À titre d'illustration
Diaby Ibrahim, Directeur général du Haut Conseil du Patronat des Entreprises de Transport Routier (HCPETR-CI), est resté silencieux sur l’audit et les enquêtes judiciaires en cours à la MATCA lors de la rencontre du jeudi 27 novembre.
Abidjan (Côte d’Ivoire), le 28 novembre 2025 (crocinfos)---Le jeudi 27 novembre, Diaby Ibrahim, Directeur général du Haut Conseil du Patronat des Entreprises de Transport Routier (HCPETR-CI), a pris en main le dossier des taxis-compteurs lors d’une rencontre avec les acteurs du secteur. Ce geste mérite d’être salué, car il témoigne de son engagement à servir de relais entre les transporteurs et le ministère des Transports. Dans un contexte où la Côte d’Ivoire, sous la direction du Président Alassane Ouattara, insiste sur la transparence et la bonne gouvernance des biens publics, cette initiative est d’autant plus importante. En effet, il ne peut y avoir de place pour l’opacité dans un secteur aussi crucial que celui du transport, où la gestion des ressources doit être irréprochable.
Cependant, alors que Diaby Ibrahim a souligné l’importance de redonner une structure et une clarté au secteur des taxis-compteurs, il est resté étonnamment silencieux sur une question capitale : l’audit et les enquêtes judiciaires. En effet, la crise qui secoue la Mutuelle des Taxis-Compteurs de Côte d’Ivoire (MATCA) est bien loin d’être résolue. La MATCA, qui est censée être un modèle de structuration du transport urbain, est en proie à des détournements de fonds massifs. Des milliards de FCFA ont disparu des caisses de cette institution, et pourtant, l'audit en cours a été interrompu de manière brutale. Il est d’autant plus incompréhensible que Diaby Ibrahim, dans ses propos, ne fasse aucune mention de l’audit qui pourrait permettre de mettre en lumière la gestion opaque qui a miné le secteur pendant des années.
Rappelons que cette situation de crise a éclaté après l’interpellation de Guédou Elie Ousmane, l’ex-DG de la MATCA, pour fraude et détournement de fonds. Le successeur de ce dernier, Roger Seri Kanon, administrateur des services financiers, a été chargé d’assainir la gestion de la mutuelle, mais la transition a été marquée par de nombreuses tensions internes. Soumahoro Mamadou, Président de la Maison des Transporteurs de Côte d’Ivoire (MTCI), avait fermement dénoncé l’interruption prématurée de l’audit, qui, selon lui, avait déjà révélé la disparition de plusieurs milliards de FCFA. Ce manque de transparence dans la gestion des fonds publics est intolérable, d’autant plus qu’une telle situation a un impact direct sur les acteurs du secteur, qui, malgré leur travail acharné, continuent d’être les plus pauvres.
Les tensions internes à la MATCA ont atteint leur paroxysme lors des affrontements violents du 19 mai 2025 devant le siège de l’institution. Un audit est en cours, et à mi-parcours, il a déjà révélé des malversations importantes. Et pourtant, au lieu de permettre à l’audit de se poursuivre, un administrateur provisoire a été nommé de manière brusque, suscitant des interrogations sur les réelles raisons de cette décision. « Est-ce l’audit qui dérange ? », s’est interrogé Soumahoro Mamadou, visiblement préoccupé par cette situation. La question reste en suspens.
Si la réforme du secteur des taxis-compteurs et la modernisation de la MATCA sont au cœur de ses préoccupations, il (M. Diaby) doit encourager les audits et soutenir les enquêtes judiciaires pour assainir le milieu.
Il est grand temps que Diaby Ibrahim, en tant que responsable de l’organisation patronale du secteur des transports, prenne position fermement en faveur de la transparence. Si la réforme du secteur des taxis-compteurs et la modernisation de la MATCA sont au cœur de ses préoccupations, il (M. Diaby) doit encourager les audits et soutenir les enquêtes judiciaires pour assainir le milieu. L’initiative qu’il a lancée est louable, mais elle ne pourra porter ses fruits que si elle s’accompagne d’une volonté réelle de mettre fin aux pratiques de mauvaise gouvernance qui gangrènent le secteur.
L’affaire MATCA, qui est actuellement devant les juridictions ivoiriennes, pourrait enfin permettre de faire éclater la vérité sur les détournements de fonds qui ont eu lieu au sein de cette institution. Guédou Elie Ousmane, l’ex-DG de la MATCA, pourrait bien avoir des complices qu’il sera contraint de dévoiler, et la lumière finira par être faite sur les responsabilités de chacun. Mais pour que cette lumière éclaire enfin toute la vérité, il est impératif que les acteurs institutionnels, dont Diaby Ibrahim, prennent leurs responsabilités et n’hésitent pas à soutenir l’audit et les enquêtes judiciaires, qui sont les seules voies pour restaurer la crédibilité du secteur.
Diaby Ibrahim a déclaré : « Nous ne pouvons donc pas accepter que les propriétaires de taxis-compteurs soient les plus pauvres ». Cette déclaration est juste, mais elle doit s’accompagner d’une action concrète. Ce n’est qu’en soutenant l’audit en cours et en exigeant des enquêtes judiciaires rigoureuses que la véritable réforme pourra être entreprise. La justice, et uniquement la justice, pourra mettre fin à ce désordre et situer les responsabilités.
Les mots de Diaby Ibrahim sont importants, mais ils doivent se traduire par des actions concrètes. Le secteur des taxis-compteurs mérite d’être assaini, et cela passe par une véritable transparence et une gouvernance exemplaire. Finies les sorties pour détourner l’attention des vrais enjeux. Il est temps d’aller au fond des choses et de permettre à la justice de faire son travail. C’est seulement ainsi que la bonne gouvernance pourra être instaurée dans ce secteur vital pour le développement économique du pays.
Charles Kpan