[Conflit de chefferie à Bondoukou Ouelekei] La construction de l’université du Gontougo lancée dans un contexte trouble

[Conflit de chefferie à Bondoukou Ouelekei] La construction de l’université du Gontougo lancée dans un contexte trouble

Depuis 2004, date de l’intronisation d’un chef de quartier en chef de village, Ouelekei, banlieue de Bondoukou connait un grave litige  de chefferie (Photo de Une : Sié Kouassi Apéléki, vrai chef d’Ouélékéi fait la libation de la terre remise à l’État en présence de SIé Kobenan, la tête baissée).

Un conflit, qui sans être alarmiste, pourrait avoir des conséquences néfastes sur la réalisation de l’Université du Gontougo. 16 ans après, ladite crise a pris des proportions graves.

Les origines de ce conflit qui oppose Dagbolo  Sié  Kouassi  Akélépi  à  Sié Kobenan, il faut remonter à l’histoire du village Ouelekei dont le nom originel était  Ouolokia  qui aujourd’hui fait partie de la commune de Bondoukou suite à un regroupement de 4 entités  villageoises   ayant chacune conservée sa chefferie que sont  Ouelekei- Katobilé, Kanguélé, Gbanga-sié  et   Bamarasso , village encore appelé Ganbéni.  Au regard du schéma migratoire entre le 13 et 18e  siècle  du peuple Nafana de Ouélekéi dont les  2 protagonistes sont issus , il apparait clairement que le fondateur dudit village est le petit-fils de Togba, parti de Gbanga –sié,  Ouolo Kouakou qui nommera  d’ailleurs son  village  Ouolokia (village de Ouolo)devenu par déformation Ouélekéi autour duquel les autres villages vont se greffer pour former un seul gros village Ouélekei, dont les habitants sont les détendeurs exclusifs de la chefferie et des terres, les 3 autres entités devenant désormais des quartiers en gardant leurs chefs qui exerceront la fonction de chef de quartier. Quant à l’origine de Sié Kobenan, sa famille première à être accueillie par les Ouolokia vient du quartier Bamarasso ( Ganbéni).

Une copie de l’attestation villageoise

Ainsi de Ouolo Kouakou depuis la fondation à Dagbolo Sié Kouassi Akélépi  intronisé depuis 1969 en passant par Sié Kossa, Péguinigué et Sié Kouakou N’Guettia décédé en 1967, la chefferie sera assumée par  la descendance du Patriarche Ouolo. Depuis donc 1969, Dagbolo Sié Kouassi Akélépi  est reconnu de tous comme le détenteur du trône. Idem   par son actuel protagoniste Sié Kobenan,  qui alors enseignant  à Abengourou, lui  avait adressé écrit un courrier  le 20 juillet 1999 avec la mention « Monsieur Kouassi Akélépi, Chef du village de Ouélékehi ». Lui, le professeur d’histoire qui refuse l’histoire de son peuplement.  Notons qu’à cette époque c’est-à-dire 1969, il n’existait pas  en Côte d’Ivoire, d’arrêté de nomination de chef par l’administration.

L’imposture

Profitant de l’absence d’arrêté administratif désignant le statut  de chef de village, après 34 ans de règne, Dagbolo Sié Kouassi Akélépi, se voit ravir son titre  suite à une machination des plus ourdies.

Précédemment  professeur d’histoire géographie à Abengourou, Sié Kobenan du temps du pouvoir Fpi se fait affecter à Bondoukou avec un plan macabre dans la besace. C’est alors qu’il tentera sans succès de se faire désigner chef du village Ouélekei avec comme parrain Laurent Dona Fologo, alors président du Conseil économique et social. Nommé par la suite au sein du conseil général de Bondoukou et la bénédiction de Sécré Richard, baron du parti de Laurent Gbagbo, l’enseignant d’histoire va tordre l’histoire de son peuple. Ainsi, prétextant du décès de sa génitrice, lui et son parrain Sécré richard feront venir Simone Gbagbo ci-devant première dame pour les funérailles.

Une arrivée qui mobilise toutes les autorités administratives et coutumières en occurrence tout le corps préfectoral de la région et les FDS. Par un tour de magie et de duperie, les obsèques se sont muées macabrement en fête de réjouissance et d’intronisation de Sié Kobenan en tant que chef de village, délestant de la pire manière le véritable détenteur de son trône de Chef de Ouélekéi, Nanan Sié Kouassi Apélépi. Ce, avec la complicité du préfet TRA Bi Gohi  et un faux PV daté du 23 juillet 2003 relatif à la désignation par un curieux collège de notables du chef d’Ouélékei. Quels sont ces notables ? À quel moment ce fameux PV a été rédigé ? Difficile d’y répondre. Sauf que ce jour-là, une intronisation est faite sans remise  de facto d’arrêté de nomination comme cela se fait  habituellement et légalement. Sinon comment expliquer et comprendre que c’est  2 ans après  c’est-à-dire  le 10 août 2005 que l’arrêté N° 41/RZ/PBKOU/SG-1  faisant de Sié Kobenan est signé et délivré. Pire, dans sa missive daté du 2/11/ 2007  adressée au chef de quartier Bamarasso qui le désignait comme chef de quartier Ouélékéi –Ganbéni, Sie Kobenan fait savoir « …Je ne suis pas le chef de Wélékéi-ganbéni comme vous l’écrivez malheureusement dans votre convocation. Je  suis le chef d’Ouélékéi. J’ai été intronisé dans les règles de la tradition Nafanan de Ouélékéi le 1juin 2003…  le 15 août 2005, j’ai été reconnu par l’administration de Côte d’Ivoire par arrêté  à la suite d’une cérémonie officielle en présence de Mme Simone Gbagbo, 1ère Dame….» A quelle cérémonie faisait-il allusion ? Des fameuses obsèques transformées en intronisation ? Il faut être de la trempe de Sié Kobenan pour se prévaloir d’un tel titre alors que les attributs de la chefferie sont ailleurs et en possession d’autrui. Lui qui écrit le nom de son village de plusieurs manières, tantôt Wélékéi tantôt Ouélékéi, chose qui achève de convaincre sur l’usurpation de titre. Une grosse imposture qui jusqu’en 2020 continue de prospérer  mettant ainsi le village sur un pied de guerre.

De vives protestations

Depuis 2005, les populations désabusées veulent réparation. Mais avec le Fpi au pouvoir, rien n’y fi. Sié Kobenan aidé de son mentor  se pavane avec un poste sans attributs ancestraux. Les plaintes des populations  ne peuvent avoir d’écho favorable auprès des autorités administratives qui craignent le courroux du tout puissant  d’alors Sécré Richard.

En 2010, le pouvoir change avec l’accession d’Alassane Ouattara à la magistrature suprême. Les populations d’Ouélékéi vont de nouveau saisir les autorités au plus haut niveau.  Le 03/02/2014, un courrier d’opposition  est adressé au Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, ministre de tutelle. Homme de droit et respectueux de la légalité, des instructions sont données au Préfet de région pour enquête et diligence. Des rencontres sont faites pour la gestion et la résolution dudit conflit durant 2 ans.  Dans 1er rapport, M.SEKA fidèle, Sous-préfet, n’ayant pas trouvé d’entente entre les protagonistes décide de commun accord de porter l’affaire devant  le Roi des brons, Nanan  Adingra Kouassi Adjemane.

Après discussions celui-ci désigne  quartier Katobilé comme étant le fondateur d’Ouélékéi donc détenteur de la chefferie. Le camp de Sié Kobenan s’oppose encore et l’on décide faire recours aux fétiches pour une affaire purement administrative. Des pétitions sont faites pour rétablir Nanan Sié Apéleki dans ses droits.  Mais là encore, Nanan Adou Bibi 2, roi du Pinango et complice de Sié Kobenan va faire jouer ses relations pour empêcher les différents rapports de remonter à la tutelle. Ce, jusqu’à ce vienne le projet de construction de l’université de Bondoukou sur le site du village de Ouélékéi.

L’université menacée

Le président Alassane Ouattara dans sa volonté de décentraliser l’enseignement supérieur, octroi une université à Bondoukou. Le site choisi est à Ouélékéi.  Le conflit  de chefferie refait surface quand il s’agit de la délivrance d’une attestation villageoise à l’Etat de Côte d’Ivoire et surtout la purge coutumière. Le clan Sié Kobenan fait des mains et pieds pour arracher le marché. L’affaire est bloquée et le gouvernement  constate la réalité sur le terrain. L’attestation ne peut-être délivrée que le propriétaire terrien  d’Ouélékéi à qui revient de coutume le trône de chef de village. Recours est donc fait Dagbolo Sié Kouassi Akélépi. Lui que le Clan Sié Kobenan ne reconnaît plus comme chef. Ce dernier pour l’intérêt suprême de sa région  va apposer son sceau et sa signature sur l’attestation villageoise de propriété foncière délivrée le 18/11/2015  à l’Etat. Nanan Adou Bibi 2 signe comme témoin ( voir fac simile). Mieux, Apéléki va faire la libation (voir photo) en présence de Sié Kobenan dont l’attitude sur la photo dit tout los du Conseil des ministres extraordinaire tenu à Bondoukou.

Or, depuis les temps ancestraux dans l’histoire d’Ouélékéi, seul le propriétaire terrien est chef de village selon la lignée qui a toujours été respectée.

Lorsqu’en 2019, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly s’y rend pour la cérémonie de la pose de la 1ère pierre de l’université, la bataille reprend quand est programmée une cérémonie de libation. Sié Kobenan et son clan prétextant d’un projet de Laurent Gbagbo récupéré par Alassane Ouattara et le Rhdp, menacent  de créer des incidents et huer  le Pm si d’aventure le Chef Akélépi est désigné pour la libation.  La tension monte et  en présence du Préfet de région, du maire, du médiateur délégué, de Nanan Adingra Adjemane et Nanan Adou Bibi, Dagbolo Akelépi  accepte la proposition d’une tierce personne neutre afin d’éviter de cautionner des incidents.  Faisant preuve ainsi de sagesse, Sié kouassi Akélépi accepte que la libation sur sa terre soit faite par un méconnu de ses ancêtres.

Le 19 décembre 2019, Amadou Gbon pose la 1ère pierre. L’ouverture de l’université est pour la rentrée 2020-2021. Et le problème de la chefferie demeure avec un imposteur comme chef. Pourtant, Nanan Sié Kouassi Apéléki qui est toujours  vivant avec à son actif 51 ans de règne. Peut-il être remplacé de son vivant ?

C’est dans ce contexte trouble où la tradition et le modernisme s’empoignent que l’État de Côte d’Ivoire décide de construire une université, le temple du savoir de plusieurs générations à venir.

Yann-Inès


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