Umaro Sissoco Embaló, l'ex-président de la Guinée-Bissau
Umaro Sissoco Embaló, le président déchu de Guinée-Bissau, quitte précipitamment le Sénégal pour le Congo-Brazzaville, après des tensions politiques croissantes. La CEDEAO se retrouve une fois de plus prise au piège de la situation.
Abidjan (Côte d’Ivoire), le 30 novembre 2025 (crocinfos)---Le 29 novembre 2025, Umaro Sissoco Embaló, l'ex-président de la Guinée-Bissau, en proie à un coup d'État électoral, a quitté précipitamment le Sénégal pour se rendre en République du Congo-Brazzaville, un exil qui semble marquer la fin d'une période incertaine pour ce dernier. Son départ intervient dans un contexte politique tendu, alimenté par les déclarations acerbes de l'opposition sénégalaise et des membres du gouvernement, dont les propos ont visiblement accéléré son exil.
En effet, vendredi dernier, lors d'une séance parlementaire, le Premier ministre sénégalais, sans nommer directement Umaro Sissoco Embaló, a fustigé la situation politique en Guinée-Bissau, affirmant que « ce qu’il s’est passé est une combine » et appelant à la poursuite du travail de la commission électorale pour rétablir la victoire du véritable gagnant. Ces remarques, tenues devant les députés, pourraient avoir été perçues par l'ex-président comme une pression supplémentaire, l'incitant à quitter le Sénégal, pays dans lequel il résidait depuis son éviction.
L'exil d'Umaro Sissoco Embaló n'est pas un simple départ. Il a été transporté à bord d’un jet privé, affrété par les autorités congolaises, atterrissant à Brazzaville le matin du samedi 30 novembre. La destination, choisie avec soin, n'est pas surprenante : le président déchu a longtemps entretenu d'excellentes relations avec son homologue congolais, Denis Sassou-Nguesso. Les deux hommes se connaissent bien et ont maintenu des liens étroits, notamment à travers des visites régulières de l'ex-président bissau-guinéen à la résidence présidentielle d'Oyo, le village natal de Sassou-Nguesso. D'ailleurs, quelques jours avant le coup d'État en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló avait informé le président congolais de l’imminence de la crise.
Le Congo-Brazzaville devient ainsi une terre d’accueil pour l'ex-président, un pays qu’il connaît bien et où il se sent en sécurité, comme en témoigne sa décision de s'y installer avec une dizaine de ses collaborateurs et proches. Actuellement logé dans un grand hôtel de la capitale congolaise, il se trouve désormais à l'écart des turbulences politiques qui agitent son pays natal. Cependant, son arrivée soulève plusieurs questions, notamment sur le rôle de la CEDEAO, qui se trouve une fois de plus dans une position inconfortable.
L'organisation régionale, déjà critiquée pour sa gestion des crises politiques en Afrique de l'Ouest, se retrouve entre le marteau et l'enclume. En qualifiant la situation de Guinée-Bissau de « coup d'État électoral » plutôt que de coup d'État classique contre Umaro Sissoco Embaló, la CEDEAO s’efforce de trouver une position médiane. Mais cette décision pourrait bien ternir davantage son image, déjà fragilisée par ses interventions jugées inefficaces dans d'autres pays voisins. La communauté internationale, quant à elle, attend des actions concrètes pour faire face à l'escalade des tensions dans la sous-région.
Derrière ce jeu d'équilibristes diplomatiques, l’avenir de la Guinée-Bissau demeure incertain, tandis que l'incertitude sur la place de la CEDEAO dans la gestion des crises politiques de la région ne fait que grandir. Alors qu'Umaro Sissoco Embaló trouve refuge au Congo-Brazzaville, l'attention se porte désormais sur les mesures que la CEDEAO prendra pour restaurer l'ordre constitutionnel et l'équilibre démocratique dans ce petit pays ouest-africain. La question demeure : la CEDEAO saura-t-elle se réinventer face à des crises qui semblent toujours la prendre au piège ?
Athanase Kangah