[Trois mois après le Covid-19] Le monde mène une guerre sans merci contre un ennemi invisible
-L’exemple Chinois partiellement appliqué
Depuis janvier 2020, les experts scientifiques du monde entier mènent une guerre scientifique contre le virus SARS-Cov-2 de la maladie à coronavirus (Covid-19), appuyés par des hommes en armes sur le terrain afin de respecter les mesures.
Début janvier 2020, la ville de Wuhan dans la province de Hubei (Chine), avec 67 800 cas d’infection recensés et 3 100 morts, a été déclarée l’épicentre de la pandémie Covid-19. C’est dans cette province que le coronavirus a muté pour la première fois pour infecter des humains. C’était le début d’une guerre sanitaire mondiale contre un ennemi invisible à l’œil nu qui allait mobiliser les experts scientifiques, les hommes en armes et les médias.
Dans une vidéo de plus de 7min, publiée le 20 mars, Dr Philippe Klein qui dirige une clinique internationale à Wuhan explique comment la Chine contrôle depuis le 19 mars. Selon lui, c’est ‘’avec beaucoup de discipline’’, ‘’avec courage’’, ‘’avec patience’’ et ‘’avec solidarité’’ que le pays a atteint ces résultats. « Le 23 janvier 2020, les autorités chinoises ont réagi en mettant en quarantaine 56 millions de personnes de la province de Hubei dans laquelle se trouve la ville de Wuhan », indique-t-il.
‘’Deux mesures radicales’’ comme solution
Au début, il s’agissait d’arrêter les transports en commun, les commerces, de fermer les gares et l’aéroport international ainsi que les frontières de la province. Fort heureusement, les écoles étaient déjà fermées depuis plus de deux semaines à cause des congés de la fête du Nouvel An chinois.
À la mi-février, ajoute-t-il, les autorités chinoises ont constaté que toutes ces mesures étaient insuffisantes parce que l’épidémie n’était pas contrôlée après trois semaines de quarantaine.
Elles (autorités chinoises) ont arrêté ‘’deux mesures radicales’’ qui, à l’en croire, ont changé le cours des choses et permis de contrôler en quatre semaines l’épidémie. Le ‘’confinement strict’’ des 56 millions d’habitants et la nécessité, l’obligation pour les personnes médicales de caractériser tous les cas de patients présentant le coronavirus. « C’est-à-dire, de sortir la population ne présentant pas le coronavirus de tous ceux qui étaient infectés de façon logique à arrêter l’épidémie », conseille-t-il.
Sur des critères essentiellement cliniques et scanographiques (car le coronavirus donne des pneumonies avec des images tout à fait caractéristiques au scanner thoracique), les médecins ont isolé les patients présentant le coronavirus et les patients au contact de ces sujets. « C’est ainsi que les sujets qui ne présentaient pas le virus, mais des formes graves, c’est-à-dire à peu près 15% des cas de ces sujets là ont été hospitalisés. Les 85% des sujets présentant des formes mineurs ont été placés en confinement, tous ensemble dans des stades. Et les sujets contacts ont été placés dans des hôtels », explique-t-il.
Ainsi, la courbe des infections de l’épidémie a connu un infléchissement à partir du 7 février avant d’être plate, parfaitement plate le 17 février. Pour preuve, le mercredi 19 mars 2020, le National Health Council annonçait plus de 57 000 guérisons et 6 992 cas encore actifs d’infection. De plus, de 2 000 infections par jour en janvier et fin février, Wuhan est passée à quelques centaines, puis quelques dizaines début mars.
La crise semble être passée à Wuhan, dans cette ville chinoise de 11 millions d’habitants. Depuis cinq jours, les habitants reprennent le cours de leur vie arrêtée après deux mois de confinement. Ils sont autorisés à reprendre le travail et les transports publics. En attendant la levée des restrictions par les autorités le 8 avril, « Les habitants de Wuhan considérés comme étant en bonne santé peuvent dorénavant se déplacer dans l’enceinte de la ville et prendre le bus ou le métro sur présentation de leur carte d’identité. Ils peuvent également retourner sur leur lieu de travail s’ils disposent d’un permis délivré par leur employeur. Enfin, ils sont même autorisés à quitter Wuhan pour se rendre dans d’autres parties de la province environnante du Hubei s’ils sont testés négatifs au Covid-19 et sont porteurs d’un certificat médical ».
Pour éviter que ce phénomène ne relance une épidémie largement endiguée en Chine, les autorités imposent une quarantaine de 14 jours à toute personne arrivant sur le sol chinois. Le lundi 23 mars, tous les vols internationaux à destination de Pékin sont déroutés vers d’autres aéroports chinois où des contrôles sanitaires renforcés sont en place. Seuls les passagers testés négatifs peuvent rejoindre la capitale, Beijing.
Un ennemi invisible qui tue les médecins
Après trois longs mois qui ont mobilisé des experts scientifiques et des chercheurs appuyés sur le terrain par des hommes en armes pour le contrôle de routine, la Chine peut crier victoire. Même s’il est trop tôt, les autorités chinoises ont maîtrisé la propagation du minuscule virus invisible à l’œil nu.
Le 23 mars 2020, l’OMS annonçait 340 000 confirmés à travers le monde. En Europe, l’Italie est devenue le foyer, l’épicentre de l’épidémie avec 793 personnes décédées en 24 h, soit 4 825 morts depuis l’apparition du covid-19. Le record mondial de morts liées au coronavirus détenu par l’Italie, premier foyer européen de la pandémie, s’explique par plusieurs facteurs, selon les scientifiques : moyenne d’âge élevée dans le pays, organisation sanitaire, mode de comptage des personnes contaminées et décédées.
La situation en Espagne s’aggrave aussi avec 1 326 nouveaux morts en 24 heures, soit 32% de morts en plus par rapport à la veille. La situation en Allemagne continue de s’aggraver également. Un nombre de cas plus élevé qu’en France, mais où l’on enregistre beaucoup moins de décès.
Face à cette guerre sanitaire inédite avec un ennemi inconnu et invisible, outre le personnel soignant, le gouvernement français a mobilisé 100 000 policiers et gendarmes pour faire respecter le confinement. Mais les différentes courbes ne se stabilisent pas comme en Chine.
Comme si le dispositif était défaillant, selon le confrère de l’express.fr, cinq médecins sont morts depuis ce week-end en France, frappés par le virus de l’épidémie de coronavirus. Généraliste de 70 ans, Mahen Ramloll, est mort dimanche 22 mars à l’hôpital de Colmar, selon le communiqué l’Agence régionale de santé (ARS). Olivier-Jacques Schneller, 68 ans, est quant à lui, décédé ce week-end à l’hôpital de Trévenans (Territoire-de-Belfort), a indiqué le maire de Couthenans, où il avait son cabinet. Jean-Jacques Razafindranazy, médecin urgentiste qui exerçait au CHU de Compiègne, dans l’Oise, et âgé de 68 ans, est mort samedi soir. Deux médecins originaires du Haut-Rhin et de Moselle sont également décédés ce week-end. À Mulhouse (Haut-Rhin), Jean-Marie Boegle, gynécologue-obstétricien de 66 ans, est mort ‘’des suites’’ du Covid-19, a indiqué dans un communiqué la clinique du Diaconat, où ce médecin exerçait ‘’depuis 35 ans’’.
Face au danger, L’OMS conseille au monde entier, le traitement de chaque cas suspect et l’isolement des cas contaminés.
L’inquiétude gagne l’Afrique
L’inquiétude gagne le continent africain qui, selon Tedros Adhanom Ghebreyesus, responsable de l’OMS Afrique, ‘’devrait se réveiller’’. Les experts de la santé avertissent que les systèmes de santé publique mis à rude épreuve en Afrique pourraient être rapidement débordés si le virus s’installait, en particulier dans les zones urbaines surpeuplées.
Le continent africain avec plus de 1620 cas de contamination par le virus, 53 décès et 72 guéris, se réveille (des chiffres pas exhaustifs). Le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont décrété un état d’urgence, l’Afrique du Sud, 21 jours de confinement.
La Côte d’Ivoire enregistre entre le 11 et le 22 mars 2020, 25 cas confirmés de COVID-19, deux guérisons et zéro décès. Dans une adresse à la nation, au journal télévisé de 20 heures, sur la chaîne de la télévision nationale ivoirienne, lundi 23 mars le président de la République, Alassane Ouattara, par ailleurs président du Conseil national de sécurité a arrêté des mesures.
Il a décrété l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire national en renforçant par 8 nouvelles dispositions le dispositif de prévention mis en place par le conseil national de sécurité, en plus des 13 mesures complémentaires arrêtées le 16 mars.
Les mesures se radicalisent avec l’état d’urgence, le couvre-feu nocturne et le confinement progressif. Le chef de l’État entend poursuivre les efforts pour maintenir les populations à l’abri de la contamination. « Nous allons renforcer le dispositif opérationnel de prévention et de prise en charge de la maladie à travers un plan de riposte national, d’un montant de 95 milliards 880 millions de FCFA, qui vise à briser la chaîne de transmission de la maladie, à garantir la meilleure prise en charge des malades, à isoler et à suivre les personnes qui ont été en contact avec ces malades », rassure-t-il.
Alassane Ouattara conseille la ‘’discipline’’, le ‘’courage’’ et le ‘’respect strict des mesures arrêtées’’ pour faire face au risque d’une propagation du Covid-19. « Même si la Chine vous semble très loin, même si les chinois vous semblent différents, il s’agit du même virus qui s’attaque de la même façon à tous les êtres humains », conseille Dr Philippe Klein.
La discipline, le courage et les mesures pour pallier les insuffisances du plateau sanitaire
Dans ce pays au sud du Sahara, selon les dernières statistiques de la Banque mondiale, qui remonte à 2006, le plateau sanitaire ivoirien dispose de 0,4 lit pour 1000 habitants. Ces lits d’hôpitaux comprennent les lits d’hospitalisation disponibles dans les hôpitaux publics, privés, généraux et spécialisés et les centres de réadaptation.
À cette équation déjà difficile à régler face à la guerre sanitaire qu’impose le virus s’ajoutent le manque de gants de protection, de masques, de gel…pour le personnel soignant sur toute l’étendue du territoire ivoirien.
Pour éviter au système de santé déjà dans la précarité d’être dépassé, le gouvernement s’accroche à des messages comme bouée de sauvetage pour demander aux Ivoiriens de respecter les gestes simples: le lavage régulier et soigneux des mains, la toux et l’éternuement dans un mouchoir en papier ou dans le pli du coude, l’utilisation des mouchoirs en papier à jeter dans une poubelle fermée. ‘’ Évitez autant que possible de vous toucher le visage avec les mains, évitez les poignées de mains, évitez les contacts rapprochés. Si vous êtes malade, restez chez vous’’, recommande formellement-t-il.
Chaque pays du monde mène la lutte contre l’épidémie à Covid-19, selon les mesures qu’il a arrêtées. Experts scientifiques, tradipraticiens, hommes en armes de dernière génération sont mobilisés, mais le virus progresse à une vitesse éclair et tue dans les hôpitaux ceux qui soignent les malades. « Toute mesure moins performante que celles appliquées en Chine entraînera un plus grand nombre de morts avec des conséquences économiques désastreuses dues à une épidémie plus longue dans le temps », prévient Dr Philippe Klein.
La vie reprend progressivement en Chine, au moment où le monde entier se met, partiellement à l’école de ce pays et lui tend la main.
Sériba Koné
kone.seriba67@gmail.com
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