favicon
C R O C I N F O S

[Média] Georges W. Aboké dénonce le retard de la Côte d’Ivoire dans la libéralisation audiovisuelle et réclame justice pour les ex-agents de la RTI

[Média] Georges W. Aboké dénonce le retard de la Côte d’Ivoire dans la libéralisation audiovisuelle et réclame justice pour les ex-agents de la RTI

Georges Wenceslas Aboké

L’ex-DG de la RTI, Georges W. Aboké, critique le manque d’avancées en libéralisation audiovisuelle en Côte d’Ivoire et interpelle le Chef de l’État sur les droits impayés des 325 agents licenciés en 2012.

𝗙𝗶𝗴𝘂𝗿𝗲 𝗲𝗺𝗯𝗹𝗲́𝗺𝗮𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝘁𝗲́𝗹𝗲́𝘃𝗶𝘀𝗶𝗼𝗻 𝗶𝘃𝗼𝗶𝗿𝗶𝗲𝗻𝗻𝗲 𝗱𝗲𝗽𝘂𝗶𝘀 𝗹𝗲 𝗺𝗶𝗹𝗶𝗲𝘂 𝗱𝗲𝘀 𝗮𝗻𝗻𝗲́𝗲𝘀 𝟴𝟬, 𝗚𝗲𝗼𝗿𝗴𝗲𝘀 𝗪. 𝗔𝗯𝗼𝗸𝗲́ 𝘀’𝗲𝘀𝘁 𝗶𝗹𝗹𝘂𝘀𝘁𝗿𝗲́ 𝗽𝗮𝗿 𝘀𝗮 𝘁𝗲́𝗻𝗮𝗰𝗶𝘁𝗲́, 𝘀𝗮 𝗿𝗶𝗴𝘂𝗲𝘂𝗿 𝗲𝘁 𝘀𝗼𝗻 𝗲𝗻𝗴𝗮𝗴𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹’𝗮𝗻𝗶𝗺𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗲𝘁 𝗹𝗲 𝗱𝗲́𝘃𝗲𝗹𝗼𝗽𝗽𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗺𝗲́𝗱𝗶𝗮𝘀 𝗲𝗻 𝗖𝗼̂𝘁𝗲 𝗱’𝗜𝘃𝗼𝗶𝗿𝗲. 𝗔𝘂𝗷𝗼𝘂𝗿𝗱’𝗵𝘂𝗶 𝗰𝗼𝗻𝘀𝘂𝗹𝘁𝗮𝗻𝘁, 𝗳𝗼𝗿𝗺𝗮𝘁𝗲𝘂𝗿 𝗲𝘁 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗲𝗶𝗹𝗹𝗲𝗿 𝗲𝗻 𝗰𝗼𝗺𝗺𝘂𝗻𝗶𝗰𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻, 𝗶𝗹 𝗿𝗲𝘃𝗶𝗲𝗻𝘁 𝘀𝘂𝗿 𝗰𝗲𝗿𝘁𝗮𝗶𝗻𝘀 𝗮𝘀𝗽𝗲𝗰𝘁𝘀 𝗱𝗲 𝘀𝗼𝗻 𝗽𝗮𝗿𝗰𝗼𝘂𝗿𝘀 𝗲𝘁 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗶𝗻𝘀𝘂𝗳𝗳𝗶𝘀𝗮𝗻𝗰𝗲𝘀 𝗱𝘂 𝘀𝗲𝗰𝘁𝗲𝘂𝗿 𝗱𝗲 𝗹’𝗮𝘂𝗱𝗶𝗼𝘃𝗶𝘀𝘂𝗲𝗹, 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝗲𝗻 𝗮𝗱𝗿𝗲𝘀𝘀𝗮𝗻𝘁 𝘂𝗻 𝗮𝗽𝗽𝗲𝗹 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗰𝘂𝗹𝗶𝗲𝗿 𝗲𝘁 𝗳𝗼𝗿𝘁 𝗮𝘂𝘅 𝗮𝘂𝘁𝗼𝗿𝗶𝘁𝗲́𝘀.

𝐔𝐧 𝐯𝐢𝐬𝐚𝐠𝐞 𝐟𝐚𝐦𝐢𝐥𝐢𝐞𝐫 𝐝𝐞𝐬 𝐞́𝐜𝐫𝐚𝐧𝐬, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐮𝐧 𝐚𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐟𝐨𝐧𝐝

Toujours entre deux sessions de formation ou de conseil, Georges W. Aboké garde la même passion pour le métier. « Je vais bien, et je reste ce que j’ai toujours été : journaliste, présentateur et producteur. J’interviens aussi aujourd’hui comme conseiller et consultant en communication », explique-t-il d’emblée.

Loin des projecteurs, sa trajectoire l’a mené dans plusieurs pays d’Afrique, où il a contribué à bâtir ou réorganiser des médias. Après un passage à la Présidence de la République ivoirienne en tant que Conseiller Spécial pour les Réformes du Secteur de la Communication (2004-2011), il se retrouve en 2012 licencié sans avoir été réintégré à la RTI. « Ce licenciement pour raison économique, sans règlement complet de mes droits à ce jour, a marqué un tournant. »

𝐃𝐮 𝐬𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐝’𝐀𝐛𝐢𝐝𝐣𝐚𝐧 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐝𝐲𝐧𝐚𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐩𝐚𝐧𝐚𝐟𝐫𝐢𝐜𝐚𝐢𝐧𝐞

En 2014, c’est au Gabon que Georges Aboké relance sa carrière en tant que Chargé de Communication dans un cabinet international d’études économiques, engagé dans le PSGE, le Plan Stratégique Gabon Émergent. Puis, à partir de 2017, il rejoint la chaîne panafricaine Label Radio & Télévision à l’invitation de Mactar Silla, grande figure de l’audiovisuel africain. Il en devient le Directeur Général, à Libreville puis à Dakar, jusqu’en 2022.

Depuis son retour à Abidjan, il met son expertise au service de diverses structures en Afrique : « Je forme, j’accompagne, je restructure des organes de presse, des chaînes de radio et de télévision, des programmes audiovisuels, des services de communication en entreprise… Je suis ainsi moins sur les plateaux, et plus en back office, mais toujours dans les coulisses. Cela dit, l’idée de produire et présenter une émission de débat politique me titille encore. »

𝐔𝐧 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥 𝐦𝐮𝐥𝐭𝐢𝐝𝐢𝐦𝐞𝐧𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥

Georges Aboké en profite pour préciser qu’il a présenté des éditoriaux, des journaux, des magazines culturels, politiques, économiques, de société, des émissions de variétés musicales… « Je suis aussi passé par la presse écrite », ajoute-t-il.

𝐀𝐮𝐝𝐢𝐨𝐯𝐢𝐬𝐮𝐞𝐥 𝐢𝐯𝐨𝐢𝐫𝐢𝐞𝐧 : 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐯𝐚𝐧𝐜𝐞́𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐬𝐚𝐭𝐢𝐬𝐟𝐚𝐢𝐬𝐚𝐧𝐭𝐞𝐬

Aboké a activement participé à l’élaboration des lois sur la libéralisation de l’audiovisuel en 2004. Vingt ans plus tard, le constat est mitigé : « La Côte d’Ivoire a avancé mais pas suffisamment. Le nombre de chaînes reste limité, les contenus peu diversifiés, et les régions et la spécialisation quasi oubliées. Notre pays constitue pourtant un réservoir fantastique et quasi inépuisable de données et d'événements politiques, économiques, culturels, sportifs... Sans oublier que les chaînes appartiennent toutes à un même groupe d’influence politique, ce qui ne contribue pas à consolider notre démocratie. La Côte d’Ivoire n’a donc pas encore quitté sa position de grand retardataire vis-à-vis de la libéralisation de l’audiovisuel. »

Il pointe également du doigt la domination de chaînes étrangères sur le marché publicitaire : « Il n’est pas normal que des chaînes françaises, avec des moyens massifs, viennent concurrencer nos chaînes locales. Et puis, pourquoi laisser croire qu’il faut un abonnement pour regarder les chaînes locales ? Une simple antenne de la TNT suffit ! »

𝐃𝐞𝐬𝐬𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐫𝐞̀𝐭𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐮𝐫𝐠𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬

Pour lui, la priorité est claire : « Professionnaliser le fonctionnement des chaînes. S’engager à fond dans l’élaboration des contenus. L’éducation, la santé, l’emploi, la recherche, les préoccupations des jeunes et des femmes, l’innovation scientifique et technologique…, doivent être mieux traités. Le divertissement, oui, mais pas au prix de la médiocrité. »

Sur la question des contenus des chaînes de radio et de télévision, Georges Aboké assène : « Il est inadmissible qu’une chaîne généraliste diffuse en guise de programmes, de larges tranches de clips vidéo ou de concerts, surtout que ces clips et concerts sont déjà disponibles sur les plateformes des réseaux sociaux ! »

Concernant la concurrence, il appelle à des mécanismes de protection : « Tous les pays défendent leurs productions locales. Pourquoi pas nous ? Nous sommes déjà envahis par les signaux internationaux et les bouquets. Faut pas en rajouter en autorisant que de puissants groupes étrangers aient une assise locale. »

Il dénonce aussi le manque de communication autour des offres gratuites : « Le public ignore qu’avec moins de 20 000 francs CFA, une antenne de la TNT permet de capter les chaînes nationales gratuitement, même par temps de forte pluie. »

𝐔𝐧 𝐦𝐞𝐬𝐬𝐚𝐠𝐞 𝐟𝐨𝐫𝐭 𝐚𝐮𝐱 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐭𝐞́𝐬

Enfin, Georges Aboké conclut l’entretien par un appel poignant au Président de la République : « Depuis 2012, les droits liés à mon licenciement n’ont jamais été totalement réglés. Et je ne suis pas seul dans ce cas. Sur les 325 agents de la RTI licenciés en 2012, 45 sont déjà décédés… En 2015, j’ai remis un dossier complet à la ministre de la Communication, sur demande du Président de la République. C’était lors d’une cérémonie de présentation de vœux entre le Président de la République et les acteurs du secteur des médias. Mais tout est resté lettre morte. Aujourd’hui, je demande que justice soit faite et j’en appelle à la magnanimité du Chef de l’Etat. »

𝐄𝐭 𝐝𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧 ?

Georges Aboké ne manque pas de projets : ouvrir un centre de formation, lancer une radio/télévision… « Ou peut-être les deux », dit-il avec un sourire. Une chose est sûre : sa voix n’a pas fini de porter.


𝑬𝒏𝒕𝒓𝒆𝒕𝒊𝒆𝒏 𝒓𝒆́𝒂𝒍𝒊𝒔𝒆́ 𝒑𝒂𝒓 𝑵𝒂𝒅𝒆́ 𝑾𝒂𝒔𝒔𝒂