[Côte d’Ivoire] Interpeace au cœur de la violence de la jeunesse (rapport)

[Côte d’Ivoire] Interpeace au cœur de la violence de la jeunesse (rapport)

-‘’ Oui, nous avons de plus en plus des jeunes en difficulté’’ reconnaît le ministre Sidi Tiémoko Touré

La directrice régionale d’Interpeace pour l’Afrique de l’Ouest, Mme Anne Moltès a présenté officiellement, le jeudi 7 décembre 2017, à Abidjan le  rapport 2017 de son organisation, intitulé : ‘’ Je marche avec les garçons’’. Ce, afin de mieux faire comprendre la problématique de l’engagement des jeunes vers les nouvelles formes de violence.

Le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’emploi des Jeunes et du service civique, Sidi Tiémoko Touré (invité principal), n’est pas resté insensible à la problématique. « Le fruit de tous ces  différents travaux nous amène vers  un niveau de qualité d’appréciation réelle de la problématique des jeunes en Côte d’Ivoire, je suis honoré chaque fois que je suis sollicité » a-t-il indiqué.

Une vue des invités (organisation de la société civile, autorités politiques, administratives…)

Par ailleurs, le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’emploi des Jeunes et du service civique a démontré que le dernier recensement de 2014, montre clairement que la population ivoirienne ‘’est très jeune’’. « Les jeunes de zéro à 14 ans sont estimés à 9.480.000 individus et représentent 41,8% de la population totale. Tandis que les 15 à 34 ans sont au nombre de 8.040.000 individus qui constituent 35,9% de la population totale. Ainsi 77% de la population totale, soit plus de trois personnes sur quatre ont moins de 35 ans en Côte d’Ivoire » a révélé Sidi Tiémoko Touré.

Il a, en outre présenté les pistes de solutions adoptées par le gouvernement qui, selon lui cadre avec le contexte actuel et donne une orientation claire de toutes les couches sectorielles qui concernent les jeunes et leur développement.

« (…) Oui, nous avons de plus en plus des jeunes en difficulté. Des jeunes qui s’adonnent à des comportements à risques, à la violence, et qui posent au quotidien d’importants actes d’incivisme », a reconnu Le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’emploi des Jeunes et du service civique. Pour conclure, il a traduit sa reconnaissance à l’endroit de tous ceux qui s’engagent à lutter contre la vulnérabilité des jeunes, particulièrement Interpeace et Indigo Côte d’Ivoire.

Pour la directrice régionale d’Interpeace pour l’Afrique de l’Ouest, les trajectoires des jeunes vers la violence ne sont pas le fruit d’un endoctrinement ou l’expression d’une frustration, mais s’expliquent en grande partie par les dynamiques et les pressions sociales qui s’exercent sur eux depuis l’enfance. ‘’Si ces pressions s’exercent sur les filles et les garçons de façon indifférenciée, les réponses que ces jeunes y apportent, elles, sont fortement structurées par les normes de genre”, a-t-elle renchéri.

En effet, selon elle, ce rapport s’appuie sur les principes de Recherche action participative (RAP), et fait suite à une autre étude publiée en 2016, intitulée : ‘’Au-delà de l’idéologie et de l’appât de gain : trajectoires des jeunes vers les nouvelles formes de violence au Mali et en Côte d’Ivoire publiée’’.

L’étude a mis en avant comment la crise éducative d’une part, et la quête de sens, de réussite sociale et de nouveaux modèles d’autre part, expliquent les trajectoires de jeunes vers des groupes alternatifs de socialisation, lesquels peuvent mener vers l’utilisation de la violence.

La réussite des jeunes par des propositions concrètes. « Pour notre part, ces conclusions constituent la rampe de lancement vers une nécessaire action collective autour de la question centrale des imaginaires de réussite des jeunesses de la région », a conclu Mme Anne Moltès.

La représentante-adjointe de l’Unicef en Côte d’Ivoire, Christina De-Bruin, a indiqué que le rapport fait ressortir plusieurs éléments importants. À l’en croire, si les filles ne sont pas en majorité des actrices directes de violence, elles ne sont néanmoins pas absentes des dynamiques de violence. « En réalité, leurs trajectoires, différentes de celles des garçons, sont souvent passées sous silence. Or, les jeunes filles ne sont pas restées en marge des violences durant la crise post-électorale et on sait que les groupes de jeunes violents comme ceux dit « microbes » comptent aussi des filles parmi eux », a révélé  Christina De-Bruin. Avant de poursuivre : « Les normes et rôles de genre sont très forts dans les sociétés ouest-africaines, y compris en Côte d’Ivoire. Il est attendu des garçons et des hommes qu’ils témoignent de leur masculinité, notamment à travers des actes de violence, alors que les jeunes filles réussissent à travers le mariage et la soumission à leur époux ».

Non, sans porter un regard critique. « La pression économique qui s’exerce sur les femmes se transpose à leurs enfants. Les filles et les garçons sont appelés à contribuer aux revenus de la famille a un âge de plus en plus jeune, ce qui entraine non seulement la déscolarisation de beaucoup d’entre eux, mais également leur fragilité à travers par exemple le recours à la prostitution et au sexe transactionnel chez les jeunes filles ».

Aussi, a-t-elle invité l’ensemble des invités (société civile, autorités gouvernementales,élus…)  à se pencher davantage sur certains sujets, en collaboration avec tous les partenaires de l’enfance et de la jeunesse en Côte d’Ivoire, pour assurer l’inclusivité des politiques, pour assurer que les actions sont basées sur les évidences et pour transformer certaines normes de genre qui sont néfastes non seulement aux filles mais aussi à la société toute entière à travers. Ce,  à travers des approches ciblées favorisant la protection et l’autonomisation des adolescentes filles, la promotion des modèles de socialisation qui valorisent les filles et les garçons à partir du plus jeune âge et qui transforme les stéréotypes de genre afin de promouvoir des chances équitables en matière d’éducation et d’emploi et l’’implication des garçons et des hommes dans les interventions visant à l’égalité de genre.

Cette nouvelle étude ‘’Je marche avec les garçons ‘’, sont les trajectoires des jeunes vers la violence, miroir des dynamiques de genre à l’échelle de leur société. Elle est  une analyse locale des rôles de genre et des pressions sociales en Côte d’Ivoire et au Mali. Elle a été menée par Interpeace, Indigo Côte d’Ivoire et l’Institut Malien de Recherche Action pour la Paix (Imrap), en partenariat avec l’Unicef.

Le Montagnard


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