La défaite est dure, le tonnerre gronde mais…Par Fernand Dédeh

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 23-1^er-2024 (crocinfos.net)—À Barthelemy Zouzoua Inabo: Énormes désillusions ! Le tonnerre gronde. Comme en 1984, la Côte d’Ivoire organise sa CAN et elle est laminée. Le peuple exige un mouton de sacrifice et des mesures vigoureuses. Les uns pleurent, les autres rient. Le Cap-Vert, la Guinée Équatoriale, le Nigeria et l’Égypte rejoignent le Sénégal en huitièmes de finale.

Les Ivoiriens et les Ivoiriennes y ont cru. Le sursaut d’orgueil n’a pas été possible. Les Éléphants peuvent être repêchés pour les huitièmes de finale dans le lot des meilleurs troisièmes, mais la pilule est dure à avaler.

En 1984, même épreuve. L’ancien ministre des Sports, feu LDF avait raconté sa nuit du 10 mars 1984. « À la fin du match, je rentre directement chez moi. J’attends le communiqué de mon limogeage. Et quand le téléphone sonne, j’hésite à répondre. Puis, je décroche. Au bout du fils, le président Félix Houphouët-Boigny. C’est cette nuit qu’il a prononcé sa fameuse phrase : l’impossible n’est pas français. Le découragement n’est pas Ivoirien. Ce sont des Éléphanteaux… »

Ton Camarade a dit quoi à son ministre des Sports ? Disons que l’homme agit par effet miroir. Il était là en 1992 aux côtés du Bélier de Yamoussoukro lors du premier sacre des Éléphants. En 2012, après la crise post-électorale, il la voulait, la coupe d’Afrique des nations. Il a même joué au football avec ses ministres, au Felicia ancien. Quand il nomme le ministre AL, l’ex-twitto convulsif, en 2013, il lui fait la recommandation suivante : « Je veux une deuxième CAN. »

‘’Les Ivoiriens et les Ivoiriennes y ont cru. Le sursaut d’orgueil n’a pas été possible. Les Éléphants peuvent être repêchés pour les huitièmes de finale dans le lot des meilleurs troisièmes, mais la pilule est dure à avaler.’’

On pourra tout reprocher à l’ex-ministre des Sports, mais il est allé au-delà de la mission commandée. Pour gagner en Sport, il faut des fondamentaux : une loi organique qui régit le Sport, des infrastructures aux normes internationales, la formation des jeunes et des cadres, le financement du Sport, la vie des athées, le Sponsoring qui découle de l’organisation et la gestion des fédérations, des championnats nationaux renforcés et l’implication des médias. On ne gagne pas sans vision.

La Côte d’Ivoire est couchée sur son propre stade. Ph.Dr.

La politique enclenchée a abouti à l’organisation de l’Afrobasket à Abidjan en 2013, la coupe du monde de Tae-Kwendo en 2014, Les premiers résultats, la coupe d’Afrique des nations en 2015. La médaille olympique en Tae-Kwendo  en 2016 a été préparée de longue date, dès 2013. En 2013, la Côte d’Ivoire se porte candidate pour les jeux de la Francophonie et les abrite en 2017. En 2014, elle est désignée pour organiser la CAN2021. Tout cela sous le moteur de ce qu’il appelait « la diplomatie sportive ».

L’organisation de la CAN induit la construction et le développement des infrastructures sportives, routières, hospitalières, hôtelières. Disons-le tout net : ton Camarade a fait sa part. La Côte d’Ivoire sportive peut-être légitimement fière de lui. Il lui laisse un héritage énorme. La question principale à laquelle toute la communauté du Sport devra répondre : quelle gestion des acquis de la CAN2023 ?

La peine des amoureux du football en Côte d’Ivoire est indicible. Elle est compréhensible. Mais l’adage dit : « Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ». Le football ivoirien est convalescent. Les séquelles des crises et de l’élection de 2022 sont encore vivaces. La formation des jeunes n’est plus aussi aboutie que celle de l’ère Jean-Marc Guillou. Tout le monde forme ou bricole, tout le monde vend les joueurs. La fédération court après les joueurs expatriés. Les footballeurs locaux sont ainsi complexés et réduits à animer le stade Robert Champroux. La défaite est dure, mais elle ouvre les perspectives d’une remise en cause des postulats.