelle accusée de : corruption, clientélisme, patrimonialisation de l’État.

Le choix symbolique de Yamoussoukro comme siège social du mouvement illustre d’une volonté de rupture et de renaissance politique. La ville- capitale politique de la Côte d'Ivoire depuis mars 1983, et le village natal du président Félix Houphouët-Boigny- à vocation unificatrice, est mise en avant comme un espace d’espoir, de décentralisation et de renouveau. ADCI se revendique ainsi héritier des grands rêves politiques de plusieurs présidents passés, projetant une image d’un rassemblement national autour d’un idéal moral et économique.

Critique du statu quo et programme politique ambitieux

Dans une tonalité à la fois critique et mobilisatrice, le discours prononcé par Assalé Tiémoko, Président de ADCI, condamne implicitement mais clairement les pratiques politiciennes qui ont plongé le pays dans des crises. Cette dénonciation ne reste pas cantonnée à la simple critique : elle s’accompagne d’un appel à une réforme institutionnelle radicale, notamment par la suppression d’institutions jugées inutiles ou politisées. ADCI s’engage fermement contre la corruption et pour la transparence en mettant en avant un programme articulé autour du Patriotisme économique, de la Justice sociale et du Panafricanisme responsable.

Le mouvement ne se limite pas à la simple contestation : il adresse un message d’espoir en proposant une vision pragmatique de la modernisation économique, éducative et sociale. Parmi les axes majeurs, la promotion de la science et de l’intelligence artificielle, la lutte contre la mafia foncière, la réforme des concours et emplois publics et la reconnaissance de la diaspora apparaissent comme des leviers de transformation.

Mobilisation citoyenne et appel au changement

Le discours fait également une place centrale à la mobilisation citoyenne. ADCI insiste sur la nécessité d’éviter les divisions ethniques et politiques qui ont fragilisé le pays. Par un usage habile de l’interpellation directe (« Chers compatriotes »), il engage tous les Ivoiriens, et particulièrement la jeunesse, à s’impliquer activement dans la vie publique et à rejeter le boycott électoral, perçu comme une erreur stratégique qui affaiblit la démocratie.

Le registre pathétique n’est jamais loin, entre appel à la souffrance collective liée aux crises passées et promesse d’un avenir plus juste et plus digne. L’alternance entre raison et émotion confère au discours une force mobilisatrice indéniable.

A travers ce discours inaugural, ADCI se présente comme le porte-flambeau d’un changement profond qui réconcilie justice sociale, développement durable et unité nationale. Le mouvement réussit à poser les jalons d’une nouvelle offre politique, enracinée dans une volonté sincère de réformes.

À l’heure où la Côte d’Ivoire cherche à sortir d’une longue période d’instabilité, l’ADCI apparaît comme un acteur à suivre, capable d’insuffler ce souffle neuf tant attendu.

Taki Bouanzi, Citoyen Ivoirien