Le siège de la MATCA, au plateau. À titre d'illustration.
Abidjan, le 21 novembre 2025 (crocinfos)---Depuis plusieurs années, la Mutuelle d'Assurances des Taxis Compteurs d'Abidjan (MATCA) traverse une période de turbulences sans précédent. L’institution, jadis emblématique, se trouve aujourd’hui noyée dans un océan de malversations financières, de crises internes et de gestion chaotique. Les accusations de détournement de fonds et les scandales à répétition ont plongé les sociétaires dans une profonde désillusion. Ces derniers, laissés pour compte, aspirent à un retour rapide à la stabilité et à la légalité. Mais qui, parmi les figures actuelles, est en mesure de redresser la barre et de redonner espoir aux milliers de membres de cette mutuelle ?
Le nom de Seri Kanon, actuel administrateur principal des services financiers, revient fréquemment dans les discussions. Nommé Directeur Général par intérim en avril 2025, il est désormais vu comme l'un des derniers recours pour assainir une gestion qui semble inextricablement liée au désordre. Pourtant, avant d’assumer cette responsabilité, Seri Kanon était perçu comme celui qui pourrait apporter un changement radical à la MATCA, à la suite de la prise de fonction du président du Conseil d’Administration, Adama Coulibaly, en 2009.
Cependant, pour certains sociétaires, une question demeure : pourquoi M. Guedou Élie Ousmane, l’ex-directeur général de la MATCA, reste-t-il libre de ses mouvements malgré les lourdes charges qui pèsent sur lui, notamment pour fraude sur sa nationalité et détournement de fonds ? Cette situation déconcertante soulève des interrogations légitimes sur la légalité des décisions prises au sein de l’institution.
À l’unanimité, Seri Kanon est présenté comme la meilleure option pour restaurer la légitimité de la MATCA. Pourtant, certains acteurs du secteur préfèrent maintenir des réseaux de copinage et de favoritisme, donnant une place prépondérante à des arrangements opaques qui continuent de prospérer dans l’impunité.
Lorsqu'Adama Coulibaly, le président du Conseil d'Administration sortant, évoque la dissolution du Conseil d'Administration en place depuis 2014, il s'agit bien plus que d’une simple régulation des finances de la MATCA. Il s'agit de rétablir une légitimité disparue, laissée vacante par des dirigeants autoproclamés et des décisions en dehors du cadre légal. Guedou Élie Ousmane, qui a exercé des pouvoirs sans en avoir les mandats légaux, a conduit la MATCA dans une impasse. Malgré cela, certains acteurs du secteur, comme le Haut Conseil des Transports, tentent encore de trouver une solution amiable, mais ces démarches ne semblent pas en mesure de résoudre le conflit.
Un tournant décisif
Le mois d'avril 2025 marque un tournant décisif dans la crise de la MATCA. Après l’arrestation de Guedou Élie Ousmane, accusé de fraude et de détournements, la nomination de Seri Kanon en tant que DG intérimaire est perçue comme une bouée de sauvetage. M. Kanon a pris ses fonctions avec détermination, s’engageant à redonner à la MATCA son image et sa fonction légale. Selon lui, l'institution doit redevenir un modèle de gestion saine, au service des taxis-compteurs d’Abidjan.
Mais la tâche n’est pas uniquement d’assurer la gestion quotidienne. Il s'agit de remettre en place des structures de gouvernance respectueuses des règles de la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA) et des statuts de la MATCA, comme l’a souligné Adama Coulibaly. Ce dernier rappelle que Fama Touré, l’actuel dirigeant, n’a jamais été légitimement élu. Il qualifie la gestion de la MATCA sous Guedou Élie Ousmane d’un abus de langage et d’un lapsus administratif, où la mutuelle a été conduite hors des normes établies.
Le Collectif des Sociétaires, qui a porté plainte contre Guedou Élie Ousmane, se bat pour rétablir la légitimité au sein de la MATCA. Leur action vise à faire en sorte que Seri Kanon, avec son expérience et son intégrité, puisse assumer la lourde tâche de rétablir l’ordre et la légalité dans cette mutuelle en crise. Cependant, l’instabilité persiste. Les résistances internes et les affaires judiciaires liées à l’ancien DG compliquent la situation. Le chemin vers une gestion stable et réformatrice semble semé d’embûches.
Vers une sortie de crise ?
En définitive, la MATCA se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif. D’un côté, le nouveau DG par intérim, Seri Kanon, semble être l’homme capable de remettre l'institution sur de bons rails. De l’autre, les malversations et les luttes de pouvoir continuent de freiner toute tentative de normalisation.
À l’unanimité, Seri Kanon est présenté comme la meilleure option pour restaurer la légitimité de la MATCA. Pourtant, certains acteurs du secteur préfèrent maintenir des réseaux de copinage et de favoritisme, donnant une place prépondérante à des arrangements opaques qui continuent de prospérer dans l’impunité. Le retour de Seri Kanon est très attendu, mais les résistances sont nombreuses. Certains acteurs préfèrent laisser la MATCA fonctionner comme une caisse noire, où il n’y a pas de comptes à rendre et où l’impunité règne en maître.
La prochaine étape du chemin vers la normalisation passe par la réhabilitation des structures et l’application stricte des textes de la MATCA. Si ce processus n’est pas suivi avec rigueur, il est à craindre que les sociétaires continuent de subir l’anarchie au sein de cette mutuelle, censée être un modèle de sécurité et de protection pour les transporteurs. Le temps presse, et la patience des sociétaires s’amenuise, car ils attendent un retour à une gouvernance saine, loin de l’ombre du désordre et de l’improvisation.
Sériba Koné