Gnamien Konan. Ph. d'archives
Dans une déclaration publiée sur Facebook, Gnamien Konan dénonce soixante-cinq ans de fixation étatique des prix agricoles, accuse cinq présidents ivoiriens successifs et appelle à mettre fin à une injustice qu’il qualifie d’arnaque organisée.
Abidjan, le 5 août 2025 (crocinfos.net)---Dans une publication diffusée récemment sur sa page Facebook, Gnamien Konan, ancien directeur général des Douanes et ex-ministre, s’est livré à une critique frontale de la gestion étatique des principales filières agricoles de Côte d’Ivoire, en particulier celles du cacao, du café et de la noix de cajou. Par un geste à forte portée symbolique, il déclare « porter plainte » contre les dirigeants politiques successifs, de Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara, en passant par Henri Konan Bédié, Robert Guéï et Laurent Gbagbo.
Reprenant à son compte, dans une forme d’écho ironique, une célèbre formule du père fondateur de la République — « On nous a trop volés », prononcée jadis pour dénoncer les abus de la colonisation — Gnamien Konan relance aujourd’hui ce cri d’indignation sous un nouveau mot d’ordre :
« Trop, c’est trop ».
« Trop, c’est trop ! Je dépose plainte contre ceux qui, depuis plus de six décennies, ont pris des décrets pour fixer unilatéralement les prix du cacao, du café et de la noix de cajou — des biens dont ils n’étaient ni les propriétaires ni les acquéreurs », affirme-t-il avec fermeté.
Pour l’ancien ministre, cette pratique, héritée des premières années de l’indépendance, constitue un paradoxe économique flagrant et une injustice structurelle que subissent, depuis plus de 65 ans, les producteurs ivoiriens.
« Nous vivons depuis trop longtemps dans une forme d’iniquité institutionnalisée, qui s’apparente à un véritable vol organisé de nos parents planteurs. Pendant que ceux-ci s’épuisent à cultiver leurs terres, des intermédiaires, souvent étrangers, s’enrichissent massivement avec la complicité passive, voire active, de nos dirigeants », dénonce-t-il.
Gnamien Konan remet en cause la légitimité même de l’État à intervenir dans la fixation des prix agricoles. Selon lui, l'État aurait dû se contenter de définir les bases fiscales applicables aux produits d’exportation, sans empiéter sur les prérogatives des producteurs.
« Le rôle de l’État devait se limiter à déterminer la base taxable de ces produits. Jamais il n’aurait dû fixer les prix de vente de marchandises dont il ne détient ni la propriété ni le droit de commercialisation », souligne-t-il.
Dans un ton aussi ferme qu’engagé, l’ancien haut fonctionnaire appelle à une réforme profonde des mécanismes de gouvernance des filières agricoles, fondée sur le respect de la propriété privée, la transparence des marchés et la revalorisation du travail paysan.
« Il est grand temps que cette arnaque systémique cesse. Le véritable combat est là : rendre justice à nos planteurs, qui sont les piliers invisibles de notre économie nationale », conclut-il.
Charles Kpan