[Élections locales 2023 en Côte d’Ivoire] L’OIDH prévient (déclaration)

[Élections locales 2023 en Côte d’Ivoire] L’OIDH prévient (déclaration)

À quelques mois des élections locales en Côte d’Ivoire (2 septembre 2023), l'Observatoire ivoirien des droits de l’homme (OIDH) prévient sur la nécessité d'un processus électoral apaisé et sans violence, dans une déclaration du 18 mai dont nous avons reçu copie.

-La nécessité d’un processus électoral apaisé et sans violence en Côte d’Ivoire

Abidjan, le 19-5-23 (crocinfos.net) La Côte d’Ivoire, depuis trois décennies, est confrontée à des crises sociopolitiques sanglantes et à des périodes pré et post-électorales marquées par de graves violations des droits de l’homme. Les élections d’octobre 2020, qui ont officiellement causé la mort de 85 personnes, illustrent parfaitement cette réalité. Alors que le pays se prépare pour un nouveau cycle électoral en septembre 2023, il est préoccupant de constater que les problèmes liés aux crises électorales précédentes n’ont pas été efficacement résolus, selon l’OIDH.

L’impunité est l’une des principales préoccupations soulevées par l’Observatoire ivoirien des droits de l’homme (OIDH). Les poursuites concernant les violences post-électorales de 2020, qui devraient aboutir à des procès, n’ont pas encore eu lieu. Malgré la publication d’un rapport d’enquête faisant état de 85 morts et de plus d’une centaine de blessés, les responsables de ces crimes n’ont pas été définitivement identifiés et punis. L’absence de poursuites à l’encontre de certaines personnes impliquées dans des crimes et des violences politiques renforce un sentiment d’impunité et risque de susciter de nouvelles violences.

La composition de la Commission électorale indépendante (CEI) suscite également des inquiétudes quant à l’impartialité et à l’indépendance du processus électoral. Malgré l’obligation, prononcée par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, de créer un organe électoral indépendant et impartial, la composition actuelle de la CEI reste largement influencée par des acteurs politiques partisans. La récente inclusion de nouveaux acteurs politiques au sein de la CEI, par décret présidentiel, n’a pas contribué à instaurer la confiance nécessaire dans le processus électoral. Il est essentiel de prévenir tout acte potentiellement porteur de conflits pour garantir des élections justes et transparentes.

Par ailleurs, l’exclusion de certaines personnes de la liste électorale a été un problème récurrent dans l’histoire sociopolitique de la Côte d’Ivoire. L’OIDH rappelle que cette exclusion a eu des conséquences désastreuses pour le pays, notamment en termes d’instabilité, de guerre civile, de violences politiques et communautaires, et de cohabitation difficile entre les différentes communautés. Il est préoccupant de constater que des personnalités politiques importantes n’ont pas pu participer aux élections présidentielles de 2020 en raison de condamnations judiciaires, malgré les arrêts de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples demandant leur réintégration sur la liste électorale. Il est primordial d’appliquer ces arrêts pour respecter les engagements internationaux et favoriser la réconciliation et la cohésion sociale.

Le cycle électoral qui s’ouvre en 2023 représente un véritable test pour la maturité politique et démocratique de la Côte d’Ivoire. Le pays doit démontrer sa capacité à mettre fin aux violences électorales récurrentes et à se réconcilier avec lui-même. Dans cette optique, il est essentiel de garantir un processus électoral apaisé, transparent et respectueux des droits de l’homme. Les défis sont nombreux, mais en surmontant les problèmes d’impunité, en assurant l’impartialité de la CEI et en évitant l’exclusion de certaines personnes de la liste électorale, la Côte d’Ivoire peut ouvrir la voie à un avenir démocratique et pacifique. La communauté nationale et internationale doit soutenir ces efforts en faveur d’un processus électoral juste et inclusif.

Bienvenue K.R.

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