Namizata Sangaré, présidente du CNDH
À quelques jours de la présidentielle, le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) appelle au calme et au respect des libertés fondamentales, tout en condamnant les violences et violations signalées dans plusieurs localités ivoiriennes.
Abidjan, 17 octobre 2025 (crocinfos) — Le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) de Côte d’Ivoire a exprimé, dans une déclaration publiée vendredi, sa « vive préoccupation » face aux tensions observées dans le climat pré-électoral à moins de deux semaines du scrutin présidentiel prévu le 25 octobre. L’institution, présidée par Namizata Sangaré, dit suivre « avec la plus grande attention » la situation sur l’ensemble du territoire national, à travers ses trente et une Commissions régionales des droits de l’homme (CRDH).
Depuis la validation, le 8 septembre, par le Conseil constitutionnel, de la liste définitive des candidats à la présidentielle, le CNDH observe une multiplication des appels à manifester lancés par certains acteurs politiques, notamment sur les réseaux sociaux et lors de conférences de presse, en dépit des interdictions prononcées par les autorités locales.
Des marches et rassemblements sporadiques ont été signalés dans plusieurs localités, notamment à Cocody, Yopougon, Aboisso, Bonoua, Bouaflé, Gagnoa, Daloa et Bangolo. Ces mobilisations, selon le CNDH, ont conduit à des interventions des forces de sécurité et à de nombreuses arrestations. L’institution fait également état de perturbations dans les établissements scolaires, certains ayant été temporairement fermés pour des raisons de sécurité.
Un drame est survenu le lundi 13 octobre à Bonoua, où un jeune homme de 22 ans a perdu la vie après avoir été atteint par balle. La Direction générale de la police nationale a annoncé, le lendemain, l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances de ce décès.
Dans sa déclaration, le CNDH rappelle que « la liberté d’expression est un droit fondamental universel et constitutionnel », mais qu’elle doit s’exercer dans le respect des droits d’autrui et de l’ordre public. De même, « le droit de manifestation et de rassemblement pacifique », garanti par la Constitution ivoirienne et les instruments internationaux, ne peut s’exercer que dans le strict cadre des lois et institutions de la République, « à l’exclusion de tout recours à la violence ».
Le Conseil appelle donc l’ensemble des acteurs politiques et sociaux à la retenue et au dialogue, les invitant à privilégier « les voies légales d’expression et de manifestation de leurs libertés fondamentales ». Il dit suivre de près les procédures judiciaires ouvertes à l’encontre des personnes interpellées lors des récentes manifestations, tout en insistant sur la « nécessité de protéger les droits des citoyens » et de prévenir tout acte de violence susceptible de compromettre la paix publique.
Le CNDH salue par ailleurs la décision des autorités policières d’ouvrir une enquête sur la mort du jeune de Bonoua et réclame des investigations sur « tous les cas d’atteintes et de violations des droits de l’homme » survenus au cours des derniers jours.
Condamnant « les actes de défiance à l’encontre des institutions républicaines » et les appels à la désobéissance, le Conseil prévient que ces comportements sont « de nature à fragiliser l’État de droit et à menacer la cohésion nationale ». L’institution appelle la population à préserver le climat de paix, condition essentielle à la tenue d’un scrutin « libre, apaisé et démocratique ».
« Le CNDH et ses Commissions régionales réitèrent leur engagement à assurer une surveillance accrue du processus électoral et à contribuer à un environnement respectueux des droits humains », conclut la présidente Namizata Sangaré, adressant ses condoléances à la famille du jeune homme décédé à Bonoua.
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