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C R O C I N F O S

Quand les partis politiques deviennent la propriété exclusive de leurs fondateurs (propos d’observateur)

Quand les partis politiques deviennent la propriété exclusive de leurs fondateurs (propos d’observateur)

Laurent Gbagbo, président du PPA CI

En Côte d’Ivoire, les partis politiques semblent plus que jamais confondre leadership et propriété privée. Du FPI au RHDP en passant par le PDCI, les figures historiques imposent leur monopole décisionnel, reléguant au second plan l’alternance, la collégialité et même la simple logique démocratique. Une réalité politique figée, où toute contestation interne devient une hérésie et tout plan B, un blasphème.

-Comme les partis politiques appartiennent à leurs fondateurs ou présidents...

Cette réflexion, je voulais la partager depuis mars, mais je pensais que, pour une fois, je me fourvoierais. Hélas ! rien de nouveau dans le fonctionnement des partis politiques. Hélas ! l'actualité me conforte dans ma conviction. Si le FPI n'appartenait pas à son père fondateur, celui qui l'a porté sur les fonts baptismaux à Dabou, il aurait aujourd'hui son appellation originelle, FPI, son contenu ne serait pas au Ppa-ci et "l'enveloppe" au FPI Affi. Si le FPI n'appartenait pas à Laurent Gbagbo, il n'y aurait pas de PPA-CI, le candidat du FPI à l'élection présidentielle de 2025 s'appellerait Affi N'guessan, Don Mello, Simone Ehivet Gbagbo ou Blé Goudé (s'il n'était pas frappé par une décision des juges de Côte d'Ivoire). Don Mello, ancien DG du célèbre Bnetd, aujourd'hui, semble-t-il, vice-président de l'internationale des Brics, ne peut-il pas conduire un programme de gouvernement élaboré par les dirigeants du FPI tels que Laurent Gbagbo, Koné katinan, Danon Djédjé, Hubert Oulaye pour ne citer qu'eux ? Don Mello n'a-t-il pas la carrure, l'aura internationales pour faire rayonner le label ivoire dans le monde surtout qu'il compte aux yeux des pays émergents tels le Brésil, la Russie, l'Inde ? Le président Gbagbo, avouons-le, a été diminué par les 10 années passées à la Haye, il ne peut plus parcourir la Côte d'Ivoire pour faire campagne.

De leur vivant, c'est un crime de lèse-majesté de parler de successeurs, de candidats B; leur système démocratique fonctionne comme celui de la plupart des royaumes akans.

Si, par l'extraordinaire, il est candidat et admis au 2e tour, il ne pourra pas se tenir debout pendant 90 minutes comme ce fut le cas en 2010. Si le RDR ou le Rhdp n'appartenait pas à son président Alassane Ouattara, il ne dirait pas que les octogénaires et septuagénaires qui sont ses collaborateurs depuis près de 30 ans pour certains et 15 ans pour d'autres sont incapables de conduire le programme de gouvernement du RHDP pour relever des défis sécuritaires, économiques et monétaires actuels et que lui seul est apte à le faire. Il dit qu'ils ne sont pas assez expérimentés, assez capables pour conduire un programme de gouvernement élaboré par ses soins, un programme de gouvernement qu'il va aider à réaliser. Amadou Gon Coulibaly lui a dit "Monsieur le Président vous ne partez pas, vous resterez avec nous", c'est-à-dire qu'il sera appelé à s'impliquer dans la conduite et l'exécution du programme. La nouvelle génération pourra-t-elle relever les défis à venir en dehors des cheveux gris qui ont chanté et dansé quand il les a disqualifiés ? Si la demi-douzaine qui travaille avec lui depuis plusieurs années ne peut pas faire face aux conjonctures ambiantes, les générations futures, elles, pourront-elles le faire ? Comme les partis appartiennent à leurs présidents, si Henri Konan Bédié était vivant, on ne parlerait pas des Thiam, Billon et autres Yapo Valérie; il est le candidat naturel.

Le couple Laurent Gbagbo

Son successeur aussitôt élu président aussitôt fait candidat naturel. Même rendu inéligible par la justice ivoirienne, il est candidat car il n'est pas remplaçable. Comme les Gor sont nés les Thor (Thiam ou rien), ne leur parlez pas de plan B. Ainsi va le fonctionnement des partis politiques en Côte d'Ivoire. Les programmes de gouvernement appartiennent aux présidents des partis, eux seuls sont les gardiens et les garants de la stabilité, de la sécurité, de la paix et du développement. De leur vivant, c'est un crime de lèse-majesté de parler de successeurs, de candidats B; leur système démocratique fonctionne comme celui de la plupart des royaumes akans. Les décisions leur appartiennent, les conséquences de ces décisions, elles, peuvent réagir sur tout le peuple, consentant ou non consentant.


Par Pascal Kouassi