Tidjane Thiam président du PDCI-RDA...
Réélu triomphalement à la tête du PDCI-RDA après une démission surprise, Tidjane Thiam incarne à la fois l’espoir et l’incertitude d’une opposition ivoirienne confrontée à un avenir politique semé d’embûches.
La scène politique ivoirienne est actuellement marquée par une dynamique ambivalente autour de la figure de Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA. Deux jours seulement après avoir démissionné de la présidence de ce parti historique, il a été réélu avec une majorité écrasante, confirmant ainsi son rôle central dans l’avenir du PDCI-RDA. Toutefois, cette réélection s’inscrit dans un contexte judiciaire et électoral délicat, caractérisé notamment par sa radiation de la liste électorale en vue de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Cette situation soulève de nombreuses interrogations quant à sa capacité à maintenir son influence et à peser dans l’arène politique ivoirienne. Quel avenir pour Tidjane Thiam ? Comment le PDCI-RDA et l’opposition peuvent-ils s’organiser face à ces incertitudes ?
Cette reconduction dépasse le simple renouvellement d’un mandat : elle constitue également un signal fort adressé à ses adversaires, en particulier ceux qui contestent sa légitimité par le biais de procédures judiciaires.
La démission surprise de Tidjane Thiam, suivie de sa réélection quasi unanime à la tête du parti, illustre la forte dépendance du PDCI-RDA à son leadership. Avec 99,77 % des suffrages exprimés, les militants ont réaffirmé leur confiance en lui, apaisant ainsi une période marquée par l’instabilité et les contestations internes. Cette reconduction dépasse le simple renouvellement d’un mandat : elle constitue également un signal fort adressé à ses adversaires, en particulier ceux qui contestent sa légitimité par le biais de procédures judiciaires. Le fait que la justice ivoirienne ait statué en sa faveur, le même jour, dans le litige l’opposant à Valérie Yapo, vient conforter cette dynamique.
Cependant, cette victoire politique demeure fragile. Le PDCI-RDA, fondé par Félix Houphouët-Boigny et longtemps hégémonique sur la scène nationale, semble aujourd’hui privé d’alternative crédible à Tidjane Thiam. Ce dernier tire par ailleurs une légitimité symbolique de son ascendance : il est le petit-fils du père de l’indépendance ivoirienne. Sa réélection traduit donc autant une adhésion militante qu’un aveu des difficultés du parti à se réinventer.
L’obstacle majeur qui se dresse devant Tidjane Thiam reste sa radiation de la liste électorale, laquelle compromet sa participation à l’élection présidentielle de 2025. Cette exclusion découle des interrogations persistantes sur sa nationalité ivoirienne, soulevées dès sa première élection à la tête du PDCI-RDA. Cette situation le place dans une posture délicate face à une justice nationale dont les décisions pèsent fortement sur le jeu politique.
Tidjane Thiam se trouve à un tournant décisif de sa trajectoire politique. Sa capacité à surmonter les obstacles judiciaires et à fédérer autour de lui déterminera non seulement son avenir personnel…
Si Tidjane Thiam parvient à être réinscrit, il s’imposera vraisemblablement comme le principal adversaire du RHDP, le parti au pouvoir, et pourrait ainsi redistribuer les cartes de l’échiquier politique. Le RHDP devra alors concevoir une stratégie efficace pour contrer ce poids lourd de l’opposition, qui a déjà ébranlé les piliers de la « case verte ». En revanche, si sa radiation est confirmée, il lui faudra s’appuyer sur la mobilisation de ses militants et œuvrer à la construction d’un front uni de l’opposition. Il pourrait, en outre, se rapprocher du mouvement « Trop c’est trop » lancé par Laurent Gbagbo, ou encore activer ses réseaux internationaux afin de préserver sa pertinence politique.
Tidjane Thiam se trouve à un tournant décisif de sa trajectoire politique. Sa capacité à surmonter les obstacles judiciaires et à fédérer autour de lui déterminera non seulement son avenir personnel, mais aussi celui du PDCI-RDA et, plus largement, de l’opposition ivoirienne à l’horizon de l’élection présidentielle de 2025. Le chemin reste semé d’embûches, mais son rôle demeure central dans la recomposition politique à venir.
Correspondant Région de Gbêkê