Une vue de la parcelle querellée à Motobé.
Accusée de spoliation foncière, la société CARLA Immobilier est au cœur d’un scandale de faux documents révélés par le Sous-Préfet et le ministère de la Construction, impliquant l’ancien chef du village de Motobé.
-Le ministère de la Construction et le Sous-Préfet lèvent le voile
Motobé, le 29 juillet 2025 (crocinfos.net)– Dans une déclaration solennelle devant la presse, ce mardi, le chef du village de Motobé, Bindjé Ébikoi Faustin, a exposé les tenants et aboutissants d’un vaste montage frauduleux, mis en place pour spolier les terres de sa communauté. Au cœur du scandale : la société Carla Immobilier, soutenue dans ses manœuvres par l’ancien chef de village, Odje Odje Simplice, aujourd’hui démis de ses fonctions.
« Le ministère de la Construction et le Sous-Préfet d’Oghlwapo ont confirmé qu’un faux avis favorable portant le numéro 155 a été utilisé pour obtenir des ACD sur notre terrain. Ce numéro n’existe dans aucun registre administratif. C’est un faux manifeste », a déclaré M. Bindjé, visiblement indigné.
Mieux, le Ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme avait également demandé l’annulation de ces Arrêtés de Concessions Définitives en ces termes :
« le Ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme conclut qu’il plaise au Conseil d’Etat de déclarer recevable le présent recours en révision de la société Obrou Service et de rétracter l’arrêt N°354 du 26 juin 2024 »
Une tentative frauduleuse d’expropriation foncière déjouée
Les faits remontent à plusieurs années. En toute légalité et de manière transparente, les sept chefs des grandes familles de Motobé ont autorisé la société Obrou Service à procéder au lotissement d’une parcelle de 248 hectares, dans le cadre du projet « Atlantide I ». Une convention notariée a été signée à cet effet, suivie de toutes les démarches réglementaires, y compris la levée de la zone d’aménagement différée (ZAD). L'approbation du projet a été obtenue en 2022.
Cependant, alors que les travaux de viabilisation étaient en cours, la société Obrou Service a été notifiée par huissier d’une prétendue obtention d’Arrêtés de Concession Définitive (ACD) sur la même parcelle au bénéfice de Carla Immobilier.
Le Sous-Préfet dément formellement toute autorisation
Interpellé par voie d’huissier, le Sous-Préfet d’Oghlwapo a confirmé qu’aucun avis favorable portant le numéro 155 n’avait été délivré par ses services, précisant que ce document est un faux pur et simple. Pire, selon ses explications, lors de l’enquête commodo-incommodo en 2019, Carla Immobilier avait essuyé onze oppositions formelles, dont une déposée par Obrou Service. En l'absence de commission mixte, aucune procédure d’octroi d’ACD n’aurait dû être menée à son terme.
De son côté, le ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme a également pris position : dans un mémoire transmis au Conseil d’État, il plaide pour l’annulation de l’arrêté n°354 du 26 juin 2024, et soutient officiellement le recours en révision introduit par la société Obrou Service.
Une plainte déposée pour faux et usage de faux
Face à la gravité des faits, le village de Motobé, par l’intermédiaire de sa chefferie et de son Comité de gestion foncière, a saisi le Pôle pénal économique et financier. Une plainte a été déposée pour faux et usage de faux en écriture privée contre :
- Bourgi Hassan, représentant de Carla Immobilier,
- Odje Odje Simplice, ancien chef du village,
- Bourgi Khodor, dirigeant de la société LGI BTP.
Une chefferie légitime contre un réseau de spoliation
Il convient de rappeler que Odje Odje Simplice a été destitué de ses fonctions le 19 avril 2021, pour malversations et mauvaise gestion des terres villageoises. Depuis cette date, une nouvelle chefferie est en place, et a systématiquement demandé à tous les opérateurs fonciers de présenter des documents attestant de leur légitimité à travailler sur les terres du village. Seule Obrou Service s’est conformée à cette exigence. Carla Immobilier, elle, ne s’est jamais présentée à la chefferie légitime, continuant de collaborer de manière souterraine avec l’ancien chef déchu.
« Il est clair que Carla Immobilier n’aurait jamais pu obtenir ces documents sans la complicité d’Odje Odje Simplice. Cette opération de spoliation est illégale et dangereuse pour la stabilité de notre village », a martelé le chef Faustin.
Un appel à la justice et à l’État
Dans un dernier recours, des courriers ont été adressés au Président du Conseil d’État et au Président de la République, afin que les ACD frauduleusement délivrés soient annulés. Le village de Motobé insiste : ces lotissements ont été faits par les ayants droit légitimes. Les remettre en cause au profit d’acteurs de mauvaise foi créerait un dangereux précédent et risquerait d’entraîner des troubles à l’ordre public.
« Nous en appelons au bon sens de l’État, à la justice et au respect des procédures. Nous ne voulons que la vérité, et la protection de notre patrimoine foncier », a conclu le chef du village.
Contacté par téléphone afin de recueillir sa version des faits, Bourgi Hassan, représentant de la société CARLA Immobilier, a simplement déclaré — sans toutefois nous laisser le temps d’exposer clairement nos questions :
« Je n’ai pas droit à la parole. »
Sériba Koné
[Un droit au faux ?]
Le Sous-Préfet d’Oghlwapo a formellement affirmé qu’aucun avis favorable portant le numéro 155 n’avait été émis par ses services, précisant qu’il s’agit là d’un document falsifié, autrement dit, d’un faux caractérisé, passible de poursuites judiciaires.
De son côté, le Ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme a également sollicité l’annulation des Arrêtés de Concession Définitive (ACD) indûment obtenus. Une autre confirmation que des irrégularités graves ont entaché cette procédure.
Ainsi, avec le concours manifeste de Odje Odje Simplice, ancien chef du village, Bourgi Hassan semble s’être arrogé un étrange privilège : celui de contourner la légalité, au mépris des règles et des institutions. Faut-il y voir un droit au faux ?
Sériba K.