Des manifestants se dispersent après des tirs de gaz lacrymogènes lancés par la police, lors de la journée de protestation du 25 juin 2025, en plein centre-ville de Nairobi.
Un an après l’assaut du Parlement, la jeunesse kényane a investi massivement les rues de Nairobi pour exiger justice, dénoncer la répression policière et réclamer un seul mandat présidentiel.
Abidjan, 25 juin 2025 (crocinfos.net) – Un an après la spectaculaire irruption de jeunes manifestants dans l’enceinte du Parlement, la capitale kényane a de nouveau été le théâtre de violentes protestations ce mercredi 25 juin. À l’appel de collectifs citoyens et d’activistes issus de la Génération Z, des milliers de jeunes, habillés de noir en signe de deuil, ont convergé dès l’aube vers le centre-ville de Nairobi pour rendre hommage aux victimes de la répression de 2024, qui avait fait plus de 60 morts.
Arborant des drapeaux nationaux et brandissant des pancartes aux messages sans équivoque, les manifestants entendaient dénoncer l’impunité policière, les disparitions forcées et les atteintes aux libertés publiques. « Je suis ici à cause du sang versé. On ne peut continuer à tuer les gens comme des insectes », a lancé, émue, Janet Mburu, 32 ans, comptable, évoquant notamment l’affaire Albert Ojwang, arrêté puis retrouvé mort dans des circonstances troublantes.
Un manifestant se tient sur une barricade en feu, lors de la journée de protestation prévue pour marquer le premier anniversaire de la prise d’assaut du Parlement, le 25 juin 2025, à Nairobi.
Rapidement, les forces de l’ordre ont verrouillé les accès au Central Business District (CBD), épicentre des manifestations de l’année précédente. Des scènes de confrontation ont éclaté : usage intensif de gaz lacrymogène, canons à eau, tirs de balles en caoutchouc. Dans les rues adjacentes, plusieurs manifestants, suffoquant, dénonçaient l’attitude provocatrice des forces de sécurité. « La police tire sans raison. Nous manifestons pacifiquement. Ils doivent se souvenir qu’ils sont aussi kényans, et que ce combat est aussi pour leurs enfants », a déclaré Oumar, l’un des protestataires.
Dans une atmosphère de guérilla urbaine, des motos transportant de jeunes manifestants circulaient à vive allure dans les rues de la capitale, lançant des projectiles en direction des forces de l’ordre. À Machakos, à une centaine de kilomètres de Nairobi, deux manifestants ont été tués par balles, selon un responsable hospitalier cité par l’AFP. L’ONG Vocal Africa a par ailleurs accusé la police d’avoir utilisé des munitions réelles à Nairobi même.
Parmi les figures notables présentes, l’ancien président de la Cour suprême, David Maraga, aujourd’hui candidat déclaré à la présidentielle de 2027, a exprimé son soutien à la mobilisation. « Je ne vois ici que des citoyens enthousiastes et pacifiques. C’est précisément pour cela que je marche avec eux. Nous demandons le respect de la Constitution et la reconnaissance de la dignité humaine », a-t-il déclaré.
Dans les cortèges, un slogan revient avec insistance : « One Term » (un seul mandat), adressé directement au président William Ruto, dont les manifestants exigent qu’il ne brigue pas de second mandat.
En parallèle, les autorités ont tenté d’étouffer la couverture médiatique de la mobilisation. L’Autorité des communications du Kenya a interdit la retransmission en direct des manifestations et menacé de sanctions les médias qui ne se conformeraient pas à cette directive. La chaîne NTV a ainsi été suspendue dans l’après-midi.
À l’heure de la rédaction de cet article, aucune déclaration officielle n’avait encore été faite par le gouvernement kényan sur les incidents de la journée.
Rédaction internationale – crocinfos.net