Photo de Alain Ahimou, journaliste à Micro Libre, sur la plage où les nudistes étaient installés, au cours de son enquête.
Un journaliste menacé, une communauté autochtone spoliée et des révélations accablantes. Alain Ahimou, journaliste à Micro Libre, dévoile une affaire explosive mêlant nudisme, corruption et oppression dans la forêt classée de Monogaga. Interview...
Vous avez fait la Une de l'actualité ivoirienne à un moment donné en dévoilant un scandale d'envergure. Pouvez-vous nous en dire davantage ? Quels éléments vous ont poussé à mener cette enquête ?
Alain Ahimou : Effectivement, j'ai publié une enquête dans Micro Libre révélant la présence de nudistes dans l'un des villages de la forêt classée de Monogaga, précisément à Kounouko. J'y suis resté plus d'une semaine pour observer de mes propres yeux ces visiteurs venus d'Europe, d'Asie et d'Amérique, installés sur les plages. Afin de ne pas être repéré, j'ai échangé avec certains d'entre eux sous couverture, car l'accès à leur site était strictement réglementé.
Ce qui m'a le plus frappé, c'est le dispositif de sécurité déployé autour de ces touristes : une trentaine de gendarmes et d'agents des Eaux et Forêts campaient jour et nuit sur la plage pour en filtrer l'accès.
Comment expliquer qu'un tel niveau de protection soit accordé à de simples touristes ?
J'ai du mal à croire d'autant plus que les villageois, eux, étaient contraints de cohabiter avec cette situation incongrue. En pêchant ou en ramassant des noix de coco, ils devaient, bon gré mal gré, assister à cette scène qui heurtait leur mode de vie et leurs valeurs culturelles.
"Le dispositif de sécurité déployé autour de ces touristes : une trentaine de gendarmes et d'agents des Eaux et Forêts campaient jour et nuit sur la plage."
La colère grondait au sein du village, mais elle restait contenue, car le chef du village avait donné son accord à cette présence et l'omniprésence des forces de l'ordre dissuadait toute contestation. Le village de Kounouko est très modeste, avec à peine une centaine d'habitants. Beaucoup d'entre eux, notamment les enfants, ont déménagé vers un campement voisin, Cantondougou.
Mais pourquoi un tel exode ?
C'est précisément la condition de la communauté Winnin qui m'a poussé à enquêter. Les Winnin vivent dans la forêt classée de Monogaga depuis six siècles. Or, en 1973, le président Félix Houphouët-Boigny a classé cette forêt en réserve, englobant onze villages Winnin sans aucune mesure compensatoire pour cette population. C'était comme si on les avait rayés de la carte. Depuis lors, ils n'ont accès ni à l'eau potable, ni à l'électricité, ni à des routes bitumées. De surcroît, ils ne peuvent pas obtenir de titres fonciers sur leurs propres terres, sous prétexte qu'elles sont en forêt classée.
Avec le projet de reforestation de Monogaga, les Winnin espéraient voir cette injustice historique corrigée. Leurs représentants demandaient à être impliqués dans sa mise en œuvre et à obtenir des garanties sur leur avenir. Mais en réalité, ils n'étaient que de simples spectateurs informés à posteriori. Le ministre des Eaux et Forêts leur a promis des enclaves où ils pourraient enfin obtenir des titres fonciers, de l'électricité et des infrastructures. Toutefois, le comité scientifique de la région, sous l'égide du chef de canton, a exigé des preuves tangibles de cet engagement.
D'où leur demande de consulter la convention liant l'État à la Roots Wild Foundation, organisation chargée de la reforestation. En vain. Vincent Djiropo, un cadre Winnin à la tête du comité scientifique, a sollicité toutes les autorités en mars 2024 pour obtenir ce document, sans jamais recevoir de réponse. En revanche, nous avons réussi à nous le procurer, et la vérité était accablante : aucune enclave n'était prévue pour les Winnin.
Le responsable de la fondation, Bilal Hallal, nous a assuré que ces enclaves seraient intégrées ultérieurement dans le plan d'aménagement en cours d'élaboration, et que les Winnin y seraient associés. Or, à ce jour, rien de tout cela ne s'est concrétisé. Nous sommes face à une communauté autochtone totalement marginalisée et privée de ses droits fondamentaux.
D'ailleurs, tous ceux qui ont osé réclamer justice ont été jetés en prison. Vincent Djiropo, gestionnaire de patrimoine de la diaspora, revenu au pays pour aider sa communauté, a été incarcéré durant deux mois, au même titre que Dominique Mensah, cadre bancaire, et une vingtaine d'autres Winnin.
Mais alors, pourquoi les autorités ont-elles choisi cette voie répressive plutôt que le dialogue ? Que cherchent-elles à cacher ?
Ce qui est certain, c'est que le scandale des nudistes n'est qu'une conséquence d'un problème plus profond. C'est Bilal Hallal, à qui l'État a confié la reforestation de 4 000 hectares, qui a autorisé leur séjour à Kounouko. Le chef du village l'a lui-même confirmé, affirmant que les autorités locales étaient informées, contrairement à ce que prétend le porte-parole du gouvernement.
Tout a commencé par une réunion de certains chefs de village de la région, prétendument organisée pour « rétablir la vérité ».
Concernant cette réunion, presque secrète, elle s’est soldée par une déclaration d’un représentant des jeunes du village de Kounouko, affirmant qu’aucun nudiste n’avait jamais séjourné dans leur localité. Il est important de rappeler qu’au moment de cette déclaration, les nudistes étaient déjà partis : ils avaient résidé dans le village du 1ᵉʳ au 30 novembre.
‘’La colère grondait au sein du village, mais elle restait contenue(…)’’
Aucune autorité préfectorale ou gouvernementale n’a osé déclarer officiellement pour démentir qu’il n’y avait jamais eu de nudistes à Kounouko après mon enquête.
En parallèle, la répression s’est mise en place. Dès le lendemain de cette réunion entre certains chefs du village, le directeur de cabinet du ministre des Eaux et Forêts a convoqué une autre rencontre, cette fois avec toutes les parties prenantes de la communauté Winnin, qu’il serait possible de scinder en deux camps : les « anti-nudistes » et les « pro-nudistes ».
Nous avons pu nous infiltrer dans cette réunion, qui, contrairement à celle des chefs, était fermée à la presse.
Pourquoi une telle opacité ? Avait-on quelque chose à cacher ?
Malgré les mises en garde répétées de Vincent Djiropo, qui insistait pour que les Winnin ne soient ni menacés, ni intimidés, ni humiliés comme ce fut le cas auparavant, la réunion s’est achevée sur une menace explicite. Le directeur de cabinet du ministre des Eaux et Forêts a déclaré que tous ceux ayant participé à mon enquête seraient arrêtés. Deux jours plus tard, Vincent Djiropo était interpellé, suivi de plusieurs autres personnes.
"Les Winnin vivent dans la forêt classée de Monogaga depuis six siècles... Depuis lors, ils n'ont accès ni à l'eau potable, ni à l'électricité, ni à des routes bitumées."
Pratiquement tous ceux qui ont témoigné dans notre enquête ont été incarcérés à la prison de San Pedro. Parmi les accusations formulées à l’encontre de Vincent et Dominique figure notamment la « diffusion de fausses informations par des canaux numériques ». Pourtant, Vincent n’a rien publié : c’est MICRO LIBRE qui a diffusé l’enquête.
Pourquoi lui reproche-t-on alors un acte qu’il n’a pas commis ?
C’est simplement la démonstration d’une volonté manifeste de punir nos sources et, par extension, de museler la liberté d’expression et la liberté de la presse.
N’avez-vous pas peur pour votre intégrité physique ? Où vous trouvez-vous actuellement ?
À l’instant où je vous parle, je ne me sens aucunement en sécurité, ce qui explique pourquoi je ne peux révéler ma localisation. Depuis la diffusion de mon enquête, je reçois de nombreuses menaces. Plusieurs sources m’informent que je suis activement recherché par les autorités, et pourtant, à ce jour, je n’ai reçu aucun appel des forces de l’ordre ni de la justice. Cette information est d’ailleurs relayée par l’activiste Yacouba Doumbia dans sa publication visant à discréditer mon travail.
Par ailleurs, certaines sources indiquent que je serais devenu la cible principale du procureur de San Pedro. Mais alors, pourquoi n’ai-je reçu aucune convocation officielle ? Doit-on comprendre que la justice souhaite m’interpeller de manière brutale? Cette hypothèse me préoccupe au plus haut point. Si tel était le cas, cela serait une atteinte gravissime aux principes de l’État de droit. Une personne ne peut être activement recherchée que si elle refuse de répondre à une convocation légale. Or, je n’ai reçu aucune notification judiciaire.
En résumé, depuis la publication de mon enquête, je vis dans la plus grande discrétion. Ce travail, qui aurait pu être récompensé dans un pays démocratique, m’expose ici à des menaces et à des risques d’emprisonnement. Les faits que je rapporte sont pourtant indéniables : la présence des nudistes à Kounouko ne saurait être niée. J’ai produit des images, recueilli des témoignages et documenté leur séjour, notamment avec la présence des forces de l’ordre. Ces personnes appartiennent à la Rainbow Family, une communauté mondialement connue pour son engagement en faveur du nudisme.
Fait révélateur, aucun des médias qui ont tenté de discréditer mon travail ne s’est rendu dans le village de Kounouko pour recueillir des témoignages directs. J’ai même obtenu une capture d’écran du groupe Facebook privé de ces nudistes, où ils justifient leur présence en Côte d’Ivoire. Lors de mon enquête, j’ai pu échanger avec certains d’entre eux et j’ai compris qu’ils avaient été mal informés sur l’acceptation de leur présence dans ce village. L’un d’eux, avec qui j’ai été en contact, s’étonne d’ailleurs des emprisonnements qui ont suivi leur passage.
Nous supposons que ces menaces ne vous feront pas renoncer ! Quels sont vos projets dans le secteur ?
Bien évidemment, ces menaces ne nous arrêteront pas. Si vous consultez les pages Facebook, YouTube et TikTok de Micro Libre, vous constaterez que nous poursuivons la diffusion de reportages toujours aussi engagés. Récemment, nous avons couvert les revendications d’un syndicat des impôts dénonçant la présence de retraités encore en fonction, parfois plus de dix ans après leur départ supposé, alors même que des agents en activité sont rémunérés sans pouvoir exercer leur métier.
Notre mission est de mettre en lumière les injustices et de contribuer à leur réparation. Depuis deux ans, Micro Libre œuvre dans ce sens avec des résultats concrets. À titre d’exemple, après notre enquête sur le non-paiement des employés chargés de l’entretien du stade d’Ébimpé, ces derniers ont finalement perçu l’intégralité de leurs salaires. Une autre de nos investigations a révélé qu’une mine semi-industrielle, bien que légalement constituée, exploitait de l’or en toute illégalité dans la forêt classée de Kobo, dans le Haut-Sassandra. Suite à nos révélations, cette mine a été fermée.
Nous avons également mis en lumière un scandale au sein des impôts, où un projet immobilier, financé par des propriétaires depuis 13 ans, restait inachevé. Certains bâtiments étaient encore à l’état de chantier, et sur un troisième site, il n’y avait que de la brousse. Pourtant, ces logements devaient être livrés deux ans après la souscription. Grâce à notre travail, les chantiers ont repris et un accord est en cours entre les propriétaires et la mutuelle des agents des impôts.
"À l’instant où je vous parle, je ne me sens aucunement en sécurité."
Nous entendons poursuivre cette dynamique, notamment en donnant la parole aux syndicalistes, souvent réduits au silence par les médias audiovisuels traditionnels, particulièrement lorsqu’ils lancent des appels à la grève. L’un d’entre eux nous confiait récemment qu’il refusait désormais de s’exprimer auprès des médias locaux, à l’exception de Micro Libre, car ses propos y étaient systématiquement déformés pour s’aligner sur la ligne officielle.
Notre fierté réside dans le fait que nous sommes aujourd’hui l’un des seuls médias audiovisuels à s’engager sur ces sujets sensibles. Il existe certes une presse écrite d’investigation, mais l’environnement audiovisuel demeure fortement contrôlé. La presse écrite étant la moins accessible des médias, son impact reste limité. En effet, depuis la libéralisation médiatique sous Félix Houphouët-Boigny en 1991, seules les publications écrites ont été concernées, tandis que la radio et la télévision restent sous contrôle étatique. Or, ce sont justement ces canaux qui touchent le plus grand nombre : une simple radio permet d’informer toute une famille, tandis que l’accès à un journal implique non seulement de savoir lire, mais aussi de pouvoir en supporter le coût, ce qui reste hors de portée pour une partie de la population vivant sous le seuil de pauvreté.
C’est précisément pour cette raison que l’audiovisuelle demeure muselée. La Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), chaîne publique, est restée un instrument aux mains des gouvernements successifs. Cette situation doit cesser. Avec le mouvement CODE 91, nous avons créé Micro Libre dans le but de libérer les médias publics et de démontrer qu’un journalisme indépendant est possible.
Si, avec nos moyens limités, nous parvenons déjà à influencer l’opinion et les décisions publiques, imaginez ce que nous pourrions accomplir avec des ressources comparables à celles de la RTI. C’est pourquoi nous lançons un appel aux mécènes et aux citoyens ivoiriens pour soutenir financièrement Micro Libre. Chaque jour, nous sommes sollicités pour enquêter sur des affaires d’injustices graves, mais faute de moyens, nous sommes parfois contraints d’abandonner certaines enquêtes, ce qui nous est particulièrement douloureux.
Notre ambition est donc de renforcer Micro Libre, afin que les Ivoiriens prennent pleinement conscience des enjeux liés à la liberté de la presse. Cette cause est d’autant plus légitime que l’État de Côte d’Ivoire est tenu, selon les textes de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, de garantir l’indépendance des médias de service public.
Nous croyons qu’un autre modèle est possible. Mais pour cela, les Ivoiriens doivent se mobiliser et exiger des médias publics qu’ils remplissent enfin leur véritable mission : informer, dénoncer et défendre les intérêts de la population.
Quel constat faites-vous de la presse ivoirienne ?
Je crains d’avoir parlé trop rapidement. La presse ivoirienne traverse une crise profonde qui puise ses racines dans les premières heures de sa libéralisation. Aujourd’hui, dans le domaine de la presse écrite, où la plus grande liberté a pourtant été consacrée, le mal-être est criant.
La raison principale ? Une caporalisation excessive des médias par les partis politiques, qui, soit les ont créés, soit les contrôlent.
Dans un contexte où la presse mondiale souffre de la concurrence des réseaux sociaux, les ventes s’effondrent. Conséquence immédiate : des revenus insuffisants pour assurer des salaires décents aux journalistes. Beaucoup se retrouvent dans la précarité, contraints d’accepter des gombos ou des perdiems irréguliers, instaurant ainsi un journalisme de connivence. Les financements partisans, sporadiques et incertains, n’offrent aucune garantie de pérennité aux médias.
Mais au-delà des enjeux économiques, cette mainmise politique génère un autre danger : la radicalisation des lecteurs. Lorsqu’un journal érige un leader politique en figure messianique, il façonne des militants fanatisés, prêts à recourir à la violence pour défendre leur « prophète ». Ce phénomène explique en partie les tensions et affrontements que nous déplorons à chaque période électorale.
Il est intéressant de noter que Le Patriote, avant l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir, enregistrait les meilleures ventes. Mais une fois son camp au gouvernement, ce même journal a vu ses chiffres chuter, au point d’organiser une réunion de crise financière moins d’un an après. Pourquoi ? Parce qu’il n’avait plus rien à dénoncer. Or, le journalisme trouve son sens dans la critique, dans la capacité à dire que « le train n’est pas à l’heure ».
Qu’en est-il du paysage audiovisuel ?
À première vue, l’arrivée de nouvelles chaînes privées sous Ouattara aurait pu donner l’illusion d’une véritable ouverture du secteur. Mais en réalité, il s’agit d’une libéralisation contrôlée, car ces chaînes sont elles aussi sous l’influence de figures proches du pouvoir.
Certains sujets sensibles sont délibérément évités, certains invités soigneusement écartés, et une critique virulente du régime est inexistante.
Je tiens à exprimer mon soutien aux confrères qui tentent d’exercer leur métier avec intégrité, malgré les entraves. À l’inverse, j’adresse un carton rouge à ceux qui ont troqué leur éthique contre des compromissions indignes de notre noble profession.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes générations pour une presse indépendante et de qualité à l’avenir ?
Il est impératif d’appliquer les textes en vigueur. La Côte d’Ivoire a ratifié la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui stipule que les médias publics doivent être affranchis de toute influence de l’exécutif, y compris en matière de nomination des dirigeants des organes de presse et des instances de régulation.
Si ces dispositions étaient respectées, les médias publics gagneraient en indépendance et en professionnalisme. Loin de servir de relais à la propagande, ils deviendraient des outils d’information crédibles, garants du pluralisme et du respect du droit à l’information des citoyens.
Comment Vincent Djiropo, Dominique Mensah et les 18 autres ont-ils été libérés ? Y a-t-il eu un procès ?
Votre question est fort pertinente. Les conditions de leur arrestation et de leur libération témoignent d’une volonté manifeste des autorités de museler toute contestation afin de mener à bien leur projet de reforestation, sans être gênées par les revendications des Winnin.
L'une des images des nudistes de Micro Libre
Tout commence avec l’arrestation de Vincent Djiropo, le 14 décembre 2024, suivie deux jours plus tard de celle de Dominique Mensah à son bureau du Plateau. Les 18 autres militants, venus soutenir leurs leaders, sont également interpellés, à peine descendus du mini-car qui les transportait. L’accusation ? Trouble à l’ordre public.
Présentés devant le juge d’instruction à la mi-janvier, ils sont placés sous mandat de dépôt par ordonnance, en attendant leur jugement. Toute demande de liberté provisoire est rejetée. Puis, coup de théâtre : deux mois plus tard, sans procès ni condamnation, ils sont libérés.
Mais sous quelles conditions ?
Le contrôle judiciaire qui leur est imposé est particulièrement contraignant : interdiction de participer à des conférences de presse, de communiquer sur l’affaire par quelque canal que ce soit, obligation de se présenter périodiquement devant le greffe du tribunal.
En réalité, c’est une stratégie pour les réduire au silence et avancer sans entrave dans l’exécution du projet.
En parallèle, le Ministère des Eaux et Forêts accélère les négociations avec les chefs de la région. Moins de trois semaines après la libération des détenus, il annonce l’adoption du Plan d’aménagement de l’Agro-forêt de Monogaga. Si ce plan prévoit une augmentation des terres restituées aux Winnin (passant de 8 000 à 13 000 hectares), des zones d’ombre subsistent.
Les manifestations et la médiatisation ont-elles joué un rôle déterminant dans leur libération ?
Je le crois fermement. La mise sous silence de Vincent Djiropo et Dominique Mensah, notamment par l’interdiction de toute prise de parole publique, révèle l’embarras des autorités face à la médiatisation de l’affaire.
"Les faits que je rapporte sont pourtant indéniables : la présence des nudistes à Kounouko ne saurait être niée."
D’ailleurs, je tiens à saluer les médias et les organisations de la société civile qui ont contribué à donner un écho retentissant à cette situation. Des plateformes comme Le Monde, Mongabay, Enquête Média, Influencemag.ci et Eburnietoday, ainsi que des ONG comme JVE, Amnesty International et ACI de Pulchérie Gbalet, ont joué un rôle crucial.
Mais la question fondamentale demeure : la justice a-t-elle été rendue aux Winnin ? Malheureusement, la réponse est non.
La répression ne saurait tenir lieu de solution durable. Seule une concertation sincère permettra d’assurer la stabilité et la paix sociale dans cette région stratégique.
Interview réalisée par Athanase Kangah