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C R O C I N F O S

[« On vous a trop volés »] Gnamien Konan brise le silence sur le pillage des producteurs de cacao

[« On vous a trop volés »] Gnamien Konan brise le silence sur le pillage des producteurs de cacao

Gnamien Konan. Ph. d'archives

Dans un appel sans concession, Gnamien Konan exhorte les producteurs ivoiriens de cacao à fixer eux-mêmes leurs prix, dénonçant un système qui, depuis des décennies, prive les planteurs des fruits réels de leur labeur.

Abidjan, le 15 août 2025 (crocinfos.net) – Le ton n’est pas diplomatique. Il claque comme un coup de tonnerre dans un ciel déjà lourd de colère paysanne. « On vous a trop volés ! » lâche Gnamien Konan, président de la Nouvelle Côte d’Ivoire, accusant frontalement le système qui, depuis des décennies, asphyxie les planteurs de cacao.

Dans un pays premier producteur mondial, où le cacao fait vivre plus d’un million de familles, le paradoxe est cruel : ceux qui cultivent « l’or brun » restent prisonniers d’un prix imposé, fixé loin des réalités de leurs champs et de leurs besoins. Pour l’ancien ministre, la coupe est pleine : « Fixez dès aujourd’hui le prix du kilogramme de votre cacao », exhorte-t-il, appelant les producteurs et leurs coopératives à rompre le cercle de la résignation.

Le réquisitoire est implacable : pourquoi l’État ne fixe-t-il pas le prix du manioc, du gombo ou des oranges, mais s’arroge-t-il le droit de déterminer celui du cacao ? « Votre cacao ne lui appartient pas », martèle Gnamien Konan, rappelant que le produit se négocie en ville à des prix vertigineux : 2.000 francs CFA pour 100 grammes de poudre, soit 20.000 francs le kilo, et jusqu’à 42.000 francs pour un kilo de chocolat noir à Abidjan.

Au-delà du prix, c’est tout un modèle économique qui est pointé du doigt. Les planteurs exportent une matière brute qui, transformée ailleurs, génère des marges colossales. « Le cacao, c’est un puissant alicament », insiste Gnamien Konan, listant ses vertus thérapeutiques et ses dérivés – beurre, poudre, chocolat – qui pourraient être produits localement. Mais, faute d’industrialisation et d’autonomie commerciale, la richesse s’évapore vers d’autres continents.

Son appel résonne comme un acte de rupture : se libérer de la tutelle, fixer soi-même son prix, inventer une économie du cacao au service des producteurs et non des intermédiaires. « Prenez en main votre vie », conclut-il, avant de répéter, comme un cri de ralliement : « Trop, c’est trop. On vous a trop volés. »


Charles Kpan