À titre d'illustration
Le conflit foncier entre M. Zamblé Boniface et M. Zenan illustre les tensions croissantes autour des droits de propriété et des vols de récoltes en Côte d'Ivoire, exacerbées par la lenteur judiciaire et des falsifications de documents.
Zuénoula, le 20 novembre 2025 (crocinfos)---Les relations entre les familles de M. Zamblé Boniface et M. Zenan illustrent les tensions récurrentes liées à la gestion foncière et agricole dans la région de Kouréfla et Paoufla, située dans la sous-préfecture de Zuénoula. Ce conflit, qui mêle des accusations de vol, de falsification de documents et de spoliation foncière, met en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées certaines familles dans la gestion de leurs terres et récoltes. Le présent article analyse les faits, les procédures judiciaires et les enjeux de ce conflit qui n’a de cesse d’agiter la région.
Les familles Doubanzran et Zenan sont au centre de ce différend foncier. En 2013, une bagarre éclata entre la famille Dje Bi (partie de la grande famille Doubanzran) et la famille Voli (dont M. Zenan fait partie) concernant une parcelle de terre de 3,96 ha. Suite à cette altercation, la famille Dje fut assignée en justice, mais n’a pas pu suivre correctement les audiences en raison de manques financiers, ce qui conduisit à un jugement défavorable en l'absence des intéressés. Les familles Dje Bi et Voli ont ainsi été en conflit sur des questions de terres, mais l’affaire s’est intensifiée en 2023 avec des actions plus concrètes.
Les revendications de M. Zenan sur la forêt de Doubanzran
En juin 2023, M. Zenan a entrepris des démarches pour obtenir des titres fonciers sur la forêt de Doubanzran, un terrain ancestral partagé par plusieurs familles, dont celle de M. Zamblé Boniface. Cette action a été réalisée à l’insu des membres de la famille Doubanzran, ce qui a conduit à une plainte déposée à la sous-préfecture de Zuénoula, ainsi qu’à une opposition à l’agriculture de la région. En réponse à ces démarches, M. Zenan a déterré et découpé les bananiers de Willy, un cousin de M. Zamblé, pour revendiquer une parcelle de terre. Ce dernier a porté plainte auprès du chef de village de Kouréfla et a saisi la gendarmerie de Zuénoula. Lors des auditions, M. Zenan a présenté un document signé par trois chefs de village, dont celui de Kouréfla, attestant que la forêt de Doubanzran lui appartenait. Cependant, le chef de village de Kouréfla a démenti avoir signé ce document, ce qui a révélé une falsification de la part de M. Zenan.
Les tensions se sont intensifiées avec des accusations de vol d’ignames. M. Zamblé Boniface, planteur et père de vingt-huit enfants, a fait face à des vols récurrents de ses récoltes. Le 6 avril 2025, alors qu’il surveillait discrètement son champ, M. Zamblé a vu des individus armés de machettes pénétrer sur sa parcelle et procéder au vol des ignames entreposées sous son apatam. Après enquête, il a découvert que le conducteur d’un véhicule à trois roues, nommé Cyril, avait agi sous les instructions de M. Zenan, qui avait prétendu que les ignames lui appartenaient. Lorsque le plaignant a fait interroger via les parents de Cyril Zenan. Ce dernier a confirmé avoir ordonné le vol, provoquant ainsi une confrontation ouverte entre les parties. M. Zenan a défié M. Zamblé de venir récupérer les ignames chez lui, ce qui a conduit M. Zamblé à alerter les autorités locales.
Les actions légales et l’inertie judiciaire
M. Zamblé Boniface a porté l’affaire devant la gendarmerie de Zuénoula. Une première convocation a été adressée à M. Zenan, mais ce dernier ne s’est pas présenté. Une seconde convocation a été émise, à laquelle M. Zenan a fini par répondre. Après son audition, la gendarmerie a exigé que les ignames soient restituées dans un délai de trois jours, sous peine de poursuites. Le même jour, un membre de la famille Zenan a proféré des menaces de mort à l’encontre de M. Zamblé, ce qui a provoqué un traumatisme pour ce dernier. Malgré l’intervention de la gendarmerie, le délai a expiré sans restitution des ignames.
M. Zenan a alors fui, mais a été appréhendé quelques jours plus tard par la gendarmerie. Cependant, une nouvelle confrontation avec les autorités a révélé que M. Zenan avait faussement prétendu avoir restitué les ignames à M. Zamblé. Cette situation a donné lieu à une nouvelle série de convocations judiciaires et à un renvoi du dossier à plusieurs reprises.
Ce conflit met en évidence plusieurs problèmes juridiques et sociaux. La falsification de documents, les vols répétés et les menaces de violence physique créent un climat de tension où le droit coutumier semble difficile à appliquer. M. Zenan, bien qu’impliqué dans des actes de malveillance à plusieurs reprises, semble bénéficier de la protection d’acteurs influents, ce qui entrave l’action de la justice.
De plus, l’intervention des chefs de village et la lenteur des procédures judiciaires soulignent la difficulté de résoudre ce type de conflit de manière efficace. Les renvois successifs des audiences, l’absence répétée des prévenus et l’inertie des autorités locales témoignent d’une défaillance dans le système judiciaire et dans la gestion des conflits fonciers.
Une affaire complexe de spoliation et de vol
L’affaire opposant M. Zamblé Boniface et M. Zenan met en lumière des dysfonctionnements dans la gestion des conflits fonciers en Côte d'Ivoire. La lenteur des procédures judiciaires, la falsification de documents et les menaces de violence physique nuisent à l’équité du processus et renforcent le sentiment d’impunité. La résolution de ce conflit dépendra de l’efficacité des autorités judiciaires et de la capacité des communautés à respecter les droits fonciers des autres, dans un cadre légal clair et respecté.
La question fondamentale demeure : comment renforcer la justice et la transparence dans les conflits fonciers pour éviter des dérives similaires à l’avenir et garantir un accès équitable à la terre pour tous les citoyens ? La réponse à cette question semble essentielle pour restaurer la confiance dans le système judiciaire et prévenir de futurs conflits.
Charles Kpan