Mon yako filial à ma mère (Par Denis Kah Zion)

Mon yako filial à ma mère (Par Denis Kah Zion)

Henriette Bédié fait face avec dignité à la perte de son époux, l'ex-président ivoirien Henri Konan Bédié. Le parcours et l'hommage national rendu à cet homme d'État exceptionnel par Denis K. Zion.

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 1er-6-2024 (crocinfos.net)—Bomo Henriette Bédié très “ravagée”, mais digne dans la douleur.

C’est aujourd’hui, que la terre de Pèpressou accueillera et se refermera à jamais sur notre Père, le Président Henri Konan Bédié que le pays entier continue de pleurer pour longtemps encore. Le monde entier a exprimé sa compassion, l’Afrique a dit ses condoléances, les Ivoiriens dans leur ensemble ont marqué leur solidarité, les militants du PDCI-RDA ont démontré leur soutien aux populations de Daoukro, de Pèpressou, de Koukourandoumi…, mais, même ce grand élan national et international ne saurait éteindre la douleur qui est celle de notre Maman Henriette Konan Bédié. C’est aujourd’hui, que la séparation aura lieu et c’est à partir de ce soir que Maman sentira véritablement le vide que celui avec qui elle a vécu plus de 65 ans comme les deux faces d’une seule main.

Le vide qu’un homme comme le président Henri Konan Bédié laisse est incommensurable. Surtout quand, comme Maman Henriette Bédié l’a fait, vous avez partagé sa vie, avec la plus passionnante des complicités de la tendre enfance jusqu’à son rappel à Dieu. De la rencontre pour la première fois à Koukourandoumi en 1954 au dernier Gala de l’ONG Servir, en passant par le mariage en 1957 à Poitiers, par l’Ambassade de la Côte d’Ivoire aux Etats-Unis ; par le ministère de l’Economie ; par Washington à la Banque Mondiale ; par l’Assemblée Nationale et la Présidence de la République de Côte d’Ivoire ; par l’exil forcé à Paris, suite au coup d’Etat de décembre 1999 et le retour triomphal à Abidjan en octobre 2001 ; par les dîners de réconciliation entre les couples Bédié et Ouattara à la rue Beethoven à Paris en septembre 2004 puis à Mougins ; par les tournées à travers le pays entre 2007 et 2010…, Maman Henriette a toujours été cette femme complémentaire, conseillère, réconfortante, parfois même refuge et source d’inspiration pour le président Bédié. On se souvient que lors du troisième anniversaire de l’appel politique de Daoukro, le Président Bédié, “Le Sphinx”, lui rendait publiquement hommage: « Je ne peux terminer cette allocution sans adresser un mot spécial à mon épouse adorée, source d’inspiration intarissable. Son soutien constant depuis tant d’années, son amour, sa patience et sa compréhension ont fait de moi, l’homme que je suis devenu et je tiens à l’en remercier de tout cœur. Je vous invite à vous joindre à moi pour la saluer. Mme Bédié, ma biche royale, fais-moi l’honneur et le plaisir de me rejoindre ici », avait-il clamé. Oui, elle a été de tous le parcours du président Bédié. Oui, Maman Henriette Bédié a connu le pouvoir et le secret du palais présidentiel aux côtés de l’héritier d’Houphouët-Boigny, mais aussi l’exil, les frustrations, les humiliations et le stress aux côtés de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. « Vous savez, ils l’ont sous-estimé un petit peu quand même, parce que c’est la force tranquille, c’est quelqu’un qui parle très peu mais qui agit. D’où son nom “le sphinx” ! C’est un mari adorable, plein d’humour mais il parle peu », confiait-elle lors d’une interview accordée à RFI, il y a quelques années.

Au moment où “N’zuéba” quitte ainsi définitivement sa « biche royale » après 65 ans de vie de couple, le film de tout le parcours doit défiler dans la tête de Maman. Mais, comme elle l’a appris depuis des décennies, elle conjugue courage et dignité dans la douleur et face au monde… Elle est forte, très forte même. Parce qu’elle sait qu’une fois le père parti, la mère est la seule, vers qui les regards des enfants se tournent. Les militants du PDCI-RDA, fils et filles du président Bédié, ont le regard tourné vers Maman Henriette Bédié, en qui l’image du président se perpétue.

Maman Henriette Konan Bédié, croyante, tu l’as été et tu le demeureras, comme l’a été et le demeure à jamais le président Henri Konan Bédié, ta moitié. Alors, je suis à mon modeste niveau, celui qui feuillète pour sa mère, la Sainte Bible pour rappeler que la veuve, aux yeux du Seigneur est une priorité : (Jérémie 49 v. 11). « Quand, vers les tisons morts, tu courberas la tête, quand, au foyer éteint, tu seras seule un soir, Oh ! laisse pénétrer dans ton âme inquiète ce doux rayon divin, ce lumineux espoir il est, auprès de Dieu, des demeures, des places, et Jésus te prépare, en ce lieu de repos, le revoir attendu, dans l’éclat de sa face, après avoir vaincu la mort et le tombeau ! Dans sa course, ici-bas, la faible créature voit les vides se faire, et commence à gémir ; mais Dieu, qui les permit, dispense avec mesure les biens comme les maux et ne veut que bénir. Il calme doucement l’être qui se désole, il veut mettre le baume en ton cœur déchiré ; C’est lui qui te blessa, c’est lui qui te console ».

Le Président Bédié est allé vers le créateur, sa moitié reste, comme une référence auprès de ceux qu’il a tant aimés.

Yako, Yako, Maman, les militants du PDCI-RDA sont et seront avec toi ; la Côte d’Ivoire ne t’abandonnera pas.

DKZ

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