-Au lieu de fatiguer Dieu/Message à Monsieur le Président de la république, chef de l'État

Monsieur le Président, vous avez rappelé le 22 juin dernier, à Ébimpé, que vous êtes le Président de tous les Ivoiriens. À ce titre, vous n'ignorez pas ce qui se passe dans votre pays. Vous connaissez donc les sentiments qui animent vos administrés. Vous savez bien qu'il y a aujourd'hui deux groupes d'Ivoiriens aux sentiments croisés : les Ivoiriens heureux, ceux du Rhdp; les malheureux, ceux de l'opposition. Vous avez rendu le premier groupe plus heureux quand le 29 juillet dernier, vous avez annoncé que, pour des défis sécuritaires, économiques et monétaires, vous avez décidé de briguer un autre mandat. Les Ivoiriens qui constituent le second groupe ne sont pas heureux parce que les dirigeants qu'ils ont choisis pour défendre leurs couleurs respectives sont frappés par des décisions de justice. Ils sont devenus même plus abattus quand, à l'issue de votre message du 6 août, ils n'ont pas entendu le mot qu'ils attendaient : amnistie.

Monsieur le Président, si dans votre camp, parti majoritaire, il vous est difficile de trouver des candidats substituts dits plans B, c'est que, pour l'opposition, l'équation est encore plus ardue.

Vous êtes le président de tous les Ivoiriens, je suis l'un de vos administrés. Comme Dieu me donne le souffle de m'adresser à vous, je n'ai pas besoin d'aller l'implorer pour que l'élection soit apaisée en Côte d'Ivoire.

Monsieur le Président, au lieu d'aller dans des lieux de culte pour demander à Dieu d'apaiser notre élection, je préfère m'adresser à vous. En effet, les parents emmènent leurs malades dans les camps de prières quand les médecines moderne et traditionnelle ne peuvent plus rien faire. On se résigne : "tout est dans les mains de Dieu". Tel n'est pas le cas de la Côte d'Ivoire. La maladie de la Côte d'Ivoire n'est pas incurable. L'élection apaisée n'est pas dans les prières, mais dans la signature du président Ouattara pour une amnistie qui permette aux dirigeants que l'opposition désire de se présenter à l'élection du 25 octobre prochain. Vous êtes le médecin, vous êtes le président, quel intérêt a-t-on à crier chaque jour dans les oreilles de Dieu :" élection apaisée" ? Allah est-il obligé ? Que signifient "le vivre ensemble" et "la cohésion sociale" ?

Vous êtes le président de tous les Ivoiriens, je suis l'un de vos administrés. Comme Dieu me donne le souffle de m'adresser à vous, je n'ai pas besoin d'aller l'implorer pour que l'élection soit apaisée en Côte d'Ivoire. Est-ce Dieu qui organise les élections apaisées au Ghana, au Sénégal ou en France ?

Je vous remercie.

PS : Je suppose que mon cri de cœur vous parviendra car je ne pense pas que qui de droit ne transmette ou ne se saisisse que des propos offensants.

Par Pascal Kouassi, écrivain