Félix Houphouët-Boigny
Alors que tous se réclament d’Houphouët-Boigny, les valeurs de paix et d’humanité qu’il a incarnées sombrent dans l’oubli. La Côte d’Ivoire s’enfonce dans la haine, la peur et la défiance généralisée.
Abidjan, le 26 mai 2025 (crocinfos.net)---Le PDCI-RDA a jadis façonné l’identité humaniste de la Côte d’Ivoire sous l’impulsion éclairée du président Félix Houphouët-Boigny. Le père fondateur de la Côte d'Ivoire moderne a insufflé à la nation des valeurs fondamentales de paix, de dialogue et d’amour du prochain. Il suffit de revisiter quelques-unes de ses citations emblématiques pour s’en convaincre : « La paix, ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement », « Le dialogue est l’arme des hommes forts », ou encore « Mon cœur est si rempli d’amour qu’il n’y a pas de place pour la moindre haine ».
Ses fidèles compagnons d’alors s’en faisaient l’écho en rappelant : « Le linge sale se lave en famille. »
Hélas, ces principes fondateurs semblent aujourd’hui relégués aux oubliettes, tant par le PDCI-RDA lui-même que par les différents régimes qui se sont succédé depuis la disparition du père de la nation. Pourtant, ces mêmes dirigeants ne cessent de s’en revendiquer haut et fort : « Nous sommes des enfants d’Houphouët », « Nous sommes des Houphouëtistes », clament-ils à qui veut les entendre.
La Côte d’Ivoire, jadis havre de paix et de fraternité, perd inexorablement son âme. Les droits humains y sont bafoués, et l’idéal d’Houphouët-Boigny se dissout dans le tumulte des ambitions politiques.
Mais la réalité du terrain est bien plus sombre. La manipulation des masses, les violences politiques, les massacres et les tueries entachent chaque élection présidentielle. Lors d’une conférence de presse tenue le 5 mai 2025, Simone Ehivet Gbagbo, porte-parole de la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI), a dressé un tableau accablant des dérives sanglantes du pays. Le bilan officiel est glaçant :
- 1995 : 30 morts ;
- 2000 : 300 morts ;
- 2010 : 3 000 morts ;
- 2020: 87 morts, des centaines de blessés, et l’emprisonnement de figures de l’opposition.
À Daoukro, en 2020, une scène d’horreur a marqué les esprits : la tête décapitée d’une victime utilisée comme ballon de football. Le Rubicon de l’inhumanité venait d’être franchi. Des cœurs se sont endurcis, habités désormais par la haine.
Aujourd’hui, même les conflits internes au PDCI-RDA, qui devraient se résoudre dans le secret de la famille politique, sont étalés sur la place publique, livrés à la justice sous les regards avides des médias et des réseaux sociaux.
La défiance est désormais généralisée : les Ivoiriens se toisent, méfiants, comme des chiens de faïence. La peur étouffe les cœurs. On se méfie de son propre frère. On se tait de peur d’être arrêté. La psychose gagne les esprits à chaque cycle électoral, attisée par les discours violents et les vagues de désinformation.
La Côte d’Ivoire, jadis havre de paix et de fraternité, perd inexorablement son âme. Les droits humains y sont bafoués, et l’idéal d’Houphouët-Boigny se dissout dans le tumulte des ambitions politiques.
Sériba Koné